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RDC : Quand la machine à voter divise l’opposition

 

A moins de deux mois de l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 en RDC, il y a comme du gaz dans le front de l’opposition congolaise. Les derniers signes de fissures de ce front se sont fait jour à l’occasion des marches organisées ce 26 octobre pour dénoncer l’utilisation des machines à voter lors du scrutin présidentiel à venir. Alors que, pour l’une des rares fois, le pouvoir avait fait profil bas et autorisait les manifestations dans plusieurs villes du pays, les opposants faisaient apparaître au grand jour leurs désaccords sur cette question des machines à voter.

En effet, l’UDPS de Félix Tshisekedi a publiquement refusé de se joindre aux marches, confirmant son intention de ne plus faire de fixation sur les fameuses machines à voter, considérées par l’opposition comme un cheval de Troie de la tricherie que veulent introduire Joseph Kabila et ses partisans au cœur des opérations de vote. De fait, l’UDPS, qui était vent debout contre ces machines, a brusquement ramolli ses critiques, ne faisant plus de leur retrait la condition sine qua non de sa participation aux élections. Ainsi son secrétaire général a-t-il ouvertement dénoncé l’initiative de la marche des autres partis de l’opposition, la jugeant inopportune avec des objectifs obscurs et destinée à défendre des individus plutôt que les intérêts du peuple congolais.

Ce cavalier seul de l’UDPS a quelque peu irrité les militants des autres partis de l’opposition, d’autant plus qu’on sait que quelques jours auparavant, son secrétaire général, décidément en verve pour marquer la différence de son parti avec les autres, accusait certains de ses pairs d’être des opposants de la 25e heure qui ont longtemps pactisé avec le pouvoir en place, voyageant dans des jets privés, buvant le champagne sous des lambris dorés aux bons soins de la présidence congolaise. Cette attitude de l’UDPS a fait dire à Vital  Kamerhe, un des poids lourds de l’opposition, que celle-ci est «une famille qui a des petits problèmes et notre idée, c’est de montrer qu’on peut surmonter ces problèmes au lieu d’allumer le feu».

Qu’il a raison, Vital Kamerhe de plaider pour que les opposants congolais mettent en avant ce qui les unit au lieu d’aggraver leurs divergences  sur des questions de détails ! Félix Tshisekedi a-t-il compris le danger à fissurer le front de cette opposition congolaise ? En tout cas dans un twitt au soir du 26 octobre, il a fortement nuancé le point de vue de son secrétaire général sur la marche contre les machines à voter en écrivant : «Bravo aux amis de l’opposition pour les marches organisées… je rappelle le devoir de relever ensemble les défis de la candidature commune, du fichier corrompu et de la machine à voter. Restons unis pour le Congo».

Voilà qui est politiquement plus adroit que les invectives de stigmatisation des autres opposants. Mais en politique, des paroles aux actes il y a souvent un grand fossé et l’on est habitué aux incongruités des oppositions africaines qui s’échinent à unir leurs forces pour revendiquer des élections équitables et l’alternance mais qui, aux échéances des scrutins, se divisent face au parti au pouvoir. Hélas, c’est à croire que face à la ferme volonté du gouvernement de Joseph Kabila d’introduire la machine à voter pour le scrutin présidentiel annoncé, le front de ses opposants présente de visibles fissures en attendant que les difficultés à présenter un candidat commun achèvent  de le diviser.

En attendant, c’est le Front commun pour le Congo, la mouvance présidentielle, qui se frotte les mains, lui qui, samedi dernier, a fait stade comble à Kinshasa lors de la présentation officielle de son candidat, Emmanuel Shadary, à ses militants et aux populations. L’opposition qui se divise, le pouvoir qui resserre les rangs de ses partisans, ainsi s’amenuisent les chances de  l’alternance.

 

La rédaction

Dernière modification lemardi, 30 octobre 2018 00:32

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