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Guinée : Le projectile de la discorde

« La dernière fois je vous ai dit qu’il (Alpha condé ndlr) avait ordonné de m’assassiner. Voilà la preuve la plus éloquente. Regardez le pare-brise ! » Voilà ce qu’a affirmé le chef de file de l’opposition guinéenne hier mardi 23 octobre 2018. Et pour enfoncer le clou, Cellou Dalein Diallo a précisé, geste à l’appui : « Les gendarmes ont visé et ils ont tiré. Mon chauffeur est blessé. »

 

L’incident se serait produit en fin de matinée, alors que le chef de file de l’opposition et quelques-uns de ses proches tentaient de rallier le point de rassemblement pour une marche interdite par le pouvoir. Toujours selon le leader de l’UFDG, son cortège a été stoppé par des éléments des forces de l’ordre qui auraient tiré sur son véhicule. La balle a traversé l’habitacle et les bris de verre ont blessé le chauffeur.

« Faux », réplique le gouvernement par la voix ministre de la Communication, Amara Sonparé, qui estime pour sa part qui si un projectile a bien traversé le pare-brise du véhicule du chef de file de l’opposition, il ne pouvait s’agir que d’une pierre comme toutes celles lancées par les manifestants, les gendarmes n’étant équipés que de matériel conventionnel de maintien de l’ordre.

Un fait grave, deux versions. Laquelle croire ?  A moins que les événements de ce 23 octobre à Conakry n’aient été le fait de pêcheurs en eaux troubles qui, pour des raisons inavouables, s’ingénient à jeter de l’huile sur le feu. On se souvient que pas plus tard que la semaine dernière, un jeune homme avait été tué par balle en marge de la journée ville morte organisée par l’opposition. Là aussi, les forces de l’ordre avaient été pointées du doigt.

Néanmoins, et sans pour autant être un expert en balistique, il faut bien reconnaître qu’à voir les images du véhicule publiées sur les réseaux sociaux, il est difficile de croire qu’un simple caillou ait pu transpercer de la sorte le verre feuilleté d’un pare-brise, à moins qu’il ait été lancé par une force herculéenne ou catapulté à très grande vitesse.

Reste à espérer que le pouvoir guinéen ne se contentera pas d’un démenti comme il vient de le faire, mais qu’il mettra en place dans les plus brefs délais une commission indépendante chargée d’élucider les circonstances de l’événement que l’opposition considère déjà comme une « tentative d’assassinat » qui intervient dans un contexte de vive tension politique.

En effet, huit mois après la tenue d’élections communales contestées marquées par une longue crise postélectorale qui a abouti à la signature, le 8 août dernier, d’un accord sur la gestion consensuelle de 12 communes litigieuses. Un semblant de retour à la normale qui sera de courte durée car l’opposition accuse le pouvoir de ne pas respecter ses engagements et, pire, de corrompre ses conseillers pour s’assurer un maximum de mairies acquises.

Un climat de plus en plus délétère qui risque fort de s’exacerber. Le pouvoir guinéen gagnerait donc  à s’assurer que la lumière soit rapidement faite sur la nature de ce mystérieux projectile, capable de faire voler en éclats ce qui reste de l’accord du 8 août.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 24 octobre 2018 20:51

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