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Présidentielle 2020 : «Je pourrais être candidat et je peux frapper fort» (Mélégué Traoré)

 

Ambassadeur, ministre, président de l’Assemblée nationale, Mélégué Traoré a pu se hisser sur les hautes marches de la politique au Burkina Faso. L’homme de Kankalaba (ndlr : c’est le nom de son village), sans doute parce qu’il était dans sa traversée du désert sous Blaise Compaoré, a pu sortir indemne de l’insurrection populaire d’octobre 2014 alors que nombre de caciques du pouvoir ont eu leurs domiciles et biens saccagés par les insurgés.

 

Comme son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Mélégué est en pleine renaissance politique. Il a même repris les visites auprès des comités de base dans les villages de la région des Cascades, une démarche qu’il avait arrêtée depuis plus d’une décennie. Aujourd’hui, il est le coordonnateur du Haut Conseil du CDP, une commission chargée d’éclairer la direction du parti et de résoudre les crises, qui ne manquent pas au sein de l’ancienne majorité.

 

Le 14 janvier 2019, Mélégué Traoré nous a reçus au Centre parlementaire panafricain, sis au quartier Patte-d’oie de Ouagadougou, qu’il dirige. Dans le grand entretien qu’il nous a accordé, il nous parle des missions du Haut Conseil du CDP, du débat sur la désignation du candidat de ce parti à la présidentielle de 2020, du rôle de Blaise Compaoré au sein du parti, de la gestion de la crise de Yirgou par le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, entre autres.

 

L’homme de Kankalaba, dont le nom figure comme un probable prétendant à la magistrature suprême, n’a rien nié à ce sujet et a déclaré : « Je pourrais être candidat  et frapper fort ».

 

 

 

Vous êtes désormais le coordonnateur du Haut Conseil du CDP. Dites-nous à quoi il servira concrètement.

 

 

 

Le Haut Conseil, c’est le cœur de la conscience du parti. En réalité, ce n’est pas une instance nouvelle ; elle existait déjà. Le terme qu’on a changé, c’est celui de « président » par celui de «coordonnateur». C’est une instance qui réunit des personnes des plus responsables possibles qui ont occupé de hauts postes, qui ont de l’expérience et la maturité et qui sont en mesure, chaque fois qu’il y a des difficultés, d’attirer dessus l’attention de la direction du parti. Le Haut Conseil intervient dans les crises, ce qui, bien sûr, ne manque jamais au CDP comme dans les autres partis. C’est grâce à cette instance que le CDP a participé aux élections en 2015. Le Haut Conseil remplit les fonctions de conseil et d’aide à la décision.

 

 

 

En faisant quoi exactement ?

 

 

 

Vous savez, la décision qui avait été prise par la direction du parti en 2015, c’était de ne pas participer à ces élections, de les boycotter. Lors d’une réunion avec la direction du parti, nous avons indiqué que ce serait la pire des erreurs à ne pas commettre. Vous vous imaginez un parti politique absent du débat institutionnel pendant cinq ans ? C’est ainsi que la décision a été prise d’aller aux élections de 2015.

 

En 2017, la question était de savoir si Eddie Komboïgo devait revenir ou pas à la tête du parti après sa sortie de prison. Nombre de personnes n’étaient pas d’accord pour qu’il revienne. Le Haut Conseil s’est saisi de l’affaire et en a discuté avec tous les protagonistes : Achille Tapsoba, qui était l’intérimaire, Léonce Koné, qui dirigeait la commission ad hoc, et Eddie lui-même. A la fin, nous avons produit un mémorandum dans lequel nous indiquions qu’il n’était pas possible de dire à Eddie de ne pas revenir, car c’est lui que le congrès précédent avait élu. Pour nous, il fallait respecter la légalité du parti. L’on pouvait toujours, si on le décidait, le changer au prochain congrès qui devait se tenir dans les trois mois qui suivaient. C’est d’ailleurs le Haut Conseil qui est allé voir le fondateur du parti pour lui présenter le mémorandum. Blaise Compaoré a été entièrement d’accord avec nous. C’est comme ça que cette crise a été finalement surmontée. Au congrès dernier, nous avons tout fait pour que tout se passe de manière sereine. Eddie a été réélu président du parti. Je dois rappeler  que les membres du Haut Conseil ne faisaient pas partie du collège électoral. Notre problème  était que tout se passe bien et que le parti ne s’entre-déchire pas.

 

 

 

Donc vous confirmez que Blaise Compaoré est d’accord avec l’élection d’Eddie Komboïgo ? Pourtant, à l’époque, une rumeur persistante faisait croire que Boureima Badini était le poulain de l’ancien chef de l’Etat...

