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Rapport sur l’aide publique au développement : Des mots pour soigner nos maux

Poursuivre la lutte contre le terrorisme, principalement dans la zone sahélo-saharienne, et moderniser l’aide publique au développement ; s’il fallait ne retenir que les deux préoccupations majeures de la France en Afrique, ce seraient celles-là.

 

Préoccupations rappelées de nouveau à la conférence des ambassadeurs ouverte hier lundi 27 août par le président Emmanuel Macron. Un Macron qui  a rappelé que le Sahel demeure une zone d’action prioritaire pour l’Hexagone.

Il est vrai que depuis plus de cinq ans, quelque 4 000 soldats tricolores interviennent dans cette fameuse BSS (Bande sahélo-saharienne), où leur action « doit se poursuivre avec la même intensité », si l’on en croit ce qu’a dit devant un parterre de diplomates le chef suprême des armées françaises. Jupiter a renouvelé par ailleurs sa confiance à la force commune du G5 Sahel, même si sur place les populations concernées sont de plus en plus dubitatives sur son opérationnalité, surtout après l’attaque de son QG de Sévaré le 29 juin dernier qui a fait  au moins trois morts.

Qu’à cela ne tienne, le général Macron annonce pour les prochaines semaines et les prochains mois de nouvelles opérations à mener par cette armée transnationale.

Mais le beau parleur de l’Elysée a au moins raison sur une chose : tant que la Libye ne sera pas stabilisée, ce qui est loin d’être le cas malgré la médiation entreprise notamment par Paris pour concilier les différents protagonistes, il sera illusoire de penser que nos pays, qui subissent le contrecoup de la déflagration occasionnée par la chute brutale de Kadhafi, connaîtront de nouveau la paix et la sécurité.

Cette insécurité ambiante se nourrit aussi, il est vrai, du terreau de la pauvreté, voire de la misère, que se propose en principe d’éradiquer l’aide publique au développement (APD), objet d’un rapport du député LREM (La République en marche) Hervé Berville qui a été remis au chef de l’exécutif français à la faveur de cette conférence des ambassadeurs.

L’Afrique, faut-il le rappeler, est le premier bénéficiaire  de la solidarité hexagonale, mais l’APD gagnerait à être dépoussiérée au regard des problématiques nouvelles telles l’essor des sociétés civiles africaines, la crise migratoire, le réchauffement climatique  et le fameux dividende démographique.

Pour le moment, il ne s’agit que d’un rapport, autant dire de simples mots dont l’impact sur les maux qui minent le continent noir reste à vérifier, même si Paris a annoncé une progression de l’APD de l’ordre d’un milliard d’euros en 2019.Si l’on en croit le rapporteur Berville, il faut préparer « un pacte fondateur pour une relation Europe-Afrique du 21e siècle », d’où sa proposition de nommer un commissaire européen qui s’occuperait exclusivement de cette  question. Mais en réalité, ce n’est pas la première fois qu’une réforme du financement du développement est à l’ordre du jour. Des forums sur l’efficacité de l’aide ont été notamment  tenus à Rome en 2003, à Paris en 2005 et à Accra en 2007. Des  rencontres au sommet qui ont toujours abouti à des déclarations de bonnes intentions  sans résultat visible sur le terrain.

Reste donc à savoir si ce grand chantier de la modernisation de l’APD esquissé par le député LREM  aura cette fois l’onction présidentielle et surtout s’il permettra à des millions d’Africains laissés sur le bas-côté du développement  de sortir de la précarité.

Mais on aurait tort de penser que l’Hexagone s’apprête à injecter de l’argent frais sur le continent : la notion d’aide au développement est en effet un fourre-tout dans lequel on compte les financements de projets concrets, les annulations de dettes et même la scolarité des étudiants étrangers.

 

Hugues Richard Sama

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