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Christophe Dabiré nommé PM : L’opinion passe l’élu de Roch à la loupe

Après la démission du Premier ministre Paul Kaba Thiéba, les Burkinabè s’impatientaient de voir la perle rare que le président Roch Marc Christian Kaboré allait trouver pour occuper le fauteuil de la primature. Après une attente qui a duré près de 72 heures, on connaît le nouveau PM, qui n’est pas un néophyte de la scène politique : Christophe Joseph Marie Dabiré, Premier ministre burkinabè depuis l’après-midi du lundi 21 janvier 2019, a déjà traîné sa bosse dans des institutions du pays, notamment aux ministères de l’Enseignement supérieur, de la Santé… Sur sa nomination, bon nombre de responsables politiques et d’autres citoyens se sont prononcés. Si certains sont sceptiques et se demandent si on peut faire du neuf avec du vieux, d’autres préfèrent attendre de le juger à la tâche.

 

 

Tahirou Barry

« Il a l’expérience de la gestion de l’Etat »

 

« C’est une personne qui a déjà l’expérience de la gestion d’Etat, qui peut apporter sa modeste contribution pour impulser une nouvelle dynamique à notre processus de développement. Nous lui souhaitons bonne chance. Pour sortir le pays de sa situation actuelle, il faut d’abord qu’il dise la vérité au peuple sur l’état réel de la nation ; ensuite il faut prendre des mesures fortes, très énergiques et adaptées pour affronter les menaces et attaques terroristes, redonner vie à notre économie  et espoir au peuple, particulièrement à la jeunesse ».

 

Moussa Zerbo, porte-parole de l’UPC

« Nous n’allons pas condamner quelqu’un que nous n’avons pas vu à l’œuvre »

 

« Chez nous comme on aime le dire, il faut éviter de tomber dans des critiques stériles. Le nouveau Premier ministre qui a été nommé n’est pas un nouveau sur la scène politique burkinabè. Nous n’allons pas condamner quelqu’un que nous n’avons pas vu à l’œuvre. Si le président du Faso lui a fait confiance, nous pensons, à l’UPC, qu’il sait que l’homme est en mesure de gérer la situation qui prévaut. Nous le félicitons et lui souhaitons bon vent.

Il faut qu’il s’élève au-dessus de la mêlée et aille au charbon. Nous attendons de lui des actions concrètes qui sont, entre autres, lutter efficacement contre l’insécurité que connaît notre pays, donner des signaux forts pour que nous puissions être en orbite, notamment sur les questions de cohésion sociale, d’éducation, car il y a des milliers d’enfants burkinabè qui ne vont pas à l’école aujourd’hui, la santé et la relance de l’économie qui est en panne. Quant à ce qu’il doit faire concrètement, en tant que manager, il lui reviendra de trouver des ressources nécessaires pour relever les défis chers à notre pays. »

 

Alexandre Tapsoba, président du groupe parlementaire MPP

« Quel que soit le gouvernement, que le travail d’équipe puisse être mené »

 

Si le chef de l’Etat a désigné M. Dabiré, c’est qu’il connaît ses compétences  et ce que nous recherchons : le travail en équipe et surtout booster le développement. La situation actuelle est connue : l’insécurité. Qu’il prenne cela en compte parce que c’est dans la quiétude qu’on peut réaliser le développement. On ne peut que le saluer et lui souhaiter beaucoup de courage. Qu’il prenne conscience des enjeux, et, quel que soit le gouvernement qui sera mis en place, que ce travail d’équipe là puisse être mené et prenne également en compte les besoins de nos populations.

 

Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA

« Il faudrait qu’il assume sa responsabilité »

 

Je voudrais d’abord le féliciter pour la confiance qui a été placée à lui à un moment aussi difficile que celui que vit notre pays, le Burkina Faso. J’espère qu’il pourra assumer la fonction nouvelle qu’il vient d’accepter. Je dois reconnaître que la mission n’est pas simple. J’avais eu plusieurs fois à recommander au chef de l’Etat d’entreprendre immédiatement une concertation avec toutes les forces vives de la nation et y recueillir les avis des uns et des autres pour apporter des réponses. Impliquer toutes les populations du Burkina dans la lutte contre le terrorisme. Je pense que lui devrait continuer ce travail, il faut qu’il soit à l’écoute, qu’il aille vers tout le monde, qu’il travaille à rassembler, apporte des réponses aux préoccupations réelles du peuple burkinabè. Je pense que s’il fait cela, il y a de fortes chances qu’il puisse ramener le pays sur le bon chemin. Il faut qu’il prenne des décisions mais pas forcément des décisions qui vont faire plaisir, surtout pas à ceux qui l’ont nommé, il faudrait qu’il assume sa responsabilité.

