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RDC : Les yankees fuient le navire en perdition

Voici qui ne va pas contribuer à rassurer les Congolais : le gouvernement américain a en effet décidé de rapatrier le personnel non essentiel de son ambassade à Kinshasa, exhortant par ailleurs ses ressortissants à profiter des vols commerciaux réguliers pour quitter le pays. Habituel instinct de survie des rats qui désertent un navire en perdition ? On peut le penser quand on sait que les pays occidentaux, d’une manière générale, et l’Oncle Sam, en particulier avec son  fameux «Big Brother», sont, plus que nous-mêmes, informés de tout ce qui se passe dans les moindres coins et recoins de nos pays.

 

 

On tremble donc pour la RDC à moins d’une semaine de la présidentielle du 23 décembre 2018. Difficile en effet d’imaginer qu’une telle mesure ait été prise à la légère, au risque d’alimenter davantage une psychose qui s’est déjà bien installée. En fait, une peur diffuse flotte  sur ce géant aux pieds d’argile au cœur de l’Afrique à l’approche du scrutin. Et on a beau chercher des raisons d’être optimiste, on ne voit que la chronique d’un chaos annoncé.

Comment en effet rester serein quand de Lubumbashi à  Mbuji-Mayi, en passant par Kalémie, les morts s’entassent, victimes des services de sécurité qui n’hésitent pas à faire usage de leurs armes ? Comment être serein quand, à Kinshasa et à Beni, des dépôts de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont été ravagés par des flammes, forcément criminelles, sans qu’on sache l’identité des pyromanes, pouvoir et opposition se rejetant mutuellement la balle ? Déjà que le doute subsistait sur la capacité du président de la CENI, Corneille Nangaa, d’organiser un scrutin libre, transparent et régulier, on ne peut guère espérer.

Plus que jamais la question se pose de savoir, avec ces multiples incendies, comment le précieux matériel électoral consumé par  les flammes va pouvoir être remplacé en si peu de temps.

Et pour ne rien arranger, voici que des responsables politiques prennent un malin plaisir à jeter de l’huile sur un feu déjà bien nourri ; c’est le cas notamment de Justin Bitakwira, le ministre des Relations avec le Parlement, qui a proféré sur les antennes de la radio publique des menaces ouvertes contre les militants de l’opposition : « Tous ceux qui sont pour les autres candidats, il faut dire au revoir à votre père et à votre mèreParce que vous n’êtes pas sûrs de rentrer à la maison ce jour-là. Ils seront à Makala ou on va les envoyer à Angenga (Ndlr : une prison). Dès qu’on vous attrape, sur les lieux, je dis bien dites au revoir à votre femme et à votre enfant, dites au revoir parce que ce jour-là vous ne reviendrez pas ». Difficile d’être plus irresponsable que cela. Même excès de zèle chez le gouverneur de Lubumbashi  qui a pratiquement appelé ses administrés à tondre chacun un opposant : « Un seul parti politique vous terrorise, un seul parti politique sillonne toute la ville de Lubumbashi, un scandale de chansons "Fayulu, Fayulu, Fayulu" et vous, vous êtes calmes ! » Si ce n’est pas une incitation à la violence et à l’affrontement, on ne sait pas ce que c’est.

Alors qu’on se serait attendu à ce que les autorités appellent au calme et à la retenue comme il est d’usage, ce sont elles-mêmes qui rassemblent les ingrédients d’une véritable déflagration.

On ne sait pas encore combien de cadavres on va ramasser avant le 23 décembre et les jours d’après, mais pour sûr, cette élection, qui était censée mettre fin à une instabilité institutionnelle après la fin en 2016 du mandat de Joseph Kabila, risque au contraire d’ouvrir la boîte de Pandore qui va libérer tous les maux du Congo. Pauvre pays martyr, victime dès son indépendance de ses propres dirigeants alors qu’ils sont assis sur des richesses incommensurables pour construire une nation développée ! Hélas, le martyr n’est pas près de prendre fin.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 18 décembre 2018 22:09

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