 

 

 

Non, je peux affirmer que ce n’est pas vrai. Je voyage beaucoup et il est rare que je passe par Abidjan sans aller voir Blaise et je ne le cache d’ailleurs pas. Blaise n’a pas voulu choisir, il a dit d’aller en discuter. On est au Burkina, et on ne peut empêcher personne de faire croire qu’il était le candidat choisi. Mais dans les faits, ça ne s’est pas passé ainsi.

 

Il faut aussi rappeler que le rôle de Blaise dans le parti  est d’être la référence comme fondateur, mais ce n’est pas lui  qui dirige le parti. C’est un point important. Il reste la caution morale du CDP parce qu’il en est le fondateur et il est normal qu’on le respecte, mais la direction du parti se trouve ici à Ouagadougou. Tous ceux qui comptent réellement dans le parti sont d’accord là-dessus. De toute façon, on ne peut pas imaginer un parti sérieux et crédible comme le CDP, dont la direction serait hors du territoire national.

 

 

 

Est-ce que Blaise contribue financièrement à la survie du parti ?

 

 

 

Il y contribue ! Ce n’est pas lui qui finance tout au CDP. S’il le finançait, il n’y aurait pas de problème. Ça nous arrangerait s’il nous donnait de l’argent. Mais ce n’est pas lui qui finance principalement le parti. A y réfléchir, je ne crois pas que ce serait bon pour le CDP de ne dépendre que d’une telle source de financement.

 

 

 

Vous êtes presque 80 à composer ce Haut Conseil. Est-ce que ce n’est pas un fourre-tout où on case ceux qui ont leur avenir politique derrière eux ?

 

 

 

Dans une dynamique sociale comme la nôtre et dans le contexte actuel, il est incertain et bien douteux de dire que quelqu’un a son avenir politique derrière lui. Regardez les noms qu’on cite pour la présidentielle ! Tous sont des personnalités dont vous diriez qu’elles ont leur avenir derrière : Juliette Bonkoungou, moi-même, Kadré Désiré, Jean de Dieu Somda, etc. ? A la base, il s’agit de personnalités qui ont l’expérience et évidemment cela nous arrange qu’elles aient occupé de hauts postes dans le passé. Mais ils demeurent actifs ; il serait bien hasardeux d’affirmer qu’ils appartiennent au passé.

 

Ce qui est vrai par contre, c’est que, personnellement, je suis dubitatif devant l’inflation institutionnelle, c'est-à-dire la propension à multiplier les institutions, car ce n’est pas ça qui fait l’efficacité. Deuxième chose, je ne crois pas non plus aux bureaux composés de centaines de membres comme on le fait dans les partis. Je sais qu’on veut donner de la place à chacun, à chaque région, à chaque province, etc. Cette tendance existe au CDP et dans d’autres formations, avec des organes gonflés en matière de nombre. Car, si vous vérifiez, vous verrez que sur les 79 membres du Haut Conseil, réellement on peut compter sur 40 à 45 qui sont engagés. Les autres ont le statut mais ce n’est pas une participation active. Et c’est comme ça dans tous les partis.

 

 

 

Concrètement, comment le Haut Conseil va fonctionner en cas de problème ?

 

 

 

Le Haut Conseil fonctionne autour de son coordonnateur que je suis à travers des activités que nous déterminons nous-mêmes, en fonction des enjeux du moment. Nous fonctionnons en regardant comment le parti fonctionne lui-même et les problèmes qui peuvent naître. Soit on nous pose les problèmes, soit nous nous en saisissons nous-mêmes. Les options que nous prenons sont toujours de type consensuel, nous évitons le fractionnement des opinions du Haut Conseil. Nous sommes tous à un âge et à un niveau intellectuel où la polémique ne sert pas à grand-chose. Nous essayons d’arriver toujours au consensus, ce qui ne veut pas dire unanimité. Par exemple à  une conférence internationale avec trois mille participants, c’est difficile de prendre une décision avec laquelle tout le monde sera d’accord. S'il y a 50 ou 100 qui sont en désaccord avec une décision, on peut considérer qu’il y a consensus. L’unanimité veut en revanche dire que tout le monde est d’accord. Au niveau du Haut Conseil du CDP, nous fonctionnons par consensus, et il est rare qu’il y ait des voix discordantes. Nous faisons tout pour y parvenir, en discutant.

 

 

 

Le principal enjeu du CDP, c’est bien la présidentielle de 2020. Vous avez été bombardé coordonnateur du Haut Conseil, est-ce parce que vous n’avez aucune ambition présidentielle ?

 

 

 

Cela n’a rien à avoir ! D’abord nul ne m’a bombardé, je l’étais déjà avant. Qui vous dit que je n’ai pas d’ambition présidentielle ? Quand les gens ont fait circuler mon nom comme candidat potentiel, je n’ai pas démenti cela ; ce qui veut dire que je pourrais très bien être candidat et, croyez-moi, je pourrais frapper fort. L’on n’a pas joué sur ce type de considération, sinon cela aurait conduit à éliminer certains membres de l’organe. Quelqu’un peut être dans une position au sein du parti sur le plan organique, mais cela ne l’empêche pas d’être candidat à la présidentielle si le parti pense qu’il peut être le candidat. Ce n’est pas gênant de ce point de vue. Pour ce qui est du fonctionnement, ce n’est pas la direction du parti qui désigne la direction du Haut Conseil. Elle découle d’une décision du Haut conseil, prise à l’interne.

