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60 ans décès Ouezzin Coulibaly: Le fils du «Lion du RDA» s’en souvient

Il est l’un des acteurs politiques qui a marqué son époque et continue d’inspirer les nombreuses générations pour son engagement, son combat et les nombreux sacrifices consentis pour le respect de la dignité de l’homme noir et aussi pour l’indépendance du continent. Premier président de la république de Haute-Volta, actuel Burkina Faso, Daniel Ouezzin Coulibaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était sans conteste l’une des figures emblématiques de la politique de l’Afrique contemporaine et principalement celle de la sous-région ouest-africaine.  60 ans après sa mort, un hommage lui sera rendu ce week-end à travers un dépôt de gerbes sur sa tombe au cimetière municipal de Bobo et une conférence publique. Le professeur André Ouezzin Coulibaly, fils du défunt que nous avons rencontré, nous parle de son père et aussi de cette commémoration.

 

 

60 ans après la disparition du premier président de la Haute-Volta, quel souvenir gardez-vous aujourd’hui de votre père ?

 

Je garde le souvenir de l’homme politique actif qu’il a été. Il a commencé la politique en 1946, mais bien avant, il était déjà sur tous les fronts pour défendre la liberté, la dignité de l’homme noir à travers toute l’Afrique. De Dakar au Congo en passant par la Guinée, le Dahomey (Bénin), le Congo, le Niger, la Côte d’Ivoire et bien sûr la Haute-Volta (actuel Burkina Faso). C’est quelqu’un qui s’est considérablement investi pour la dignité et la liberté des Africains au moment où l’Afrique n’était toujours pas indépendante. C’est donc dire qu’il reste un valeureux combattant pour l’indépendance de l’Afrique.

 

Pensez-vous que son mérite reste reconnu par les Africains ?

 

Les gens sont unanimes que mon père menait un combat juste. A ce propos, je peux citer le professeur Joseph Ki-Zerbo, qui disait que Daniel Ouezzin Coulibaly était incontestablement l’une des plus grandes figures de la lutte anticoloniale.   Effectivement, il était secrétaire général du comité de coordination du RDA qui a été créé à Bamako. Et à ce titre, il a œuvré au Sénégal, en Guinée, au Dahomey, au Congo, au Tchad, au Niger, en Côte d’Ivoire et en Haute-Volta. Et tout ça, pour la libération de l’homme africain. C’est pourquoi des places publiques, des rues, des édifices publics portent son nom un peu partout sur le continent. En Côte d’Ivoire par exemple, il y  a une grande avenue qui porte son nom et ici à Bobo, il y a le Lycée Ouezzin-Coulibaly, le camp Ouezzin-Coulibaly, le boulevard Ouezzin-Coulibaly. Je pense qu’avec tout ça, on peut dire que l’Afrique a été reconnaissante à mon père.

 

Qu’est-ce qui vous a surtout marqué dans le parcours politique de votre père ?  

 

Vous savez qu’en Afrique, on a toujours fait les éloges du mort. J’ai été beaucoup marqué par les hommages faits à mon père par d’éminentes personnalités en France et en Afrique. Et moi, j’ai été très sensible à tout ce qui a été dit au cours des obsèques de mon père. Les oraisons funèbres ont été des plus émouvantes. Mais c’est à la sortie du cimetière après l’enterrement que quelqu’un s’est approché de moi, m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Ton père était un homme droit ». Des propos qui, à mon sens, ne faisaient que résumer tout ce que les gens ont dit dans les oraisons. Ce que je retiens de son parcours, c’est la droiture. C’est pourquoi nous voudrions que pour cette commémoration, les jeunes retiennent surtout le mot « droit ». On voit aujourd’hui que l’incivisme a pris de l’ampleur au Burkina. Et être droit, c’est bannir l’incivisme.

 

Pensez-vous que les héritiers politiques du RDA d’aujourd’hui  ont su poursuivre l’œuvre de votre père ?

  

Je ne saurais vous le dire. Les temps ont changé et l’Afrique d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Il appartient aux héritiers politiques du parti de dire s’ils sont sur la bonne voie ou s’ils en ont dévié. Alors s’ils ont dévié, c’est à eux de travailler à remettre le train sur les rails afin de poursuivre le combat pour l’égalité, la justice et la liberté si cher à mon père.

 

Quels seront les temps forts de ce 60e anniversaire prévu ce week-end à Bobo ?

 

Nous avons prévu un dépôt de gerbes au cimetière et aussi une messe d’action de grâces.Mais il y a également la conférence publique qui nous permettra de retracer le parcours politique de l’illustre disparu, de rappeler son idéal et les valeurs qu’il a toujours défendues. Nous avions déjà organisé  une conférence lors du 50e anniversaire et qui avait été brillamment animée par le président Gérard Kango Ouédraogo. C’est pourquoi nous invitons les jeunes à cette deuxième conférence afin qu’ils puissent mieux connaître l’homme, son parcours et les valeurs qu’il a toujours défendues.   

 

Un mot pour conclure ?

 

J’invite le public à s’associer à la famille pour la commémoration de ce soixantième anniversaire. Je sais qu’aujourd’hui très peu de gens l’ont connu de son vivant. Mais en parcourant l’histoire contemporaine de l’Afrique et du Burkina en particulier, ils ont appris à connaître l’homme et les actions qu’il a menées. J’invite par conséquent le public à se joindre à nous afin qu’ensemble nous puissions rendre un hommage bien mérité au père de l’indépendance de notre pays.

                                                       

Propos recueillis par

Jonas Apollinaire Kaboré

 

 

 

Programme de la commémoration

 

Vendredi 7 septembre 2018 à 17h : dépôt de gerbes au cimetière municipal face au camp Ouezzin Coulibaly

Samedi 8 septembre 2018 à 9h : conférence animée par le Pr André Ouezzin Coulibaly à la chambre de commerce. Thème : Combat pour l’Afrique. Président Daniel Ouezzin Coulibaly

Dimanche 9 septembre 2018 : messe d’action de grâces à la cathédrale Notre-Dame de Lourdes de Bobo à 8h 30.

 

 

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