 

Aly Sidibé, étudiant en lettres modernes

« Il faut un changement radical du système »

 

Le nouveau Premier ministre trouvera le même président. Il fera la même chose que le système qui est en place. Même s’il veut faire autrement, il sera obligé de suivre le système. Pour qu’on puisse avoir un changement véritable, il faut qu’on change complètement le système. Je propose le changement radical du système pour qu’on puisse aller de l’avant. Avec ce système, on ne pourra jamais trouver de solution. Il faut quelqu’un à la hauteur et qui sache taper du poing sur la table quand il faut.

 

Pr  Albert Ouédraogo, enseignant d’université

« J’espère qu’il aura une tête de poule et non de pintade »

 

Je me réjouis de la désignation de M. Dabiré comme Premier ministre dans la mesure où il a déjà fait ses preuves par le passé. Il a un carnet d’adresses, une expérience et une connaissance du terrain, chose dont le manque était reproché énormément à Kaba au regard du fait qu’il est resté très longtemps dans la diaspora. Ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose, la preuve, malgré tout, il a pu apporter sa touche. S’agissant du nouveau, il est au courant des défis et s’il a accepté de venir en cette période cruciale du Burkina, c’est pour mettre en place un gouvernement de combat : à situation de crise, gouvernement de crise. Je lui souhaite bon vent, du courage. La tâche ne sera pas facile, elle sera ardue, mais je pense que tous les Burkinabè animés de bonne volonté seront prêts à l’accompagner pour peu qu’il s’inscrive dans l’ouverture, l’inclusion et la justice. Il serait difficile de dire qu’il pourra ou ne pourra pas relever le défi. Vous savez, la question de gouvernance est une question d’aura, de chance. Dans les traditions, vous savez, on disait que quand vous êtes à la tête d’un Etat, d’une région  ou d’un village, c’est en fonction de votre capacité de fédérer toutes les ondes positives autour de vous. Si vous êtes plein d’ondes positives, vous allez avoir à gérer des choses qui paraissent compliquées, mais avec beaucoup de facilité. Mais il y a aussi la tête de pintade : quand vous arrivez, vous accumulez tous les difficultés, malheurs et problèmes. J’espère qu’il aura une tête de poule et non de pintade.

Romain Baguian, étudiant en histoire et archéologie

 

« J’exhorte la population à faire preuve de civisme »

 

« Ce que nous attendons de ce Premier ministre, c’est qu’il arrive à satisfaire les besoins des Burkinabè. Actuellement nous sommes confrontés à des problèmes de sécurité, de chômage, et moi, en tant qu’étudiant, mon souhait est qu’il résolve le problème de l’université et en général de l’éducation. J’exhorte la population à faire preuve de civisme. Si nous revoyons le côté civisme, je pense que tout ira bien. Soyons tolérants envers nos autorités et voyons ce qu’elles nous.

 

Mwinzou Poda, étudiant en sociologie

« Je ne m’attendais pas encore à un économiste »

 

« Je félicite le courage qu’il a eu d’accepter ce poste dans une situation vraiment instable. Je ne m’attendais pas encore à un économiste pour diriger le gouvernement. Je ne dirai pas forcément un homme de tenue mais pas un économiste. Quelqu’un du gouvernement passé pouvait mieux reconduire les choses. On ne sait pas encore, mais pour le moment, on ne peut pas dire qu’il ne pourra rien faire donc on observe. Si le gouvernement pense qu’il lui faut un économiste pour accroître ses ressources, à mon niveau ce n’est pas le cas parce que nous sommes dans une situation où il faut mettre l’accent sur la stabilité du pays. Et non sur des gens qui sortiront communiquer des chiffres ; cela ne résoudra pas la question de l’insécurité ».

 

Dr Issiaka Tiendrebeogo, enseignant à l’Université

« Il lui faut des hommes avec beaucoup de cran»

 

« Je pense que c’est un homme pétri de talents, pour avoir été ministre de l’Enseignement supérieur et de la Santé. Je pense qu’il peut avoir une carte à jouer, mais je pense qu’il faut qu’il ait des hommes qui ont du cran pour l’accompagner parce que notre pays traverse une période sensible de son histoire et on aura besoin de son expérience. Ce qu’il faut souligner comme tache noire, c’est que quand il était ministre de l’Enseignement supérieur, nous avons connu l’année invalidée, et quand il était ministre de la Santé, nous avons eu cette crise de la méningite jamais connue dans l’histoire du Burkina Faso. Mais il ne faut pas que cela joue sur ses résultats au niveau de la primature. Je pense que l’on apprend toujours de ses échecs.  S’il s’entoure d’hommes compétents, je pense qu’il pourra relever les défis, surtout sécuritaire et économique, pour les deux ans qui restent et rehausser l’image du Burkina aux niveaux national et international ».