 

 

 

Déjà, on voit poindre le choc des ambitions au sein du parti. Mais à lire Mahamadi Koanda, interviewé récemment par ‘’ Le pays’’, vous semblez être sa préférence.

 

 

 

Je ne sais pas si je peux moi-même m’apprécier. Et puis Koanda a dit que Juliette est sa préférence. Ce que je peux vous dire, c’est que de tous les noms que j’entends, je ne suis peut-être pas modeste, mais je ne suis pas moins que ces noms-là. Mamahadi Koanda, c’est Mamahadi Koanda ! L’interview qu’il donne reflète ses opinions. Si vous connaissez Mahamadi Koanda, vous savez qu’il n’est pas quelqu’un qui a la langue dans sa poche. Il dit ce qu’il pense. Cela ne signifie pas que demain, il ne va pas dire le contraire, si d’ici là il a une nouvelle appréciation et que les choses, d’après lui, ont changé. Quand il dit par exemple qu’il ne soutient pas du tout Eddie, cela ne l’empêche pas non plus de dire que si Eddie change dans le sens que lui pense être le bon, il va porter un autre jugement sur lui. Il l’a dit dans son interview et je pense qu’il faut prendre ses déclarations comme ça.

 

 

 

Un autre problème, c’est l’initiative KDO, du nom de Kadré Désiré Ouédraogo, qui pourrait diviser le parti. Que pensez-vous de l’appel du pied fait à l’ancien Premier ministre par certains militants ?

 

 

 

Ils sont libres de le faire, car ce sont des militants du CDP. C’est la démocratie. Seulement on n’en est pas encore là. L’étape actuelle n’est pas celle du débat sur la candidature à la présidentielle. Il faut d’abord réunir les conditions pour que le parti gagne. La première condition pour qu’il gagne, c’est de  dynamiser toutes les structures à la base, essentiellement les comités de base dans les villages et les quartiers. C’est à cela qu’on s’attelle actuellement. Depuis 2002, je n’étais plus intervenu directement pour agir au niveau d’un comité de base. Cette fois-ci je l’ai fait. Je suis retourné chez moi pour l’installation des comités de base. Je vais continuer à le faire à Sindou, à Kankalaba, à Banfora, partout dans le pays où cela sera nécessaire. Je suis convaincu que c’est à ce niveau qu’on gagne les élections. On ne gagne pas des élections par les débats des intellectuels ou avec des dirigeants à Ouagadougou. Ce qui fait voter les populations pour vous, ce ne sont pas ces débats ou les réseaux sociaux. Tout ça, c’est de l’agitation intellectuelle. On ne peut pas convaincre les populations en restant aussi loin. Je suis convaincu, avec d’autres d’ailleurs, que nous devons faire le jeu de la base à fond. Vous savez, parmi ceux qui s’agitent le plus à Ouaga ou ailleurs, certains n’ont aucune base sociale. On la chercherait en vain. Je les appelle les troubadours et les nénuphars du CDP.

 

Quand le moment sera venu de désigner le candidat du parti, on le fera comme on l’a toujours fait.

 

Quant à Kadré Désiré Ouédraogo, j’ai travaillé avec lui, j’ai été son ministre pendant un an et demi. Il est arrivé en 1996 et en 1997, je suis parti comme président de l’Assemblée nationale. Et pendant qu’il était Premier ministre, j’étais président du Parlement. Nous avons toujours eu de bons rapports, des rapports très étroits, et ça n’a pas changé.

 

Quand Kadré est parti à la Commission de la CEDEAO, vu tout le rôle que j’ai joué dans la dynamique de cette organisation depuis 1993-1994, j’ai eu à travailler avec lui, d’abord parce que j’étais au Parlement de la CEDEAO, et ensuite je suis resté jusqu’à ce jour l’un des consultants du Parlement communautaire. En 2015, j’étais l’un des plus chauds partisans de sa candidature à la présidentielle. Il est dommage que cela n’ait pas abouti, car il avait toutes ses chances. Son nom ne me gêne pas du tout ; bien au contraire, cela signifie que le CDP a de la ressource.

 

 

 

Il ferait un bon candidat alors ?

 

 

 

Il le ferait, comme d’autres, mais je ne me prononce pas sur cette question parce que ce n’est pas encore le moment. Toutefois, pour être candidat du CDP, il y a des conditions à remplir, il faut être un militant du parti, participer à ses activités ou le soutenir…

 

 

 

…Kadré n’est pas un militant du parti ?

