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Madagascar : Cellule pour une crise Programmée

 

On redoutait une crise post-élection sur la Grande Ile. Elle se profile à l’horizon avec les tendances annoncées des résultats du second tour : sur 70% des bulletins dépouillés, elles donnent Andry Rajoelina en tête avec 55% des voix contre 45% à Marc Ravalomanana. Des tendances qui fâchent le camp de ce dernier, lequel s’est dépêché de mettre sur pied une cellule de crise et d’appeler, dans un discours offensif, ses partisans à se mobiliser pour faire respecter leur vote.

 

 

 

 

Mettre en place une cellule de crise avant même que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ait proclamé l’ensemble des résultats de ce second tour, c’est aller vite en besogne pour la direction de la campagne de Ravalomanana, car cela donne à penser qu’à la suite de cette présidentielle, une crise est inévitable dans le pays. N’est-ce pas que se préparer à gérer une crise, c’est la subodorer, la préparer, voire la programmer ? On en déduit que l’état-major de Marc Ravalomanana a donné de l’homme l’image d’un mauvais perdant. Son discours d’hier le confirme.

 

En effet, en pointant du doigt les tendances partielles du scrutin, accusant la CENI de manipulation de l’opinion malgache en vue de lui faire accepter une victoire volée pour Rajoelina, il a rejeté par avance les résultats du scrutin. S’arc-boutant à ses propres chiffres et tendances, la direction de la campagne de Marc Ravalomanana le voit vainqueur de cette élection avec 54% des suffrages. On se demande d’où elle tient cette estimation qui serait plus fiable que les procès-verbaux de dépouillement de la CENI. Cette dernière a beau se défendre de toute manipulation de chiffres et annoncer qu’elle publie les résultats selon leur ordre d’arrivée au niveau central, elle ne convainc pas Marc Ravalomanana. Conséquence, les ingrédients d’une crise post-élection sont en train d’être réunis sur la Grande Île où la moindre vague sociale peut évoluer en tsunami politique aux conséquences incalculables.

 

De fait, ce qu’on redoutait se profile à l’horizon. Cette élection, censée mettre fin à une décennie de crise politique, pourrait réveiller de vieux démons avec le camp de Ravalomanana qui joue à manipulateur de l’opinion, manipulateur et demi. Car, dans cette bataille des chiffres, en proclamant son candidat vainqueur sur la base de sa propre compilation des résultats, il a préparé ses partisans à refuser tout résultat contraire. Et Ravalomanana est passé à l’offensive en les appelant à la résistance. C’est dommage pour Madagascar et pour la crédibilité d’homme d’Etat de ce poids lourd de sa scène politique. On voit bien que le prospère homme d’affaires, qui a fait fortune dans le yaourt et buvait déjà du petit lait à l’idée d’endosser de nouveau le costume de président s’est drapé de la tunique  du pyromane qui joue au pompier.

 

On craint alors que cette querelle autour des résultats partiels du scrutin et cet appel à la résistance ne tournent en une contestation violente de tout le processus électoral. Il est temps que les hommes politiques malgaches s’émancipent de leurs égo surdimensionnés et donnent aux institutions républicaines du pays toutes leurs lettres de noblesse. Si contestation des résultats du scrutin il doit y avoir, qu’elle se fasse suivant les voies de recours pacifiques devant les instances habilitées et non dans des manifestations violentes programmées.

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification lemardi, 25 décembre 2018 19:28

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