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Louise Mushikiwabo, nouvelle SG : L’OIF face à ses propres contradictions

Encore quelques heures et  les lampions du 17e sommet  de l’OIF vont s’éteindre à Erevan, la capitale de l’Arménie. Le huis clos des 54 chefs de délégation des pays membres, prévu pour cet après-midi en vue d’entériner,  par une élection qui devrait être une formalité, la désignation de la cheffe de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo, au poste de secrétaire générale de l’Organisation sera l’épilogue de cette messe francophone.

 

Si cette 17e rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF devait laisser des traces dans l’histoire de l’Organisation, on retiendrait les ambitions inassouvies de la Canadienne  Michaëlle Jean à briguer un second mandat à la tête de l’institution et le surprenant consensus qui s’est fait autour de la candidate rwandaise. Adoubée successivement par la France, l’Union africaine, le Canada puis le Québec, Louise Mushikiwabo va accéder à cette importante fonction sans avoir beaucoup bataillé. Tout  le contraire de sa challengeuse qui s’est époumonée à convaincre qu’elle avait le meilleur profil pour la fonction et que l’idéal francophone devait être au-dessus « des petits  arrangements  entre Etats ». Peine perdue ! Son bilan à la tête de l’OIF a été jugé d’un poids plume devant les énormes enjeux de l’entente cordiale entre les deux poids lourds de la francophonie : la France et le Canada.

Michaëlle Jean aura eu le mérite de la combativité pour renouveler son bail au 19-21 avenue Bosquet dans le 7e Arrondissement de Paris, mais elle a complètement manqué de langage diplomatique dans son allocution à l’ouverture de ce 17e sommet en y glissant des piques  à l’adresse des Macron, Trudeau et Kagamé. Chose qui fait dire que ses adieux à la direction de l’OIF ont rimé avec dépit, à la limite du diplomatiquement correct. On peut  comprendre, sans pour autant excuser cela, que sa passion à servir l’OIF noie  l’humilité à reconnaître ses limites. Ainsi, alors qu’on se serait attendu à ce que, face aux gentillesses à son égard dites aussi bien par Emmanuel Macron que Jean Trudeau pour la remercier de ses bons et loyaux services à la tête de la Francophonie, elle leur rende la politesse des remerciements circonstanciels pour l’appui dont elle a bénéficié pour mener à bien sa mission. Que nenni !  Elle s’est montrée incisive dans les critiques de l’OIF, allant jusqu’à déclarer qu’«  une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde… Sommes-nous prêts à affronter les grands enjeux... De quel côté de l'histoire voulons-nous être ? » Voilà pour les leçons de morale politique ! Pour ce qui est du thème de ce 17e sommet, « la langue française comme facteur de vivre ensemble », il faudra repasser.

En attendant, Louise Mushikiwabo, le successeur attendu de Michaëlle Jean, devra avoir de la poigne face au  non respect des libertés démocratiques, de la bonne gouvernance, à la montée des replis nationalistes, au terrorisme, aux inégalités liées au genre, bref tous les problèmes sociopolitiques auxquels font face les pays de l’OIF. C’est connu, au-delà de la langue et des valeurs culturelles, la promotion des droits de l’homme et du progrès économique pour une prospérité partagée est un objectif  stratégique de l’OIF.

On attend donc de voir Madame Mushikiwabo à l’œuvre quand des prédateurs de ces valeurs  démocratiques, comme Paul Kagamé, continueront dans leurs mauvaises habitudes d’embastiller  leurs opposants  et les défenseurs de droits de l’homme. Espérerons qu’à ce moment, les dirigeants de l’OIF ne regretteront pas leur choix et que les  adieux aux accents de dépit de Michaëlle Jean n’auront pas été prémonitoires de l’incapacité de son successeur à relever les grands défis de la Francophonie dans un environnement mondial difficile.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 14 octobre 2018 18:34

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