 

 

 

Je ne peux pas vous dire cela. Je vous renvoie sur ce point à l’interview de mon frère Koanda Mahamadi. Je ne l’ai pas vu à une réunion du CDP depuis longtemps. Mais je vous ferai  remarquer qu’il est membre du Bureau politique national (BPN). Il est vrai aussi que le parti a le défaut de ne pas aller vers ses anciens cadres.

 

 

 

Comment est-ce possible alors qu’il ne soit pas militant du parti mais se retrouve dans le BPN ?

 

 

 

Non, je ne vous ai pas dit qu’il n’était pas un militant du parti, je vous dis que je ne l’ai pas vu à une réunion du parti. Et il y a plein de gens dans cette situation au CDP, sinon le Bureau n’allait pas atteindre des centaines de noms. Prenez même le Haut Conseil : sur la liste des 79 membres de cet organe, figurent certaines personnalités qui ne sont pas réellement actives, mais qui continuent à soutenir le parti. Elles n’ont pas rompu avec le parti.

 

 

 

Selon vous, comment devrait se régler le choix du candidat du parti ? Consensus ou primaires ?

 

 

 

Le consensus serait la solution normale et idéale pour ne pas diviser un parti. Jusqu’à présent, dans le passé, nous n’avions pas de grand souci avec ce genre de problème parce que le responsable du parti était désigné par Kosyam. Du coup, cela réglait beaucoup de questions et c’est pour cette raison qu’il n’y a pas eu de cas où nous avons élu véritablement un président du parti. Tous ceux qui sont devenus patrons du CDP, Naboho Kanidoua, Bongnessan Arsène Yé, Roch Marc Christian Kaboré, Assimi Koanda, entre autres, n’ont pas été élus au sens classique du terme, tout simplement parce que Blaise Compaoré, qui était le chef naturel du parti, même s’il n’en était pas le dirigeant formel ou organique, tranchait la question. La première fois où nous avons rencontré une nouvelle situation, ç’a été à l’avant-dernier Congrès où il n’y avait plus quelqu’un de naturellement désigné. Il a fallu donc composer. On en est arrivé à l’élection d’Eddie Komboïgo. C’est bien et significatif ainsi, que la même personne qui avait été élue à l’avant-dernier congrès soit celle qui l’a emporté en mai 2018. Cela dit, le CDP, depuis l’ODP/MT, a toujours fonctionné de la même manière. Sur le strict plan formel, ceux qui veulent être candidats à la tête du parti se proposent. Chacun rédige une lettre d’intention dans laquelle il présente son projet s’il était élu président. Ces déclarations d’intention sont soumises au collège électoral, qui apprécie et retient une personne dont la direction propose le nom au Bureau politique national qui, lui, le soumet au Congrès. C’est ce qui se fait actuellement et officiellement, c’est ce qui se faisait quand nous étions au pouvoir. Ce qui va se passer pour la présidentielle, c’est le même schéma. On devrait passer par la procédure normale : les prétendants vont proposer leur candidature, et le collège électoral se prononcer. Je peux vous dire que moi, je m’y prépare, et beaucoup vont être surpris, car je ne suis pas le dernier des Burkinabè. Un élément nouveau, c’est le fait qu’il y a eu une résolution au congrès, indiquant que c’est Blaise Compaoré qui désignerait le candidat. Mais vous savez très bien qu’en droit on ne peut pas opposer une résolution aux statuts du parti. Juridiquement, ce n’est pas possible. Ce n’est pas le même niveau de textes, ce qui veut dire que fondamentalement, c’est la procédure normale qui va l’emporter mais l’intervention de Blaise Compaoré se situe à un niveau supérieur. Autrement, autant transférer la direction du parti à Abidjan.

 

 

 

C’est-à-dire ?

 

 

 

C’est-à-dire que s’il le décide ainsi ou le veut, il pourra intervenir par rapport à la personne qui sera retenue ou se prononcer si l’on ne s’entend pas. Mais la lecture qui consiste à dire que le parti n’aura rien à dire, et que c’est Blaise Compaoré depuis la Côte d’Ivoire qui va désigner d’autorité le candidat du CDP n’est pas pertinente. A titre d’exemple, s’agissant des noms qui circulent, si je maintiens mon nom, je ferai ma déclaration d’intention comme les autres. Il y aura certainement d’autres prétendants. Le collège nous dira qui est retenu et la résolution étant, ce nom sera porté à la connaissance de Blaise Compaoré qui arrêtera une décision définitive. Mais, de mon point de vue, il n’y a pas beaucoup de chances que le président Compaoré contredise le choix que les militants du parti auront fait. Dans l’esprit de certaines personnes, le parti n’aura rien à dire, c’est Blaise Compaoré qui s’en chargera. Mais je répète que je ne suis pas dans cette logique. Tous ceux qui sont là, nous tous respectons beaucoup l’ancien président, et on n’imagine pas que quelqu’un puisse être candidat du parti aux élections sans son accord. Il en est la référence, et doit le rester. Mais je me résume en disant que le consensus est, de loin, la meilleure solution.

