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Centenaire de la Première Guerre mondiale : Les « Tirailleurs sénégalais » payés en monnaie de singe

Ce fut la balle qui a vraiment mis le feu aux poudres : celle tirée par le nationaliste serbe de Bosnie Gravilo Princip sur l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo. Ce coup de feu déclencha la Première Guerre mondiale.

 

Quatre horribles années et 18,5 millions de morts après, la « Grande Guerre », comme on l’appelait,  prenait officiellement fin dans le wagon-restaurant du train d’état-major du maréchal Foch dans les clairières de Rethondes en France avec la signature de l’Armistice le 11 novembre 1918.

Cent ans après, les anciens ennemis franco-allemands sont devenus le moteur de la construction européenne, et c’est bras-dessus, bras-dessous qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel ont commémoré hier dimanche 11 novembre à Paris le centenaire du mémorable cessez-le-feu.

Y étaient également présents  quelque  soixante-dix chefs d’Etat et de gouvernement dont  le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahiale, le  président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, Alpha Condé de la Guinée, le Nigérien,  Mahamadou Issoufou, le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (dont le grand-père mourut en 1916 lors de la bataille de Verdun en France), Denis Sassou-Nguesso du Congo, le Tchadien Idriss Déby Itno, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et le président sénégalais, Macky Sall.

Cette commémoration sera aussi marquée par la tenue d’un « Forum sur la paix », comme pour conjurer à jamais pareille déflagration mondiale ; malheureusement ni l’Armistice du 11 novembre 1918 ni le Traité de paix signé le 28 juin 1919 à Versailles ne parviendront pas à instaurer définitivement la paix puisque vingt ans seulement après, c’était reparti de plus belle avec Seconde Guerre mondiale.

A l’image des dirigeants africains qui ont massivement effectué le déplacement à Paris, nombreux furent les soldats du continent à avoir été embarqués dans cette guerre qui n’était vraiment pas la leur. Une participation qui s’est manifestée sur deux théâtres d’opération :

d’abord sur le sol africain avec les askaris (soldats de l’empire colonial allemand), la Force publique belge du Congo, les kings africans rifles, régiment colonial britannique, ou encore les fameux « Tirailleurs sénégalais » dont le premier corps fut constitué en réalité en 1857.

Il faut dire que l’Afrique était un enjeu géostratégique mais aussi économique avec les importantes ressources minières dont elle regorgeait ;

ensuite au cœur même du chaudron européen où plus de 400 000 soldats des colonies françaises furent envoyés au front dont 172, pour la seule Algérie, 100 000 Tunisiens, 40 000 malgaches, des Voltaïques (Burkinabé), des Nigériens, des Ivoiriens, des Maliens et des Tchadiens.

Quelque quarante-cinq mille d’entre eux moururent ou disparurent sur le Chemin des Dames, à Verdun ou dans les Dardanelles.

Hélas, cent ans après, force est de reconnaître que la dette de sang, qui s’est alourdie avec la Deuxième Guerre mondiale, faute de pouvoir être payée à sa juste valeur,  n’a jamais été reconnue à la hauteur du sacrifice des Africains.

Parmi les plus grandes injustices faites aux troupes noires et à tous les autres anciens combattants revenus plus tard des campagnes d’Indochine ou d’Algérie, il y a la lancinante question des pensions.

C’est que, si les soldats africains et européens étaient égaux devant la mort, la souffrance et la peur durant le conflit, ils ne le seront plus une fois le concert de la canonnière terminé. Les premiers n’auront pas les mêmes droits, les réparations et les mêmes égards mémoriels que les seconds.

Certes après de longues décennies d’un véritable parcours du combattant, la mesure de décristallisation d’une partie des pensions  de cette garde noire a fini par être prise en 2006.  Et il a fallu attendre quatre autres années pour qu’intervienne leur décristallisation complète avec effet à partir du 1er janvier 2011. Bien après donc que le gros de la troupe ne soit plus en vie pour bénéficier de cet acte de réparation.

Et que dire de cette discrimination mémorielle qui continue de frapper les combattants africains de la « Grande Guerre » comme par exemple l’absence de monument portant leurs noms ou le fait qu’ils aient été ignorés dans la reconstitution du visage du « soldat inconnu » ?

Un siècle après, ce sont leurs descendants qui ont du mal à se rendre sur un continent que leurs grands-pères et arrière-grands-pères ont sué sang et eau pour  libérer.

Ce centenaire est célébré au moment où, ici et là, on assiste à une résurgence des nationalismes et du repli identitaire avec la montée ou l’arrivée au pouvoir des extrêmes droites en Europe que ce soit en Hollande, en Allemagne, en Italie, en France ou en Autriche.

Tout se passe comme si les grandes brûlures de l’histoire n’avaient pas servi de leçons.

La Rédaction  

Dernière modification lelundi, 12 novembre 2018 22:22

Commentaires   

0 #1 Nidale 12-11-2018 07:39
Cette façon de voir les choses nous maintient dans un sous-développem ent mental. Primo: Dites- moi sur la base de quel contrat les africains sont allés au combat pour qu'on puisse parler aujourd'hui de dette? La France a prélevé de force les bras valides de ses colonies! secundo: Est-ce que l'africain lui-même sait ce qu'est un devoir de mémoire? voyez vous-même les contenus des cours d'histoire et de nos écrans télé. Au lieu de nous plaindre que nous sommes oubliés, commençons par reconnaitre que nous mêmes nous nous sommes oubliés! la France n'a pas interdit au pays africains de bâtir des monuments à la mémoire des soldats africains en Afrique, et nos chefs d'Etas préfèrent eux, aller soutenir le blanc dans sa commémoration partielle. Apprenons à reconnaitre notre part de responsabilité si nous voulons évoluer. Merci
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