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Second tour présidentielle malgache: Le duel des ex

C’est désormais officiel. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle malgache portent  depuis hier le sceau définitif de la Haute Cour constitutionnelle. Et la juridiction suprême a confirmé à la virgule près les chiffres provisoires proclamés le 17 novembre dernier par la commission électorale indépendante (Ceni). Le second tour opposera donc Andry Rajoelina (39,2% des voix) et Marc Ravalomanana (35,3% des suffrages exprimés).

Ces résultats définitifs ont quelque part valeur de réhabilitation pour la Ceni, attaquée de toutes parts après la proclamation provisoire et cible de manifestations quotidiennes. Plusieurs requêtes avaient d’ailleurs été déposées auprès de la Haute Cour pour contester les résultats, notamment par le président sortant, Ery Rajaonarimampianina, et un collectif de candidats qui demandaient l’annulation pure et simple du premier tour en raison de nombreuses irrégularités et fraudes qui l’auraient émaillé. Même TGV qui, si l’on peut dire, était arrivé naturellement en tête, avait lui aussi contesté les données provisoires, estimant qu’on lui avait volé plusieurs milliers de voix, avant de se raviser « par souci d’apaisement ». Drôle de scrutin où même le favori des urnes se plaint !

Avec ce verdict sans appel des grands juges qui ont, soit dit en passant, rejeté toutes les requêtes déposées, il faut espérer que les différents candidats et leurs troupes s’inclineront devant l’autorité de la chose jugée et que le second tour, prévu pour le 19 décembre prochain, se déroulera sans encombre. A charge pour la Ceni qui a tout de même eu l’humilité de faire sa propre critique, de corriger les failles et insuffisances constatées lors du premier tour : retard dans l’acheminement du matériel électoral, démission de certains membres de bureau de vote la veille du scrutin,  confusion entre bulletins blanc et nul lors du dépouillement… Ce sont là, en effet, quelques problèmes que les organisateurs ont eux-mêmes reconnus, même si, pour reprendre l’expression consacrée, «elles n’étaient pas susceptibles d’entacher la sincérité du scrutin».

Place donc à une finale aux allures de revanche entre les deux ex et ennemis jurés dont la rivalité avait mené la Grande Ile à la dérive, la laissant glisser dans les affres d’une crise politico-institutionnelle dont elle n’est  pas encore sortie. Pourvu seulement que cette haine recuite et les désirs de revanche plus ou moins légitimes ne polluent pas davantage le climat déjà bien délétère et que les deux hommes aient suffisamment mûri pour mettre l’intérêt supérieur de la nation malgache au-dessus de toute autre considération, notamment de leurs ambitions personnelles ; car si le feu qui couve sous la cendre devait se raviver, ce serait cette fois-ci pour que s’ouvrent les portes de l’enfer pour ce pays pourtant paradisiaque.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification levendredi, 30 novembre 2018 01:35

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