 

 

 

Il y a comme une guerre qui se déroule sur les réseaux sociaux, entre les partisans de Kadré et ceux d’Eddie. Est-ce qu’avec tout cela, on ne s’achemine pas vers l’éclatement de l’ancien parti majoritaire ?

 

 

 

Non, je ne le pense pas, parce que personne n’y a intérêt. Et puis, il n’y a pas de guerre au CDP. Si quelqu’un pense sérieusement que c’est par ce moyen qu’il peut être élu, que la personne se désillusionne. Quel que soit le candidat, il ne sera pas élu si le parti n’est pas uni dernière lui. La personne qui sera désignée, quelle qu’elle soit, devra avoir tous les militants mobilisés derrière elle, même ceux qui n’étaient pas pour elle au départ. Nous savons taire nos divergences quand il le faut ; c’est une des forces du CDP. Il faut que le parti  garde cette force.

 

 

 

En 2014, comme tant d’autres cadres du parti, vous auriez pu rejoindre le MPP naissant, puisque vous aussi avez traversé votre petit désert. Faut-il croire que vous avez une fidélité à toute épreuve à Blaise Compaoré ?

 

 

 

Vous savez, des avanies et des frustrations, j’en ai connu au CDP. Mais c’est clair, je suis resté fidèle à Blaise Compaoré, simplement parce que je suis habituellement d’une tendance qui est qu’après avoir suivi une voie pendant au moins 25 ans -puisque quand Blaise est arrivé au pouvoir je n’étais pas là, j’étais ambassadeur à Moscou - je ne peux pas considérer qu’il était le meilleur des dirigeants, et tout d’un coup découvrir en 2014 qu’il est le pire des hommes. Ce n’est pas possible, j’ai voulu être conséquent avec moi-même. Nos camarades qui sont partis au MPP avaient leurs raisons et leurs arguments pour le faire, et je ne les en blâme pas, je les comprends. Pour aboutir à ce qui s’est passé en 2014, il a fallu des contradictions au sein du parti. Je n’ai pas voulu faire la démarche et personne ne m’a demandé de la faire, car tout le monde connaissait ma position. Je ne crois même pas que quelqu’un serait venu me dire de venir au MPP ; je lui aurais donné la même réponse et tous le savaient. Ça ne date pas d’aujourd’hui, car de toute cette élite au pouvoir, beaucoup sont passés par le scoutisme, dont j’ai été le commissaire général pendant 15 ans. Ils connaissent ma façon de penser, ce que je peux accepter ou pas. Mais j’ai toujours été convaincu que l’on aurait pu éviter la scission de 2014 si cela avait été géré autrement. Le tête-à-tête fermé entre le Président Compaoré et les trois seuls (ndlr : Roch, Salif et Simon) n’a pas été judicieux. Mais c’est du passé.

 

 

 

Mais vous étiez apparemment disposé à ce que l’ancien président fasse trois décennies au pouvoir alors que ce n’était pas en phase avec l’opinion du moment.

 

 

 

Ça ne s’est pas passé ainsi et, puis l’opinion n’a pas toujours raison. Réviser l’article 37 ne signifiait pas obligatoirement Compaoré au pouvoir pour trente ans. On peut réécrire l’histoire comme on veut. Quand la tendance passe d’un côté, tout le monde va vers cette tendance. Au moment du débat, j’avais ma position. Reprenez mes déclarations dans la presse ; elles ne correspondaient pas à ce que vous supposez. Ce qui est vrai, c’est que j’étais pour le référendum, et j’ai souhaité qu’on trouve une voie de consensus. Mais si on ne la trouvait pas, dans une République, dans une démocratie, je ne vois pas une autre voie que le référendum. Mais je n’imaginais pas du tout que c’était pour trois autres décennies. Des personnalités qui sont de nos jours très loin du CDP et haut placées peuvent témoigner que j’avais indiqué en août 2014 que si d’aventure on devait modifier l’article 37, et que si Blaise Compaoré devait se présenter en 2020, j’allais quitter le parti. Ces personnes sont toujours là. Ce ne sont pas les textes seulement qui constituent une dynamique politique.

 

 

 

Mais si on allait au référendum, le pouvoir avait beaucoup de chances de faire passer le OUI  et votre position n’aurait alors pas rimé à grand-chose.

 

 

 

Ah non ! Est-ce à cause de cela qu’on ne doit pas faire de référendum ? Dans ce cas, il faut supprimer la procédure du référendum de la Constitution, car il y aura toujours une majorité.

