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RDC: Des élections à géographie variable

On aura tout vu dans cette République démocratique du Congo et l’on n’est peut-être pas au bout de nos surprises. Alors que les élections générales qui devaient se tenir le 23 décembre dernier ont été reportées au dimanche 30 pour des raisons à la fois sécuritaires, sanitaires et logistiques, la CENI vient de nouveau de faire une annonce tonitruante : le report au mois de mars du scrutin à Beni et Butembo, dans le nord-est du pays, ainsi qu’à Yumbi dans la province du Maï-Ndombe, dans le sud-est pour les motifs qui avaient déjà été invoqués pour retarder le vote d’une semaine. Un délai supplémentaire dont on se demande toujours s’il suffira pour lever les obstacles insurmontables énumérés par Corneille Nangaa.

On assistera donc à des élections à géométrie, pour ne pas dire à géographie, variable dont les conséquences sur les résultats du scrutin sont pour le moins évidentes. Ce sont en effet 1,2 million d’électeurs, sur la quarantaine de millions inscrits, qui vont voter en différé. Ce qui n’empêche pas la CENI de programmer les résultats provisoires et définitifs, respectivement pour les 6 et 15 janvier 2019.

Passe encore pour les législatives, même si la future Assemblée nationale sera amputée de 15 de ses députés, ce qui n’empêchera pas l’institution de fonctionner normalement. Il n’est pas rare, en effet, de voir lors de circonstances exceptionnelles des élections partielles se tenir, même des mois après le jour-J. Mais pour la présidentielle qui déchaîne toutes les passions, ce report prend une dimension dramatique puisque le choix des électeurs de ces trois départements ne sera pas pris en compte, ce qui peut poser un problème de légitimité au futur élu quand on sait qu’un million et deux cent mille voix peuvent suffire à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

On aurait voulu dire à ces populations laissées sur le bas-côté du processus électoral qu’elles n’ont pas voix au chapitre qu’on ne s’y serait pas pris autrement. On comprend dès lors que certains, comme les évêques de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo), y voient les indices de l’existence d’un agenda caché visant à vicier un processus sur lequel n’a cessé de planer un halo de suspicion.

Quand on pense que ces élections devaient se tenir il y a deux ans, à la fin de l’ultime mandat de Joseph Kabila,  et qu’elles ont été reportées au moins à deux reprises … on finit de se convaincre que la RDC est un vrai laboratoire démocratique sur lequel pourraient se pencher des étudiants de science politique.

En tout cas, tout semble indiquer que quelque part il y a quelqu’un qui ne veut pas de ces élections. Suivez notre regard.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 27 décembre 2018 23:00

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