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Alfred Yekatom Rhombot à la CPI : A Rambo, Rambo et demi

Prénoms : Alfred Yekatom ; nom : Rhombot ; domicile : une prison de La Haye depuis le 17 novembre 2018.

 

Ses prénoms et nom, pas loin d’hécatombe et de Rambo, sonnent comme une prédestination pour ce seigneur de guerre centrafricain. Cet ancien caporal-chef de l’armée centrafricaine s’est illustré, depuis décembre 2013, de la pire des manières dans la guerre civile qui a déchiré la Centrafrique : tortures, persécutions, disparitions forcées, meurtres ; selon un rapport des Nations unies et les enquêtes du procureur de la CPI, il s’est rendu coupable de ces crimes de guerre et contre l’humanité. De Yekatom à hécatombe, il n’y a qu’une proximité de prononciation qui n’arrange pas celui qui a été surnommé Rambo, en référence au mythique héros de films d’action américains : de fait, il a agi dans le conflit centrafricain comme s’il voulait mériter ses prénoms et nom à la consonance qui rime avec violences et meurtres de masse.

Parmi ses tristes faits de guerre, il lui est reproché l’attaque du camp  Kassaï, de l’Assemblée nationale et du quartier Boy-Rabe, le 5 décembre 2013, qui a fait plus de 1000 victimes à Bangui. Jusqu’en août 2014, il contrôlait la partie sud-ouest de la capitale et avait érigé des check-points sur la route menant à la ville de Mbaïki. Ces barrages lui permettaient de rançonner les usagers de la voie pour se constituer un trésor de guerre afin de pouvoir entretenir et équiper sa milice de 3000 hommes, armés de fusils AK 47, de RPG et de mines antipersonnel.

Après de tels forfaits, notre chef de guerre s’était reconverti en homme politique, se faisant élire député de la circonscription de Mbaïki en 2016. Mais chassez le naturel, il revient au galop, car bien que député, Yekatom Rhombot gérait une société de sécurité privée et portait ostensiblement des armes. C’est ainsi que, lors de la rixe qui a entouré l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale le 29 octobre dernier, il avait brandi une arme de poing. Ce fut là la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, car notre Rambo d’un genre nouveau a été arrêté ce jour-là. Il s’en est suivi le mandat d’arrêt de la CPI et surtout son extradition samedi dernier vers La Haye.

C’est un nouveau gros poisson dans les filets de Fatou Bensouda, qui n’arrête pas de jouer à l’empêcheur de commettre les crimes de guerre en toute impunité. Voilà nos prétendus Rambo prévenus. Avec la procureure de la CPI, comme qui dirait, ils jouent  à Rambo, Rambo et demi.

Après l’épisode de l’acquittement de Jean-Pierre Bemba qui avait vu des victimes centrafricaines crier à tue-tête leur indignation, la CPI leur donne de nouveau à espérer que les crimes qu’ils ont subis pendant la guerre civile ne seront  pas passés par pertes et profits. Certes, l’arrestation de cette icône des milices en Centrafrique ne signifie pas qu’elle sera condamnée pour les crimes dont on l’accuse. Mais à coup sûr, cette extradition donne un signal fort aux autres miliciens sur le continent qui espèrent piller, violer, tuer pendant les crises sécuritaires, pour ensuite se couvrir des oripeaux d’un éventuel armistice afin de rester impunis.

C’est pourquoi on peut comprendre sans accepter les récriminations de tous ces africanistes qui vitupèrent contre la CPI, laquelle semble ne s’intéresser qu’aux criminels du continent. On ne devrait pas se servir de l’impunité des autres pour refuser que nos chiens de guerre sanguinaires soient redevables devant la justice internationale. Le disque de les voir jugés par nos juridictions nationales est rayé, et convainc de moins en moins, car il est évident que celles-ci manquent de moyens humains et financiers pour investiguer et prendre en charge les coûts de tels procès. Va donc pour la CPI tant que des faits de barbarie seront imputables à nos Rambo à la petite semaine, comme c’est le cas avec hécatombe Rambo, pardon… Yekatom Rhombot.

 

La Rédaction

Dernière modification lemardi, 20 novembre 2018 21:08

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