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Présidentielle Cameroun : Drôle de campagne d’un candidat pas comme les autres

« 85 ans, 36 aux affaires et toujours sur la ligne de départ… dans des élections jouées d’avance », écrivions-nous dans notre parution de vendredi dernier parlant de Paul Biya et de l’ouverture de la campagne présidentielle au Cameroun.

 

 Eh bien, deux jours après l’ouverture officielle de la compétition électorale,  on assiste à une drôle de campagne de la part du président sortant : en effet, omniprésent sur les affiches, les spots audiovisuels et autres supports de messages de propagande, Paul Biya est physiquement absent sur le terrain de la campagne.

En vérité, cette absence physique n’est pas une surprise, l’homme ayant habitué le public à ces absences et à ces silences prolongés.  Cette stratégie de communiquer par les non-dits, de se faire désirer par l’inaction est comme une marque déposée estampillée Paul Biya, plus présent dans les avions et à l’étranger, de préférence en Europe, qu’au Cameroun. La présente campagne électorale n’a donc pas dérogé à ce sacro-saint principe du locataire du palais d’Etoudi : ne rien faire, ne rien dire et laisser agir et parler les seconds couteaux dans une orchestration qui sacralise le président-candidat en véritable gourou, superstar, qui parle  à ses adeptes et admirateurs, les électeurs camerounais, par l’intermédiaire de disciples dévots, les ministres et autres hauts fonctionnaires de l’Etat.

Alors qu’on se serait attendu, comme dans une campagne présidentielle normale, à un programme rédigé du candidat déclinant ses idéaux et ses ambitions pour le pays avec des  objectifs quantifiés et budgétisés, expliqués lors de rencontres avec les électeurs dans les différentes régions du pays, Paul Biya et les stratèges de son parti, le  Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (RDPC), ont installé cinq commissions à Yaoundé, sans directeur de campagne pour les coordonner. Et tant pis si les différents porte-parole  du président-candidat font dans la cacophonie ! Qu’il a raison, le directeur de la CRTV d’arguer que  « Paul Biya n’est pas un candidat comme les autres ». Et dans cette drôle de campagne, Il peut ne pas aller sur le terrain pour défendre son bilan et proposer un nouveau contrat de confiance avec le peuple camerounais, il est assuré d’un septième bail à la tête du Cameroun. Ainsi vont les républiques bananières où les élections, jouées d’avance, sont une formalité pour  les tout-puissants présidents à vie qui dorment, au propre comme au figuré, sous des lambris dorés à mille lieues des réalités de leur pays mais sont assurés d’être réélus. Paul Biya, après 36 ans de pouvoir, fait partie de ces derniers dinosaures d’homme d’Etat africain, à la limite des vestiges politiques, qui n’ont plus rien à proposer à leur peuple, règnent sans gouverner et n’ont plus d’autres objectifs que mourir au pouvoir ou d’entrer dans le livre Guinness des records pour leur longévité en tant que chef d’Etat. Cela vaut bien une comédie électorale dans une démocratie de façade où l’opposition s’échine à provoquer l’alternance mais au bout du compte, c’est le président sortant qui l’emporte.

Sauf improbable tremblement de terre, c’est ce scénario qui se joue au pied du mont Cameroun, et l’éternel Paul Biya y a un rôle de super star, à la fois absente et omniprésente sur la scène. Rendez-vous le 7 octobre prochain pour l’épilogue de ce scrutin sans enjeu.

 

Zéphirin Kpoda 

Dernière modification lemardi, 25 septembre 2018 22:47

Commentaires   

0 #1 article 37 25-09-2018 11:40
Le jour d'après l'insurrection se profile à l'horizon. Les dirigeants d’Afrique n'apprennent jamais des autres pays. Ils se contentent d'invoquer l'exception de chez eux pour se maintenir. Un Certain Blaise avait reconnu qu'un certain Mamadou TANJA fonçait droit dans le mur, alors que lui même fonçait dans un gouffre profond. La suite, on la connait. Pour le Cameroun, affaire à suivre. Tout peut arriver à tout moment. Que l'observateur observe bien.
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