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Rapport restitution des objets d’art : A l’Afrique ce qui est à l’Afrique

« Je veux que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », tel a été la promesse que le président français, Emmanuel Macron, a faite à l’Afrique entière devant des jeunes Burkinabè le 28 novembre 2017. Pour respecter cette promesse de rendre à César ce qui est à César, pour ne pas dire à l’Afrique ce qui est à l’Afrique, le plus jeune président français de l’histoire a commis deux experts (Français et Sénégalais) pour étudier les conditions de réalisation de cet engagement. Après donc quelques mois d’étude, les experts ont présenté un rapport. Et c’est pour donner sa lecture de ce rapport sur le rapatriement que le ministère de la Culture a tenu une conférence de presse le jeudi 29 novembre 2018 à Ouagadougou. Il en ressort que notre pays compte approximativement 1088 objets dans les institutions patrimoniales du pays qui l’a colonisé.

 

Comment restituer les œuvres et objets d’art du patrimoine africain pillés pendant la colonisation française ? Une question épineuse sur laquelle est produit un long rapport de 240 pages, remis le 20 novembre au président Emmanuel Macron. Ce rapport qui comporte l’historique des collections de dizaines de milliers d’œuvres, en particulier celles détenues par le Musée du Quai Branly, qui préconise une méthodologie de discussion avec les pays concernés et suggère une chronologie de restitution, était au cœur de la conférence de presse qu’a tenue le ministère de la Culture burkinabè le 29 novembre.

Même si ce n’est pas demain la veille que les quelque 1088 objets (selon le rapport  de Bénédicte Savoy, historienne, spécialiste de l’art, de l’histoire culturelle, des patrimoines artistiques en Europe et Felwine Sarr, écrivain et économiste, professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal),  vont retrouver la mère patrie, les premiers responsables de la Culture au Burkina ont tenu à faire savoir que le pays est prêt à accueillir ces objets volés pendant la colonisation. « Pour ce qui concerne le volet organisationnel, notre pays dispose de musées publics et privés, d’institutions d'enseignement et de recherche dotés de personnels très qualifiés et de laboratoires », a indiqué le SG du ministère de la Culture.  Ce dernier a fait noter que depuis l’annonce du président français en fin novembre 2017, un travail de fond a été réalisé. Même si jusqu’à présent le gouvernement burkinabè ne s’est pas prononcé, le SG indique que cela ne saurait tarder vu qu’il y a une communication orale qui a été introduite en conseil des ministres. « Les résultats des échanges en conseil des ministres viendront éclairer davantage la position du gouvernement sur le processus de retour des biens culturels pour lequel un groupe d’experts sera bientôt commis à la réflexion sur les modalités d’ordre pratique », a soutenu Jean Paul Koudougou. Toutefois, il signale que la question de rapatriement des biens culturels nationaux n’est pas nouvelle pour notre pays. « Déjà en 2008, le Burkina avait procédé au rapatriement de près de 33 heures de documents sonores inédits collectés par les chercheurs français depuis les années 30 et détenus par le Laboratoire d’ethnomusicologie du Musée de l’Homme, place Trocadéro », a rappelé le SG du ministère burkinabè de la Culture.

Si d’aucuns s’inquiètent du fait qu’on a vite fait d’applaudir cette initiative du président français, le professeur d’art, Jean Célestin Ky, estime qu’il faut saluer la volonté politique puisque la problématique du rapatriement des patrimoines s’est manifestée depuis 1970 à l’UNESCO, mais rien n’avait bougé à l’époque.

L’ambassadeur de l’Hexagone au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes a apporté quelques précisions sur ce retour à la maison des œuvres d’art africaines qui ne trouve pas l’approbation de tous.  Selon le diplomate, depuis François 1er, la France dispose de lois qui disent que tout bien qui entre dans le territoire est considéré comme un bien inaliénable de l’Etat français. « Donc cette décision est quand même révolutionnaire dans notre relation avec nos anciennes colonies », a indiqué le représentant du président Emmanuel Macron au Burkina

 

J. Benjamine Kaboré

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