 

 

 

Mais dans le contexte burkinabè de l’époque, le pouvoir avait tous les moyens de faire passer son point de vue...

 

 

 

C’est ainsi partout, rares sont les pays et les cas où ceux qui sont au pouvoir ne gagnent pas un référendum. Il faut des conditions spécifiques pour que ça ne soit pas ainsi. Et puis, c’est le peuple et non la majorité politique qui vote, non ?

 

 

 

Quels sont vos rapports avec les nouveaux maîtres du pays ?

 

 

 

Ils sont très bons parce que nous avons toujours tous été ensemble. A quelques nuances près, beaucoup ont été des chefs scouts et j’ai été leur patron pendant 15 ans. Quand je suis arrivé ici en 1968 et que j’ai été nommé chef de la troupe scoute du collège de la Salle, Roch Kaboré faisait partie de mes premiers scouts. On a beaucoup fait ensemble et nos rapports demeurent excellents. Son directeur de cabinet, Seydou Zagré, m’a suivi dans toutes les brousses quand on était scout et quand le scoutisme marchait de manière plus dynamique.

 

Je n’ai aucun problème avec les dirigeants actuels. On se voit  et on discute ; surtout quand Salif Diallo était vivant, on se voyait très régulièrement. Et quand on ne se voit pas avec les dirigeants actuels et qu’il y a une question importante, je n’hésite pas à faire des documents confidentiels écrits. Parce qu’il y a des questions sur lesquelles le gouvernement fait des erreurs, le gouvernement actuel mais les autres gouvernements avant aussi. Pour ce qui est des questions fondamentales qui concernent l’Etat, j’estime qu’on doit tous être avec le chef de l’Etat et le gouvernement. Mais quand ils font des erreurs, il faut le dire aussi.

 

 

 

Quelles sont ces erreurs, selon vous ?

 

 

 

Je donne quelques exemples : je suis persuadé que la question de l’incivisme mérite d’être abordée avec beaucoup plus de détermination. Sinon, bientôt, l’Etat n’existera plus ou sera un Etat douteux. 

 

Généralement, je ne vais pas aux marches. On me l’a reproché dans le parti avant. Vous ne trouverez jamais mon nom parmi les marcheurs dans l’histoire politique du Burkina, sauf pour Yirgou. J’étais d’ailleurs l’un des premiers à la place de la Nation samedi dernier. C’est clair pour moi, quand on atteint 50 morts et qu’on connaît les faits, même si c’est un ou deux de ceux qui ont perpétré les tueries de Yirgou, il faut les arrêter. Ce n’est pas raisonnable qu’on ne puisse pas arrêter même une personne dans une situation bien connue comme celle-là. Ça ne veut pas dire qu’ils seront définitivement condamnés par la justice. Le jour où il y aura un procès, ils vont se défendre ;

 

la deuxième erreur qui a été commise à mon avis dans cette affaire, c’est que jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas eu un seul jour de deuil  national, ce n’est pas raisonnable. La tuerie a été trop loin pour qu’on ne décrète pas un ou plusieurs jours de deuil national. Je sais que la question du terrorisme n’est pas facile à gérer pour le gouvernement, mais on doit faire le maximum. N’importe qui au pouvoir aurait aujourd’hui les mêmes difficultés avec les terroristes.

 

 

 

Avez-vous pu exprimer tout cela au  pouvoir en place ?

 

 

 

Je n’ai pas pu m’exprimer parce que je n’ai pas eu l’occasion de discuter jusqu’à présent de ces questions avec les plus hauts dirigeants. De la même manière, ma position est connue en ce qui concerne la question de la nouvelle Constitution. Et je l’ai fait savoir à qui de droit en disant ceci : «Si vous dites que c’est la cinquième République, ça veut dire que c’est une nouvelle  République, ce qui signifie une nouvelle Constitution. On ne peut pas ne pas organiser de référendum». Parce que dans notre pays, aucune nouvelle Constitution n’a été instaurée sans qu’on aille au référendum.

 

 

 

Mais c’est coûteux, le référendum !

 

 

 

Mais oui, dans ce cas, il faut chercher à contourner le référendum et ses coûts par le droit, puisque cela est possible. On n’est pas obligé de dire que c’est une nouvelle République. D’ailleurs beaucoup de gens dans notre pays estiment que le changement de constitution n’est pas la priorité aujourd’hui. Je pense que la Constitution actuelle peut être améliorée, elle l’a beaucoup été sous le Parlement de la Transition, car les dispositions les plus querellées en ont été vidées. Et la Commission constitutionnelle a fait un excellent travail. On parle de nouvelle Constitution quand on change la nature du régime alors que tel n’est pas le cas. Ce régime que nous avons aujourd’hui et qui date en vérité  de 1977, aucune proposition ne le change, à moins qu’on opte pour une décision purement politique de baptiser le texte « nouvelle Constitution ».

