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Extradition François Compaoré: Joli cadeau pour un 20e anniversaire

Les familles de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune ainsi que tous ceux qui luttent depuis 1998 pour qu’éclate la vérité ne pouvaient pas rêver meilleur cadeau à seulement une semaine du 20e anniversaire du drame de Sapouy. Hier en effet, la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris a donné un avis favorable à la requête des autorités burkinabè sur l’extradition de François Compaoré. Seconde victoire d’étape pour l’Etat burkinabè, puisqu’en prononçant ce délibéré, les juges ont suivi le réquisitoire du parquet qui, le 3 octobre dernier, allait déjà dans ce sens.

Les soucis de celui que l’on surnommait jadis « le petit président » commencent le 29 octobre 2017 à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle quand il est cueilli à sa descente d’avion en vertu d’un mandat d’arrêt international  émis contre lui par la justice burkinabè pour son implication présumée dans l’assassinat du directeur de publication de l’hebdomadaire  L’Indépendant et de ses trois compagnons d’infortune. Commence alors une véritable bataille politico-judiciaire entre celui qui est inculpé dans son pays pour « incitation à assassinats » et tous ceux qui rêvent depuis une vingtaine d’années de le voir, comme disait l’autre, pendu à un croc de boucher, beaucoup ayant toujours vu en François Compaoré le commanditaire de l’horreur de Sapouy.

C’est donc la fin d’un long suspense, même si ce n’est pas encore l’épilogue de ce dossier, loin de là !

Ce n’est pas, en effet, dès aujourd’hui qu’on verra le précieux colis emballé et expédié à Ouagadougou. Le mis en cause s’étant immédiatement pourvu en cassation, l’affaire sera désormais entre les mains des grands juges de la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire, qui auront donc la possibilité soit de casser le jugement, soit de le confirmer. En outre, son avocat, Me Pierre Olivier Sur, veut faire suspendre la procédure en cours grâce à une plainte avec constitution de partie civile portée contre le juge d’instruction burkinabè en charge du dossier pour « faux et usage de faux en écriture publique ». Et quand toutes les voies de recours seront épuisées, il appartiendra à l’exécutif français de signer un décret d’extradition, lequel pourra encore être attaqué devant le Conseil d’Etat. Une véritable procédure labyrinthique qui peut prendre encore des mois et des mois, voire des années. Et on ne le sait que trop, la justice sait prendre son temps.

En attendant en tout cas, Emmanuel Macron aura quelque part tenu sa promesse de Ouagadougou, lui qui, nonobstant la sacro-sainte séparation des pouvoirs, n’avait pas hésité à affirmer, lors de sa visite en fin novembre 2017, qu’il ferait « tout pour faciliter » l’extradition de François Compaoré alors que la requête des autorités burkinabè venait à peine d’être introduite. Ce que Jupiter veut…

 

H. Marie Ouédraogo

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