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G5 Sahel: Eternel pétard mouillé ?

Le G5 Sahel est de nouveau au centre des préoccupations à l’Assemblée générale des Nations unies.

En marge de sa 73e session, dont le débat général s’est ouvert avant-hier mardi 25 septembre 2018, se tient en effet une rencontre de haut niveau sur cette force conjointe de 5 000 hommes des armées du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.

Déjà en septembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, pour ne pas dire Jupiter, ainsi qu’on le surnomme, qui pousse le char sahélien de toutes ses forces, était parvenu à tenir un mini-sommet entre les chefs d’Etat concernés et les responsables onusiens.

Mais une année après, force est de reconnaître que la machine peine encore à atteindre le régime nécessaire à son déploiement alors que l’on assiste à une recrudescence des actes terroristes, principalement au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

En fin juin dernier, le QG du G5 Sahel à Sévaré (Mali) a été l’objet d’une attaque qui a causé la mort de trois personnes. Aussitôt, un procès en incompétence avait été instruit contre le commandant de cette task force, le général malien Didier Dacko, et son adjoint burkinabè, le colonel-major Yaya Séré, relevés, sur-le-champ, de leurs fonctions pour absence de résultats.

C’est à peine si, au-delà des deux officiers, les procureurs tchadien et mauritanien Idriss Déby et Mohamed Ould Abdelaziz, tous deux militaires de formation, ne chargeaient pas en creux leurs homologues des trois pays, tous trois des civils, qui ne seraient rien d’autre  que de mauvais fantassins. 

Pour autant, la valse des bérets et la nomination du général mauritanien à la tête du G5 Sahel n’ont pas encore permis de relancer la mécanique.

Depuis, l’on assiste à une sorte de glissement du foyer du péril sécuritaire du Mali vers le Burkina Faso où les terroristes font la navette entre le nord et l’est du Pays : ces derniers mois en effet, la partie orientale du Burkina Faso était devenue un véritable terrain miné puisqu’il ne se passait pas une semaine sans qu’un véhicule militaire saute sur un engin explosif improvisé.

Et maintenant que la zone est en voie de pacification à grand renfort de frappes aériennes sur des positions djihadistes, c’est le Nord qui est de nouveau la cible d’attaques terroristes : en effet, coup sur coup, trois agents de  la mine d’or d’Inata ont été enlevés samedi dernier ; le lendemain, des gendarmes, lancés à leur recherche, ont été victimes d’une embuscade qui a fait trois morts ; hier mercredi 26 septembre 2018, huit militaires ont perdu la vie après que leur véhicule a sauté sur une mine artisanale.

Plus que jamais donc, l’opérationnalisation du G5 Sahel est devenue une impérieuse nécessité.

Mais c’est à se demander si la rencontre de New York pourra enlever le grain de sable qui enraye la mécanique.

Car, un an après sa création, l’indispensable nerf de la guerre fait toujours défaut.

Certes, la table ronde des bailleurs de fonds avait permis l’annonce d’engagements à hauteur de  414 millions d’euros sous forme d’engagements. Mais plus d’un semestre après, ces promesses tardent à se réaliser.

La faute en partie à la multitude de donateurs et aux procédures de décaissement, différents d’un pays à l’autre.

Et si déjà pour le lancement on peine à réunir ces 400 malheureux millions d’euros, qu’en sera-t-il des fonds nécessaires à la pérennisation de l’opération ? 

Si on ajoute à tout cela le problème de coordination entre des armées aux modes de fonctionnement différents, on a bien peur que ce qui était au départ une idée généreuse ne soit en fin de compte qu’un pétard mouillé.

Alain Saint Robespierre

 

 

Dernière modification ledimanche, 30 septembre 2018 22:26

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