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Togo-Madagascar-RDC : Trois pays, un dénominateur commun

Question à un fauteuil présidentiel : quel dénominateur commun y a-t-il entre Madagascar, cette grande île perdue dans l’océan Indien, la République démocratique du Congo, ce géant aux pieds d’argile au cœur de l’Afrique, et le Togo, ce petit pays aux grands problèmes qui passait jadis pour être la Suisse de l’Afrique ?

 

Pas besoin d’avoir une boule de cristal pour le savoir alors que 2018 tire inexorablement vers sa fin : la classe politique de ces trois pays danse inconsciemment au-dessus de volcans qui menacent d’entrer en éruption à tout moment.

Au Togo, Faure Gnassingbé est certes parvenu à organiser les législatives du 20 décembre dernier, et son parti, l’Union pour la République (UNIR), s’est taillé provisoirement la part du lion en raflant 59 sièges sur les 91 que compte l’Assemblée nationale, sous réserve de confirmation par la Cour constitutionnelle.

Cette élection, unilatéralement organisée, pourrait être bien contreproductive, puisque boycottée par une coalition de quatorze partis d’opposition, dénommée C14, et critiquée de toutes parts, notamment par les hiérarchies catholique et protestante. Il est vrai que ce scrutin ne règle en rien les problèmes politiques et institutionnels autour desquels s’est nouée la crise togolaise depuis près d’un an maintenant. Autant dire que « l’héritier de la couronne » s’est engagé dans une fuite en avant vers un précipice, et 2019 risque de commencer comme 2018 s’est terminée : dans la peur et le doute.

Scénario quasi identique dans l’océan Indien, à Antananarivo où l’ancien président déchu Marc Ravalomanana n’a pas eu besoin d’attendre la proclamation des résultats provisoires pour les contester, se drapant ainsi avant l’heure dans le costume du mauvais perdant au risque de faire sombrer de nouveau la Grande Ile dans une crise de laquelle elle n’est jamais véritablement sortie depuis une bonne dizaine d’années. Les deux finalistes du second tour, Andry Rajoelina, que les tendances donnaient vainqueur avec 55% des voix, et Marc Ravalomanana ont une grande part de responsabilité dans ce drame malgache. Si le pays devrait replonger, ce pourrait être pour le pire.

Quid de la RDC dont on finit de désespérer ? Nombreux sont ceux qui sont convaincus que quand elle s’éveillera, du fait de ses multiples potentialités minières, halieutiques, forestières et que savons-nous encore, elle entraînera dans son sillage une bonne partie de l’Afrique, sinon tout le continent. Mais au grand dam des Congolais et des Africains, le pays a tout sauf l’essentiel, à savoir un leadership éclairé pour les conduire vers des lendemains heureux. De Joseph Kasavubu, en passant par le coffre-fort ambulant, Mobutu, aux Kabila père et fils, ce ne fut en effet qu’une succession de prédateurs de leur propre peuple à la fois sur les plans économique et politique. Et la patrie de Patrice Lumumba n’est hélas pas près de sortir de ce cycle infernal, puisque de gros nuages s’amoncellent déjà au-dessus du fleuve Congo : les élections générales, notamment présidentielle, qui devraient avoir lieu dimanche passé, ont finalement été repoussées d’une semaine, officiellement du fait de l’incendie des dépôts de la commission électorale à Beni et à Kinshasa. Des prétextes en réalité qui cachent l’incurie générale dans laquelle beigne la RDC : comment comprendre,  en effet, qu’on ne puisse pas tenir à bonne date un scrutin qui aurait dû en principe avoir lieu depuis 2016, c’est-à-dire à la fin du dernier mandat de Joseph Kabila ?

Pour sûr, une semaine ne suffira pas à surmonter les multiples difficultés liées à l’organisation du scrutin, et on s’achemine  dans ce chaos programmé vers un contentieux postélection lourd de tous les dangers, car Kabila n’est pas de ceux qui organisent des élections pour faire perdre son successeur désigné ; et face à une opposition divisée, Emmanuel Ramazani Shadary a toutes les chances de marcher sur le tapis rouge qu’on lui déroule.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 26 décembre 2018 16:49

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