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Campagne électorale en RDC: Véritable chemin de croix pour Martin Fayulu

 

Il avait déjà été obligé de délocaliser à la place Sainte-Thérèse de  Ndjili son meeting initialement prévu au stade Tata Raphaël, mais, alors que l’enceinte avait été préalablement réservée et louée, il sera privé de sa jouissance parce que, lui a-t-on dit la veille de l’occupation du site,  l’endroit avait été « réservé ». Par qui et pour quoi ? Mystère et boule de gomme. Mais Martin Fayulu n’était pas encore au bout de ses peines : le grand rassemblement du candidat de la Coalition Lamuka, qui devait avoir lieu hier, a en effet été purement et simplement interdit par le gouverneur de Kinshasa, qui invoque des «impératifs sécuritaires». Pour justifier son oukase, André Kimbuta  parle des incidents qui ont perlé la campagne ces derniers jours, causant d’importants dégâts matériels,  ainsi que de renseignements, peut-être  connus de lui seul, en vertu desquels  les extrémistes des différents camps se prépareraient à en découdre.

Pour louables que puissent être  les intentions des responsables congolais, qui auraient voulu, par ce principe de précaution,  préserver la sécurité des personnes et des biens, la mesure semble plutôt scélérate et procéder d’une volonté de mettre une fois de plus des bâtons dans les roues de l’opposant, dont la campagne s’apparente depuis le début à un véritable chemin de croix. Concernant ce jamboree de Kinshasa, il devait du reste entrer dans la capitale par la route,  mais en a été empêché.

 Ajoutez à cela l’empêchement d’atterrir à  Kindu et le détournement de son avion sur Goma, son cortège attaqué à Masimanimba, ses partisans molestés à Lubumbashi ou à Kalémie et l’on finit de se convaincre que les préoccupations sécuritaires du gouverneur  Kimbuta font en réalité  partie d’un plan savamment orchestré par le pouvoir pour empêcher la pêche aux voix d’un adversaire politique. Comment se fait-il d’ailleurs que ce soit précisément le jour où l’opposant devait aller à la rencontre de ses militants kinois que ce prétexte est brandi ?

A quatre jours de la présidentielle du 23 décembre prochain, c’est en tout cas un rendez-vous majeur dans cette mégapole de 10 millions d’habitants (soit le huitième de la population de RDC) que vient de rater  l’un des principaux challengers d’Emmanuel Shadary Ramazany,  le porte-drapeau du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition présidentielle. Et la Kabilie, qui déroule le tapis rouge à son poulain,  a sans doute voulu priver son adversaire de ce vivier électoral, traditionnellement voué à l’opposition. Faut-il donc croire que malgré les assurances dont ils font montre, Joseph Kabila et ses ouailles, qui disposent de moyens colossaux (souvent de l’Etat) et contrôlent le processus électoral,  ne sont pas aussi sereins que ça ?

En tout cas après les incendies à Kinshasa et à Béni des dépôts de la   Commission électorale nationale indépendante (CENI ) dont on se demandait déjà comment elle se débrouillerait pour organiser un scrutin qui se rapproche un tant soit peu des standards démocratiques internationaux ;  après les violences et les  cadavres qui ont jonché les rues congolaises ; après les doutes sur l’acheminement à temps du matériel électoral sur toute l’étendue de ce vaste territoire de 2,3 millions de kilomètres carrés   ; après les suspicions légitimes qui entourent le fichier et les fameuses machines à voter … cette interdiction faite à Fayulu est peut-être le dernier acte d’une parodie électorale qui va se jouer dimanche prochain et on a bien peur que ce ne soit la chronique d’un chaos programmé.

 

Ousseni Ilboudo    

Dernière modification levendredi, 21 décembre 2018 17:49

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