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Grande assemblée générale du MPP : « L’opposition va rester dans l’opposition pendant 50 ans » (Paul Kaba Thiéba)

A la faveur de sa rentrée politique, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a tenu, le samedi 22 septembre 2018 à la maison du Peuple, une grande assemblée générale en présence de militants, de cadres du parti et du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, qui, en rappel, est membre depuis mars 2017 de son bureau politique national.

 

 

Le temps d’une matinée, la cour et la cuvette de la maison du Peuple ont viré à l’orange, colorées par les militants qui s’y sont bousculés avec les attributs du parti au pouvoir à l’occasion de la grande AG. L’événement, qui a réuni le tout-MPP, entre dans le cadre de sa rentrée politique, placée cette année sous le sceau sécuritaire.

Au son des vuvuzelas, l’invité spécial de cette rencontre, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a fait son entrée dans l’enceinte historique, accompagné de bonzes du parti, entre autres, le secrétaire exécutif national, Lassané Savadogo, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, ainsi que plusieurs ministres. Dans d’autres  circonstances cela aurait été un crime de lèse-majesté, mais le camarade Paul Kaba Thiéba a un rang protocolaire moins important que le président par intérim du parti, Simon Compaoré,  qui a eu le privilège d’être  annoncé en dernier, et avec plus d’entrain, par le maître de cérémonie.

« Surmonter le défi sécuritaire et réussir la mise en œuvre du PNDES dans l’unité et la discipline », c’est sous ce thème que se tient la rentrée du MPP. Mais l’essentiel de cette AG a consisté à envoyer des obus à l’opposition qui envisage de descendre dans la rue le 29 septembre prochain pour dénoncer l’« incompétence du régime ». L’honneur est revenu à Lassané Savadogo d’envoyer la première salve. Le secrétaire exécutif national critique les « surenchères langagières » du CFOP qui constitue, selon lui, un rassemblement de contradictions. « Les opposants sont des peintres surréalistes qui font de surcroît une peinture de mauvais goût. La réalité, c’est que le Burkina se construit, avance », a-t-il déclaré.

S’inspirant d’une célèbre allégorie pour enfant, il a indiqué que le pouvoir ne serait pas le corbeau de la fable de La Fontaine, qui, flatté par le renard (l’opposition), abandonnera son bien.  Mieux, a-t-il pronostiqué, « le MPP sera réélu en 2020, en 2025 et jusqu’en 2050 ». Le Premier ministre semble avoir vu la même chose dans sa boule de cristal : dans une rare envolée militante qu’on ne lui connaissait pas, on l’a vu crier MPP,  MPP jusqu’à s’essouffler. Il a prédit que «l’opposition va rester dans l’opposition pendant 50 ans». Le PM a défendu face à ses camarades le bilan du gouvernement que semblent vouloir passer par pertes et profits leurs adversaires : «Quand j’écoute l’opposition, je me demande si on est dans le même pays». Aux vendeurs de sommeil il jure qu’«il n’y a pas d’autres alternatives à la politique actuelle du gouvernement».  Le chef du gouvernement a égrené plusieurs réalisations dans différents domaines à mettre à son actif. Sur la question plus précise de l’hypothèque sécuritaire, Paul Kaba Thiéba a promis que : «Dans quelques mois, on ne parlera plus de terrorisme au Burkina». Tout en prenant bien soin néanmoins de préciser : «S’il plaît à Dieu». Dieu était d’ailleurs au rendez-vous à ce conclave : du prêche antiterroriste d’une hadja qui a arraché quelques larmes à certains au «pasteur» Simon Compaoré qui a commencé son sermon du jour  par une citation tirée du livre de l’Exode : «L’éternel combattra pour vous et vous garderez le silence».  Ce qui n’a pas empêché celui qui, à 66 ans, n’envisage pas de se retirer de la vie politique de donner quelques coups, en appuyant l’idée de l’audit du CFOP qui avait été émise par le président de Le Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo. Et ce pour savoir où passe l’argent que l’institution reçoit puisque les opposants sont les premiers à exiger des comptes des autres.  Simon Compaoré qui a aussi repris son thème favori depuis quelque temps, la déstabilisation du pays par les forces du Mal, a dénoncé cette «funeste entreprise» et assuré que «le Burkina ne va céder aucun centimètre carré de son territoire».

 

Bala dit ses quatre vérités

 

A ses camarades le président par intérim du MPP a donné quelques règles de vie commune que sont la cohésion, la discipline et le travail pour l’atteinte de résultats palpables par les populations. Nous ne voulons pas de ministres qui dorment ou qui vont au pas d’escargot», a-t-il lancé à l’auditoire qui comptait pas mal de titulaires de strapontins.

Un peu plutôt sur le pupitre, le PAN avait évoqué cette cuisine interne au parti dans l’allocution qu’il a tenue en mooré. Cultivant la singularité à tout point de vue, Alassane Bala Sakandé est arrivé à la maison du Peuple au volant de son véhicule et n’a  rejoint la cuvette qu’après avoir serré énormément de mains.

Devant  tout le gotha du parti au pouvoir, il  a tenu un  discours franc, car, a-t-il estimé, «la vérité, même si elle rougit les yeux, doit être dite». Et en l’occurrence, Bala  a appelé les siens à accepter la critique en leur sein et à bannir la complaisance dans la désignation des responsables des  structures déconcentrées du parti. Autre appel fort qui a fait se soulever les principaux concernés : «Je veux qu’ensemble nous nous occupions des jeunes et des femmes». Ce sont eux qui, selon le titulaire du perchoir, ont payé un lourd tribut pour que les autorités actuelles puissent se délecter aujourd’hui de leur fauteuil douillet. « N’oubliez jamais votre passé », a-t-il dit aux hauts responsables de sa famille politique. Une critique qu’il peut, à l’entendre, se permettre parce que «le MPP est un parti de démocratie et de liberté », «tout le contraire», a-t-il affirmé, «du CDP, où beaucoup étaient muselés».

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 25 septembre 2018 23:04

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