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Liberté provisoire Gbagbo : Douche froide après une euphorie surchauffée

Une décision de la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) sur une possible liberté provisoire à accorder à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé était attendue vendredi dernier. En lieu et place de ce verdict de la CPI, des proches de l’ancien président ont créé le buzz et sur les réseaux sociaux et dans les rues de Yopougon, l’un des quartiers populaires d’Abidjan, en annonçant cette libération. Ce n’était qu’une rumeur mal fondée sur les débats qui ont eu lieu au tribunal.

 

Simone Gbagbo, puisque c’est d’elle qu’était partie la rumeur, était allée vite en besogne, devançant l’iguane dans l’eau, ou plus exactement les juges dans le prétoire. Mal lui en prit, car plus de 72 heures après la date initialement prévue pour le rendu de la décision des juges, les partisans du célèbre prisonnier de Scheveningen ont la gueule de bois. En effet, après les cris de joie, le torrent d’alcool ingurgité pour fêter la libération annoncée, ils ont la mine déconfite par la longue et angoissante attente d’un verdict qui ne vient pas.

De fait, la CPI n’a pas seulement démenti la rumeur de la libération de l’ancien président ivoirien, elle a aussi révisé la manière d’annoncer son verdict sur cette affaire. Les parties ont été averties que la décision des juges leur sera notifiée par écrit d’ici la fin de l’année 2018. Dès lors, c’est à se demander si le tohubohu que la rumeur d’une libération provisoire de l’ex-président a provoqué dans son fief de Yopougon n’a pas refroidi les ardeurs des juges à aller vite dans le rendu de leur décision. Qui sait ? Peut-être que cette bévue des proches de l’enfant terrible de Mama a été perçue par les juges comme une volonté de leur tordre la main pour arracher cette liberté provisoire tant espérée. Alors, comme jaloux de leur liberté, ils retardent l’annonce de leur verdict pour mieux cerner l’impact que cette liberté provisoire produirait sur la Côte d’Ivoire.

A ce propos, et les manifestations intempestives de joie des partisans des célèbres détenus et la volonté de Laurent Gbagbo maintes fois exprimée de revenir sur la scène politique dès 2020 pourraient leur donner à réfléchir. Libérer Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé dans le contexte d’une Côte d’Ivoire où les cartes du jeu politique sont en pleine redistribution, n’est-ce pas courir le risque de rouvrir de vieilles plaies et subséquemment d’annihiler les efforts de réconciliation nationale et de stabilité politique? Par ailleurs, la recherche d’un pays tiers pour éventuellement accueillir l’ex- président et son ancien ministre de la Jeunesse ne nécessite-t-elle pas des préalables administratifs à régler ? Voilà qui pourrait expliquer la lenteur des juges à rendre leur verdict.

Quoi qu’il en soit, la fin de l’année, c’est dans moins de deux semaines, qui plus est, le verdict final du procès proprement dit est attendu en mars 2019. Si Gbagbo doit bénéficier d’un non-lieu comme l’ont plaidé ses avocats, deux semaines ou trois mois de plus en prison à la Haye, après 7 ans de détention, ce n’est pas la mer à boire. Du reste, la jurisprudence dans le dossier Jean Pierre Bemba peut plaider en sa faveur. Cette treizième demande de mise en liberté provisoire pourrait être la bonne. A ses partisans de prendre alors leur mal en patience, car à vouloir mettre la charrue avant les bœufs, ils pourraient desservir leur  champion.

La rédaction  

Dernière modification lemardi, 18 décembre 2018 17:24

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