 

Mais si le chef de l’Etat opte pour une révision constitutionnelle, le débat est terminé. On ira à l’Assemblée, la Constitution actuelle comporte des dispositions pour la révision. On peut parfaitement éviter le référendum à condition que ce soit une révision et non une nouvelle Constitution. Il y a tout dans la Constitution actuelle pour cela. Certes, il y aura beaucoup de discussions entre les partis qui sont à l’Assemblée pour atteindre la majorité requise afin que la Constitution puisse être adoptée sans aller jusqu’au référendum. Je ne pense pas  qu’au niveau de l’opposition, les dirigeants seront contre cette démarche. Chacun sait bien que l’Etat n’a pas de ressources en ce moment. L’une des difficultés, c’est que les investisseurs ne viennent plus. Le terrorisme nous prive de nos touristes. Il ne faut pas ajouter aux difficultés  de nouveaux problèmes  si on peut les éviter.

 

 

 

Que proposez-vous justement en tant que politologue pour nous sortir du péril du terrorisme ?

 

 

 

S’il existait des recettes contre le terrorisme, on le saurait ; il n’y aurait plus d’attaques à Paris, aux USA… et la guerre qui dure depuis 20 ans en Afghanistan, on n’en parlerait plus. Le terrorisme a des caractères que l’on doit comprendre si on veut faire face au mal. Je ne crois pas qu’il existe un pays qui ait pu éradiquer complètement le terrorisme. Le seul pays qui tend vers son éradication est l’Algérie, mais il y opère toujours, de manière résiduelle.

 

A mon avis, on analyse mal le problème. Des gens qu’on affronte alors qu’ils viennent pour mourir et aller au ciel ne sont pas des ennemis normaux. Des recettes classiques ne peuvent pas résoudre la situation. J’ai été pris en 2009 dans un mouvement de Boko Haram à Katsina, au nord du Nigeria. Nous avons fui de là jusqu’à Kano où on s’est encore rendu compte que le marché était contrôlé par Boko Haram. On aurait pu y mourir tous, alors que j’étais allé donner des conférences au Parlement de la CEDEAO qui y avait une session délocalisée sur le système des groupes parlementaires qui existent chez les francophones et non chez les anglophones. Ce jour-là, il a fallu la Police, à l’aide de chars, pour venir nous chercher à l’entrée de la ville, afin que nous puissions nous rendre à l’aéroport. On a été fourré dans l’avion, sans réservation ni billet. On est allé directement sur Lagos où nous avons terminé le séminaire le lendemain. C’est vous dire que j’ai conscience qu’on a en face de nous des gens qui combattent non pour vaincre, mais pour mourir. Ce n’est  pas une guerre classique.

 

Si nous passons notre temps à nous dire que, forcément, il y a quelqu’un derrière les terroristes, nous n’en aurons jamais la solution. Ça marche quand on fait la bonne analyse. La plupart du temps, il n’y a jamais eu quelqu’un derrière eux : sinon les terroristes ne feraient pas sauter les mosquées. Une mauvaise analyse d’un problème conduit toujours à une mauvaise solution.

 

 

 

Mais dans le cas spécifique du Burkina Faso, certains y voient la main de l’ancien pouvoir !

 

 

 

Quel Burkinabè connaissez-vous sérieusement, honnêtement, qui peut soutenir ces attaques ? Au sein du CDP ni d’aucun parti. Au début on disait que c’était Blaise Compaoré alors que ce dernier n’en a ni l’intention, ni les moyens financiers et politiques. Et nul ne peut sérieusement croire qu’après avoir construit ce pays pendant près de trente ans, il cherche à le détruire.

 

 

 

Vous croyez vraiment ce que vous dites ?

 

 

 

Bien sûr ! Car pour faire agir les terroristes, il faut beaucoup d’influence et de moyens. L’influence que Blaise avait quand il était au pouvoir  n’existe plus aujourd’hui. Les terroristes n’ont pas besoin de quelqu’un pour les pousser à l’action. Au centre du Mali, c’est tous les jours des attaques terroristes ; croyez-vous qu’il y ait quelqu’un derrière ? Les Nigérians l’ont compris avec Boko Haram et recherchent les solutions à l’interne. Ils discutent avec les responsables connus là-bas. Vous savez, cette zone correspond à l’ancien royaume du Kanem Bornou, si bien que le gouvernement du Nigeria discute désormais avec la chefferie et les notables de l’ex-empire.

