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Rapport sur les groupes d’autodéfense : 90% de la population approuvent les Koglweogo

Dans le cadre de la promotion de la sécurité  mise en oeuvre par les communautés, l’Association pour la sécurité humaine en Afrique (ASHA) a procédé le samedi 13 octobre à Ouagadougou à la présentation d’un rapport d’enquête sur les Koglweogo. Ledit document, qui révèle les opinions de divers acteurs fait des propositions concrètes visant à contrer la montée des extrémismes et des peurs.

 

Pour la présentation dans la salle de l’Institut supérieur  de la sécurité humaine (ISSH), se sont retrouvés, entre autres, des représentants du corps diplomatique chargés de la sécurité, des officiers des Forces de défense et de sécurité (FDS), ainsi qu’un des chefs Koglweogo venus de l’est du Burkina.

L’ASHA a été créée en 2016 et a pour objet de faire de l’Afrique en général et du Burkina Faso en particulier un espace garantissant la sécurité humaine et favorisant un développement centré sur l’être humain. Dans son costume sombre à col Mao et ses lunettes d’intellectuel débarqué tout droit de la Sorbonne, Zakaria Tiemtoré, président de l’ASHA, a présenté le rapport en indiquant que l’enquête a été conduite auprès des populations des régions de l’Est, des Hauts-Bassins, du Centre-Ouest et du Centre, qui apparaissent comme les zones où l’on note une plus grande concentration des groupes d’autodéfense. Il a rappelé que les attentats de janvier 2016 à Ouagadougou et les nombreuses autres attaques qui ont suivi ont consacré le début d’une période d’insécurité presque chronique dans le pays. Aujourd’hui, cette situation met à rude épreuve la sécurité humaine dans son ensemble au moment même où l’Etat semble avoir perdu sa capacité à protéger les populations. Ce sentiment d’insécurité et de vide laissé par l’Etat a poussé les populations à s’auto-protéger, voire à prendre le relais des forces de sécurité à travers la création de structures dotées d’armes ». Et d’ajouter : « Les plus emblématiques, les Koglweogo, se sont rapidement fait connaître des populations par des actes de représailles contre des individus jugés dangereux pour la sécurité desdites populations. Dans un Etat de droit, nul ne doit se faire justice. Cependant, quelle doit être l’attitude des populations lorsqu’elles ont le sentiment que l’Etat n’arrive plus à assurer leur sécurité ?»

 

Des Koglweogo décriés ou applaudis

 

Le rapport note que les Koglweogo, applaudis ou décriés, font désormais partie du paysage sociopolitique et sécuritaire du Burkina Faso et que leur existence étant un fait avéré, il est bon d’appréhender le niveau d’acceptation de cette forme d’organisation par les populations. Au total, ce sont 826 personnes qui ont été interrogées par une équipe de six enquêteurs dans la région du Centre et  une autre de trois enquêteurs dans les trois autres régions. Les résultats de l’enquête montrent que, malgré des avis partagés, les populations approuvent en majorité l’existence des Koglweogo. Les personnes favorables à leur existence estiment que ces groupes d’autodéfense ont un rôle important à jouer dans la sécurisation des populations. Pour elles, la question de la légitimité de ces forces ne se pose pas car ces groupes ont comblé un vide sécuritaire important laissé par l’État. Le rapport indique que 90% des enquêtés affirment être partiellement ou totalement en accord avec l’action des dispositifs communautaires de sécurité. L’analyse des données par région relève que les populations du Centre sont celles qui affirment le plus être en accord (92%) avec la mise en place des Koglweogo, contre 79% au Centre-Ouest, 81% à l’Est et 81% dans les Hauts-Bassins. L’enquête montre également que les populations ressentent une proximité identitaire avec ces groupes de sécurité parce que leurs membres sont issus en majorité de la communauté. Toutefois, les populations pointent du doigt quelques aspects négatifs de l’action des koglweogo tels que le racket, les amendes exorbitantes, les violations des droits de l’Homme dont les sévices, les tortures et autres traitements inhumains et dégradants.

Avant de conclure, Zacharia Tiemtoré a formulé quelques recommandations, contenues dans le rapport, à l’endroit du gouvernement, des Koglweogo ainsi que des populations urbaines et rurales. Il invite, entre autres, le gouvernement à encourager l’initiative des Koglweogo et des autres groupes communautaires de sécurité en les aidant à se structurer et à former leurs membres ; à répertorier et enregistrer officiellement les Koglweogo et les autres structures communautaires de sécurité en tant qu’agents de sécurité (en lien avec la police de proximité)  et à verser une subvention annuelle pour contribuer au bon fonctionnement de ces structures. Yeni Timbangou, ancien préfet et fondateur d’un influent  groupe Koglweogo à l’Est, a affirmé que la semaine dernière, des représentants des forces françaises Barkhane ont approché son association pour du renseignement. Selon lui, le partage d’informations directement, sans l’entremise de la gendarmerie, exposerait les membres de sa structure à des représailles de la part des terroristes.

 

Dieudonné Ouédraogo

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