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Présidentielle sénégalaise : Le Conseil constitutionnel déblaye le terrain pour Macky Sall

Ils ne seront donc que cinq prétendants le 24 février 2019 à la course à la magistrature suprême. Le président sortant, Macky Sall, aura en effet face à lui Idrissa Seck, El Hadj Issa Sall, Ousmane Sonko et Madicke Niang. Ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel sénégalais, qui a validé leur dossier de candidature.

 

Cinq postulants pour un seul fauteuil présidentiel, sous réserve de la publication de la liste définitive, on n’avait jamais vu un peloton présidentiel aussi clairsemé depuis 1988, le nombre de candidats franchissant régulièrement la barre des dix.

Les nouvelles dispositions législatives, notamment le parrainage des postulants par au moins 53 000 citoyens répartis dans sept régions du pays, dont l’objectif avoué est de limiter, autant que faire se peut, les candidatures fantaisistes, y sont sans doute pour quelque chose.

En fait, plus que le quitus donné par les Sages aux cinq  heureux élus, l’événement ici est sans conteste l’invalidation des prétentions de Karim Wade et de Khalifa Sall. Un événement  qui n’en est pas un vraiment, car depuis longtemps, tous les acteurs et observateurs de la scène politique dakaroise sentaient venir la chose.

Les Grands Juges estiment que les deux indésirables ne pouvaient plus se prévaloir  de la qualité d’électeur et,  de ce fait, ne peuvent se présenter sur la ligne de départ. C’est donc leurs ennuis judiciaires qui valent au fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et à l’ex-maire de Dakar d’être recalés.

Pour mémoire, celui  que ses compatriotes avaient surnommé perfidement « le ministre du Ciel et de la Terre » sous le règne de papa avait été condamné en mars 2015 à six ans d’emprisonnement ferme et à une amende de 138 milliards de francs CFA par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), avant d’être exilé nuitamment au Qatar à l’issue de tractations souterraines dont on ignore encore tous les tenants et les aboutissants. Depuis, il menace de rentrer, même si cela pourrait signifier pour lui un retour à la célèbre prison de Rebeuss dont il fut pensionnaire pendant deux ans.  Malgré cet exil, Karim Wade demeure jusqu’à preuve du contraire le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), quand bien même son inscription sur les listes électorales du fait de sa condamnation aurait été rejetée en 2018.

Mutatis Mutandis, ce sont les mêmes obstacles judiciaires que l’ex-bourgmestre de la capitale n’a pas pu franchir, puisque condamné lui aussi par la CREI à cinq ans de prison, notamment pour « escroquerie aux deniers publics ».

Seulement voilà : si sa peine a été confirmée en appel, ce qui le prive de ses droits civiques, la procédure est toujours pendante en cassation. Ce qui veut dire que l’incriminé n’a pas encore épuisé toutes les voies de recours.

Que se passerait-il donc si, au bout de ce marathon judiciaire, le jugement était cassé ? On aurait, à tort, privé un citoyen de son droit d’élire et d’être élu. Ce qui est quand même plutôt surprenant dans ce pays de la Teranga jadis considéré comme le phare de la démocratie, en tout cas en Afrique francophone ; même si sa lumière a tendance à pâlir depuis un certain temps.

Les deux Eléphants de la faune politique sénégalaise disqualifiés, c’est un boulevard qui s’ouvre au président sortant face à quatre challengeurs qui sont loin d’être des foudres de guerre.

On a beau dire que le Sénégal n’est pas une démocratie bananière comme il y en a tant et tant en Afrique, que la séparation des pouvoirs n’est pas une simple vue de l’esprit, on a la détestable impression depuis quelques années que l’institution judiciaire est en mission commandée pour faciliter la réélection de  Macky Sall.

C’est en effet quand même un peu gênant que ses principaux adversaires soient  hors jeu après avoir connu, l’un comme l’autre, des ennuis judiciaires.

Les maîtres actuels  de Dakar savent-ils seulement qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ? Encore que ce ne soit pas joué d’avance, car il ne faut jamais préjuger du comportement de l’électorat. Que se passerait-il en effet si les deux recalés demandaient à leurs partisans, non pas de boycotter le scrutin, comme ils pourraient être tentés de le faire, mais de  se rabattre sur l’un des quatre challengeurs qui a le plus de chances de donner des insomnies à l’actuel locataire  du palais présidentiel ?

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 15 janvier 2019 20:50

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