 

L’autre élément, c’est que partout où on lutte contre le terrorisme,  on développe le renseignement à fond. Dans le cas du Burkina Faso, on a pu neutraliser Malam Dicko qui n’était qu’un pion. Il vivait à l’est du Mali, mais la galaxie va jusqu’à Kidal et au sud de l’Algérie. Pourquoi les terroristes ne frappent pas beaucoup au Niger à part Boko Haram, alors que les Touaregs y sont  concentrés ? Il y a 100 à 200 mille Touaregs au Mali, mais 1 million  500 mille au Niger. Le Premier ministre nigérien est Touareg et est à son poste depuis 7 ans. Il est ancien député. Il faut équiper sérieusement l’Armée et la Police. Et puis, si on a besoin d’aide extérieure, il ne faut pas hésiter. Beaucoup de gouvernements qui font face aux terroristes se font aider par d’autres gouvernements. Les principaux pays forts en matière de lutte contre le terrorisme sont connus. Il faut aller vers eux. Il n’y a pas de solution miracle contre les terroristes. Mais il est indispensable que l’ensemble de la population et les communautés soient mobilisés avec le gouvernement pour les contrer. Il n’y a pas d’autre solution et on ne devrait pas, dans ce type de questions, tenir compte des partis.

 

 

 

En dehors de la politique, à quoi vous vous occupez aujourd’hui ?

 

 

 

Regardez autour de vous, il y a 2000 livres dans ce bureau et j’en ai 14 000 autres à la maison. Ma seule richesse, ce sont les livres. J’ai un cabinet que j’ai créé quand j’étais ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’appelle Africa Consult & Performances, pour faire de la consultation, des études, etc., qui existe toujours et fonctionne ici. Et puis  ce bureau, c’est le Centre parlementaire panafricain. Nous avons eu l’idée en 1999, avec un certain nombre de présidents d’Assemblée, de créer une structure pour soutenir tous les Parlements du continent par la réflexion, la recherche, la formation des parlementaires. Sur le plan international, il mobilise les soutiens au parlementarisme en Afrique. Initialement, il avait été décidé qu’il serait basé à Addis-Abeba auprès du siège de l’Union africaine. Mais comme l’idée était venue de moi, j’ai fini par convaincre les autres qu’on le laisse à Ouagadougou parce qu’on y a beaucoup d’organismes internationaux. Mes principales activités en ce moment sont deux choses : le cabinet d’études et de consultation et le Centre parlementaire qui fait beaucoup de formations pour les cadres de l’Administration, des Parlements et des entreprises privées.

 

 

 

Que devient votre grand domaine dans le sud du pays… ?

 

 

 

Je suis loin de chez moi, sinon je suis fils de paysan, et chez moi, il y a des terres à ne savoir qu’en faire, des terres riches où les rivières coulent toute l’année. J’ai fait toute ma carrière à Ouagadougou. J’ai deux domaines non loin de cette ville. J’ai demandé un champ au chef  de Kayao. Je l’exploite. Je suis également allé voir le chef de terre de Bakata, à 30 km de Sapouy, où j’ai mon bétail. Je l’ai laissé en jachère ces temps-ci et c’est devenu comme une forêt. A la reprise de la prochaine saison, je compte le défricher afin  de planter de l’anacarde. Kankalaba, mon village, est à plus de cinq cents kilomètres de Ouagadougou, or je reste attaché à l’agriculture.

 

 

 

Vous qui êtes dans le domaine, est-ce qu’on n’est pas sur une poudrière foncière à cause de l’accaparement des terres par les plus fortunés des villes ?

 

 

 

Ce problème ne commence pas par les fortunés, contrairement à l’imagination populaire. Il y a des problèmes d’occupation des terres déjà à la base. L’on avait l’habitude de défricher 3 à 4 hectares de champs par famille. Aujourd’hui, grâce à la charrue et au tracteur, certains ont des exploitations de 100 à 200 hectares, même sans étrangers ou accaparement des terres. Cela crée des problèmes entre les jeunes, entre les familles qui reviennent de Côte d’Ivoire. Je vois chez nous à Kankalaba comment cela évolue ; ensuite, il y a le problème des migrations des compatriotes qui viennent du centre et du nord du pays. Des Peuls, il y en a partout chez nous maintenant, et cela crée d’autres problèmes entre éleveurs et agriculteurs qui se gèrent, heureusement, facilement. Les Mossi qui s’installent chez nous discutent avec les chefs de terre et on leur donne les conditions d’exploitation des terres. Généralement à ce niveau, ça se passe bien. Pour ce qui est de l’accaparement des terres, même parmi ceux que vous considérez comme les plus puissants du pays, les fonctionnaires, il n’y a pas grand monde qui ait un champ de 200 hectares. C’est l’organisation à la base que l’on doit changer, puisqu’on n’a pas encore de grands investisseurs qui accaparent les terres. Ce qui ne veut pas dire que ça ne viendra pas. Le gouvernement doit être vigilant pour que les investisseurs privés n’entrent pas au Burkina pour l’accaparement de nos terres.

 

 

 

Entretien réalisé par

 

San Evariste Barro

 

Lévi Constantin Konfé

 

Aboubacar Dermé

 

Assiata Savadogo

 

Dernière modification ledimanche, 20 janvier 2019 17:11

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