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Présidentielle en RDC :L’opposition unie…en rangs dispersés

Genève, Bruxelles, Nairobi, de concertation en conciliabule, l’opposition congolaise a fini par prendre acte de l’impossibilité d’une candidature unique en son sein à l’élection présidentielle du 23 décembre prochain.

 

A l’opposé de la «coalition Lamuka», «réveille-toi», de Jean- Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Freddy Matungulu derrière Martin Fayulu, évolue désormais le  «Cap pour le changement» du duo Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe qui mise sur les chances du premier. Les sept poids lourds de l’opposition congolaise ont ainsi divisé la poire de leur ambition de succéder à Joseph Kabila en deux.  Comment en est-on arrivé à cette bipolarisation de l’opposition qui a, pendant longtemps, unit ses efforts dans les manifestations pour réclamer la tenue rapide d’élections transparentes et équitables ?

La faute aux agendas cachés des fortes personnalités qui s’y trouvent, notamment Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi qui, après l’invalidation de leurs candidatures, n’ont pas voulu se ranger dernière le prétendant de l’opposition à la magistrature suprême le plus en vue : Félix Tshisekedi. En effet, tout laisse penser que le choix de Martin Fayulu pour porter les couleurs de l’opposition à cette présidentielle relève plus d’une stratégie de ces grands recalés de la course de marginaliser le leader de l’UDPS que d’une volonté de miser sur le candidat à même de gagner cette élection. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, qui ont flairé ce piège de mettre en avant un candidat faire-valoir à la dévotion de Jean-Pierre Bemba et de Moïse Katumbi, auraient dû, dès Genève, refuser l’accord concocté par la Fondation Kofi Annan. Ils ont commis comme une erreur de débutant en apposant leurs signatures au bas d’un accord dont ils savaient qu’il ferait long feu. Aujourd’hui, ils passent pour les Judas de la candidature unique de l’opposition ; et pourtant, s’ils sont moralement condamnables, ils sont politiquement excusables, et leur volonté d’offrir un autre choix aux électeurs congolais, fort compréhensible. Ils essaient de rattraper la grossière erreur de l’accord de Genève qui a tablé sur le plus petit dénominateur commun de l’opposition au lieu de considérer les plus grandes chances de victoire des candidats en présence. Car, entre Félix Tshisekedi et  Martin Fayulu, le premier, du fait de la forte implantation de son parti, l’UDPS, du leadership national qu’a eu son fondateur, a plus de légitimité historique et un meilleur profil pour battre le candidat du parti au pouvoir.

 Mais maintenant que la désunion est actée au sein de cette opposition, elle s’est compliquée la tâche face à la puissante machine électorale du Front commun de la mouvance présidentielle qui ne se gêne pas d’abuser des moyens de l’Etat pour mousser sa campagne. Il ne reste alors aux deux pôles de l’opposition qu’à s’enfermer dans des calculs de probabilités sur des bases ethno-régionalistes pour mesurer leur chance de victoire. A ces calculs, les partisans de Martin Fayulu se vantent de contrôler tout l’Ouest et le Sud du pays tandis que ceux de Félix Tshisekedi s’arrogent le contrôle de l’Est et du Centre. A moins d’un mois du scrutin, chacun des deux camps de l’opposition compte donc sur ses propres forces et oublie le combat commun pour la transparence du scrutin, chose qui n’est pourtant pas gagnée d’avance avec les fameuses machines à voter et la formation expéditive des responsables des bureaux de vote.

Rendez-vous le soir du 23 décembre 2018 pour constater les résultats de cette alchimie politique, qui n’est pas propre à l’opposition congolaise : être unie…en rangs dispersés.

 

Zéphirin Kpoda   

Dernière modification lemardi, 27 novembre 2018 01:43

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