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Congrès du RDS : C’était tout simplement décoiffant !

Prévu pour être organisé à l’ABMAQ le samedi 6 octobre 2018, le 3e congrès du Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS) n’a pu s’y tenir. Suite à la farouche opposition des partisans du Boussouma, président d’honneur du parti, François Ouendlassida Ouédraogo, qui en est le président, n’a pu avoir accès à la salle. Finalement occupé par ceux qui en sont devenus les maîtres, l’endroit a servi à l’installation d’un comité de crise censé trouver une solution au risque de suspension du parti, même si le premier responsable du RDS ne l’entend pas de cette oreille, lui qui nous a annoncé que le congrès a bel et bien eu lieu.

 

 

Récit d’une journée mouvementée au cours de laquelle l’on ne savait finalement plus où donner de la tête.

Le spectacle à l’entrée de l’ABMAQ en ce samedi matin du 6 octobre 2018 pourrait paraître banal à celui qui n’était pas au fait de l’actualité politique chaude du moment : des véhicules stationnés, le parking à motos tout aussi achalandé et le devant du portail qui grouillait de monde. En rappel, le 7 juillet dernier, un conseil du RDS convoqué par François Ouendlassida Ouédraogo n’avait pu se tenir, empêché par l’arrivée d’une  dizaine de chefs coutumiers du Boussouma, accompagnés de leurs« dapobi » (Ndlr : gardes royaux) au grand dam des deux vigiles qui n’y pouvaient rien.

Cette fois-ci, pour le congrès à l’ABMAQ, des CRS ont été appelés en renfort. Au portail, ces derniers veillaient au grain. N’avaient pourtant accès à la cour que les chefs coutumiers et les reporters. Etrange pour un congrès !  Une fois dans l’enceinte, l’on constate que les notabilités coutumières du ressort du Boussouma étaient en groupe compact et ont pris place dans ce qui tient lieu de garage. Le ton monte. La raison de cela, la police aurait reçu pour consigne d’attendre l’arrivée du comité d’organisation pour filtrer les entrées et qu’il y en a qui ne seraient pas autorisés à avoir accès à la salle. «Pour quelles raisons empêcherait-on quelqu’un de participer au congrès du parti ? Le parti n’est pas une entreprise privée », s’emporte un dignitaire. « Tout le monde entre ou personne n’entre ; pas même le président du parti », prévient un autre. « Si quelqu’un le laisse entrer dans cette cour, quelque chose va lui arriver », menace un autre chef coutumier, s’adressant  surtout aux nombreux sujets amassés derrière le portail.

L’ambiance était électrique. Certains nous font même remarquer que nous (les journalistes) ne sommes pas les bienvenus. Curieux pour des représentants de médias qui ont leur demande de couverture médiatique en main. Reste peut-être à savoir qui l’a rédigée. « Si vous filmez, c’est à vos risques et périls », nous préviendra quelqu’un, apparemment de la tendance  Ouendlassida Ouédraogo. Les chefs traditionnels le recadrent  violemment, lui faisant remarquer que c’est ceux qui ne veulent pas de la vérité qui empêchent les journalistes de relayer l’information. Quelques instant après, le président du RDS arrive dans l’allée, jaillit de son véhicule et se dirige à pas rapides et déterminés vers l’entrée. A peine a-t-il mis un pied dans l’enceinte que des bras vigoureux le saisissent de toutes parts, l’empêchant d’aller plus loin. De tiraillements en tiraillements, il est mis à terre devant le regard impuissant des policiers qui ont pu finalement le sortir de la meute.

«Le congrès a été convoqué sur de fausses bases. Beaucoup de cadres du parti ont appris la tenue du congrès dans la presse…Il n’en a même pas informé le Boussouma.

Du reste, chaque fois qu’il daigne informer d’une rencontre, c’est par SMS. Lui, il représente quoi sans le Boussouma…Tout le monde sait que le parti, c’est le Boussouma. Même chez lui, il ne représente rien ; dans sa zone,  il n’a que deux ou trois conseillers, alors que le parti en a 70. Peut-on exclure des gens d’un parti sans un congrès, comme s’il s’agissait de ton entreprise ? Même le maire de Boussouma, qui est le secrétaire général du parti,  est interdit d’accès. Il nous a traités de voyous dans la presse. Nous allons nous comporter en voyous avec lui. Qu’il aille voir le  Boussouma ». Tels sont, entre autres, les arguments égrenés de part et d’autre, surtout du côté des notabilités pour justifier le mouvement d’humeur.

Finalement, les agents de sécurité ont pu exfiltrer le président du parti. A bord de …  leur véhicule d’intervention, ils l’ont amené pour, selon des sources, rencontrer le ministre de l’Administration territoriale. Toujours est-il qu’il n’est plus revenu à l’ABMAQ. Ironie du sort pour celui qui, avec d’autres cadres du parti, ont organisé l’événement, c’est dans la salle qu’ils avaient décorée pour l’occasion que les « insurgés » ont tenu une rencontre et mis en place un comité de crise dirigé par l’édile de Boussouma, Karim Ouédraogo, et dont la mission est de convoquer un autre congrès, dans deux mois au plus tard. Cette installation  du comité de crise a été arrosée par les boissons et les mets du service traiteur qui avait été sollicité par … les organisateurs du congrès.

 

Issa K. Barry

 

François Ouendlassida Ouédraogo

« Le Congrès a bel et bien eu lieu ! »

 

François Ouendlassida Ouédraogo, le jusque-là président du RDS, que nous avons par la suite joint,  nous a fait remarquer ceci : « Le congrès a bel et bien eu lieu. Savez-vous pourquoi ils mettent les chefs coutumiers toujours devant ? C’est parce qu’ils savent que nous n’allons jamais nous en prendre à eux. Après les incidents à l’ABMAQ, nous avons organisé le congrès dans un autre endroit que nous ne tenons pas pour le moment à divulguer. C’était en présence de 10 sections sur les 12 que compte le parti ; c’est dire que les délégués sont venus de partout. Comment peuvent-ils mettre en place un comité de crise alors qu’ils n’ont pas la direction du parti ?  La crise, c’est eux-mêmes qui l’ont créée. Tout ce qu’ils ont pu faire, c’est de piller le service traiteur que nous avions envoyé pour les participants.

Dernière modification lemardi, 09 octobre 2018 16:54

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