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Procès Laurent Gbagbo : La défense marque des points

C’est une partie décisive qui se joue depuis lundi pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis durant la crise postélectorale 2010-2011.

 

En même temps que Charles Blé Goudé, son ancien ministre de la Jeunesse, Laurent Gbagbo, dont le procès a débuté en janvier 2016, a en effet été autorisé à plaider l’acquittement. Et ses avocats ne s’en sont pas privés, eux qui tentent de démonter pièce par pièce le dossier ficelé par le procureur Fatou Bensouda et son équipe, lequel présente de nombreuses failles et anomalies et même l’absence de preuves concrètes  démontrant de façon indubitable que l’ex-chef de l’Etat ivoirien et son entourage ont planifié et exécuté un plan pour se maintenir au pouvoir en usant de la violence après la présidentielle contestée d’octobre 2010.

En attendant la réaction de l’accusation, le moins qu’on puisse dire est qu’elle a passé un mauvais quart d’heure et qu’elle était dans ses petits souliers lundi et mardi au cours de l’exposé de la défense. Il faut reconnaître que certains faits sont assez gênants et susceptibles, il est vrai, d’entacher la fiabilité  et l’authenticité  des arguments brandis par le parquet : est-il vrai, par exemple, que le 21 mars 2011, c’est-à-dire avant la fin du conflit, Me Jean Pierre Mignard, qui n’est autre que l’avocat d’Alassane Dramane Ouattara, a, à la demande de ce dernier, transmis au bureau du procureur un rapport sur la situation humanitaire en Côte d’Ivoire, comme pour préparer le terrain judiciaire ?

Est-il vrai également que la mairie d’Abobo, qui était pourtant alors fermée, a délivré le 3 mars 2011 le permis d’inhumer d’une victime, ce qui peut laisser croire à un faux ? Et que dire de ces vidéos concernant les tirs de mortier sur le marché Siaka Koné, le 17 mars 2011, qui n’auraient pas été authentifiés ?

Pièces falsifiées, montages, documents non authentifiés… C’est donc à un véritable travail  de détricotage du dossier que s’attelle le conseil de l’enfant terrible de Mama et de son ministre de la rue publique, poursuivis notamment pour quatre faits précis ayant émaillé le conflit postélectoral et qui sont : la répression d’une manifestation destinée à s’emparer de la Radiotélévision ivoirienne (RTI), le 16 décembre 2010, celle d’une marche de femmes à Abobo, le 3 mars 2011, le bombardement du quartier, quinze jours plus tard, et les tueries dans le quartier de Yopougon, le 12 avril, au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo dans la résidence présidentielle par les troupes d’Alassane Ouattara avec le soutien décisif des forces françaises.

Mais si l’illustre pensionnaire de la prison de Scheveningen, où ila été transféré en novembre 2011, a marqué des points depuis lundi, rien ne dit qu’il sortira forcément victorieux de ce combat judiciaire sans merci que les différentes parties se livrent. Ce qui n’empêche pas ses partisans, dont certains ont fait le déplacement à La Haye, de boire du petit-lait en caressant le secret espoir qu’après le Congolais Jean Pierre Bemba, libéré le 12 juin dernier, leur mentor pourra à son tour se défaire de l’étreinte de cette juridiction internationale et recouvrer une liberté perdue depuis bientôt sept ans. Mais on n’en est pas encore là, loin s’en faut.

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 14 novembre 2018 19:03

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