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Mali : Un pacte pour désensabler l’accord d’Alger

Le gouvernement malien et l’Organisation des Nations unies ont signé ce mardi 16 octobre 2018 un «Pacte pour la paix» dont l’idée avait été évoquée en juin dernier par le Conseil de sécurité et entérinée lors de la 73e assemblée générale qui s’est ouverte le 18 septembre dernier à New York.

 

Deux petites pages pour tenter de désensabler l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ; et un troisième feuillet qui se charge d’y associer la Coordination des mouvements de l’Azawad et les progouvernementaux de la plateforme.

Ce nouvel arrangement politique permettra-t-il vraiment de relancer l’accord d’Alger, laborieusement conclu en juin 2015 après de longs mois de négociations et de tractations parfois souterraines ? On peut raisonnablement en douter : en effet, l’encre qui a servi à coucher l’entente historique sur papier n’avait pas encore séché que des parties signataires mettaient déjà des bâtons dans les roues d’une machine déjà bien poussive, faisant parfois dans la duplicité, certains protagonistes s’étant même révélés être des supplétifs des nombreux groupes terroristes qui ont fait main basse sur le nord et le centre du Mali, s’investissant dans de nombreuses activités criminelles comme les trafics de cigarettes, de carburant, de drogue et même d’êtres humains.

Tant et si bien qu’en août dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies avait prolongé d’une année le régime général de sanctions visant le Mali, suite à la publication du rapport d’experts indépendants qui mettaient en cause les leaders de certains groupes armés impliqués dans des actes de terrorisme ou autres entravant la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Leur état d’esprit aurait-il changé au point de donner des chances de réussite au nouveau pacte qui vient à peine d’être conclu ? Il faut l’espérer sinon ce ne sera qu’un traité, un accord de plus. Un ensemble de paperasses qui, comme les précédents, fera l’effet d’un coup d’épée dans l’eau.

En tout cas, trois ans après sa signature en grande pompe et devant les caméras du monde entier, l’accord qui à lui seul reflétait tous les espoirs de paix des Maliens semble aujourd’hui s’enliser de plus en plus dans les sables du désert.

Et avec le temps, les choses sont loin de s’arranger. Les attaques se multiplient et l’insécurité dans le nord et le centre du pays demeure grandissante. Pourtant. Et si l’on voulait une preuve supplémentaire de cet état de fait, il suffirait de s’arrêter au village de Telly, vers Tenenkou. La semaine dernière encore, le Premier ministre, Soumeilou Boubeye Maiga, était en visite non loin de là, dans le centre du pays. Et à peine avait-il tourné les talons que 11 civils y étaient tués, assassinés. Et ce qui rend la situation encore plus inextricable, c’est qu’aux problèmes Touareg et au péril djihadiste se sont greffés depuis quelques années des affrontements intercommunautaires. Et il faudra bien plus qu’un pacte pour retrouver un semblant de paix dans le grand Mali.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 17 octobre 2018 17:07

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