 

Mouctar Thanou,  enseignant de philosophie

« Il réussira s’il a une oreille attentive et  s’il ne tente pas de plaire au MPP »

 

« Nul n’est mieux que lui. On saura l’apprécier à la tâche. Nous pouvons tous jouer le rôle de PM. Si on doit avoir des idées stéréotypées sur lui, c’est dangereux. Nous pouvons occuper ce poste pour peu que l’on ait une oreille attentive, pour peu qu’on ne se laisse pas emporter par la politique politicienne, par la volonté de faire ce qui plaît au parti au pouvoir.

Les défis sécuritaires sont une préoccupation de toute la sous-région, pas du Burkina Faso seul. Nos autorités doivent comprendre que nous ne sommes plus à l’ère des guerres de Napoléon ou de Louis XIV. Les écoles de Saint-Cyr n’ont plus leur place. Il y a de nouvelles formes de guerre. Il faudrait que l’on comprenne que nous avons affaire à des gens qui sont banalisés et camouflés. Pour pouvoir leur faire face, on doit avoir la même apparence. On n’a pas besoin de cargaison de gendarmes ou de militaires pour aller à l’assaut de ces individus. On devrait se  fondre  dans la population.  Autant nous sommes informés, autant eux aussi le sont. Il faut que l’on cesse de penser que c’est le régime déchu qui nous menace même si, par moments, certains prennent le maquis pour rendre service aux deux généraux qui comparaissent actuellement. Au-delà de cela, la route de la drogue, des armes passe par le Nord-Mali, le Niger et le Burkina. Nous avons hérité d’une situation et nous devons dialoguer. Ce qui se passe au Mali peut se faire ici et même pire. Aucune armée ne pourra y faire face. Ce n’est pas une question de personne mais de groupe, de stratégie  commune ».

 

Arsène Koutou,  employé de banque

« Son choix ne changera pas grand-chose »

 

« Son choix ne changera pas grand-chose. C’est juste un homme pour remplacer un autre. La politique sera la même et les opposants seront là pour critiquer et mettre les bâtons dans les roues du gouvernement ; ainsi va la démocratie et c’est le peuple qui en souffre. Cela dit, nous n’espérons  rien de ce nouveau PM et de son équipe qui, je crois, est déjà constituée sans lui. Nous prions Dieu pour la paix et la sécurité dans notre pays.

Sa capacité à répondre aux défis de l’heure dépendra beaucoup du président Roch Kaboré. Le PM, même s’il a la volonté, tant qu’il n’a pas les cartes en main et les moyens, il ne réussira rien ».

 

Alexandre Sankara, député  du PUR (Les progressistes unis pour le renouveau)

« Le président Roch a déjoué tous les pronostics »

 

« Il faut dire que le président du Faso, Roch Kaboré, a déjoué tous les pronostics en allant chercher M. Dabiré dont le nom n’était sur aucune tablette des organes de presse. Passé cette surprise, la nomination de Christophe Joseph Marie Dabiré est pour moi un retour au passé. S’agit-il d’un handicap ou d’un avantage ? On le jugera à l’œuvre.

Contrairement à Paul Kaba Thiéba, le nouveau PM correspond au portrait-robot dressé par les analystes politiques : un économiste de haut vol qui connaît parfaitement le landerneau politique et a une parfaite connaissance des dossiers. M. Dabiré a été ministre, puis député sous Blaise Compaoré. Il a été également commissaire à l’UEMOA. Théoriquement, il a tout pour être un bon chef d’orchestre. Cela suffira-t-il au regard des nombreux défis  qui se présentent à lui ? C’est trop tôt pour tirer des conclusions. Attendons de voir le reste des musiciens et on pourra prédire les notes qui nous seront servies. Pour l’instant, félicitations au nouveau PM et bon vent à lui ».

 

Bassolma Bazié, responsable syndical

«Ce choix m’invite à un renouvellement accru de vigilance»

 

« D’abord en tant que personne physique, je ne vois pas en quoi ce que je pense de lui pourrait avoir un intérêt particulier. Par contre, en tant qu’ELEMENT faisant partie d’un SYSTEME depuis des dizaines d’années, et donc ayant déjà agi au nom de ce SYSTEME, et encore remis en jeu par le même SYSTEME, c’est cela qui m’invite davantage à un renouvellement accru de vigilance. En effet, et de façon succincte, sauf erreur de ma part, Monsieur Christophe Marie Joseph Dabiré, sous la direction du CDP, a été : ministre de la Santé de 1992 à 1997 ; ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique de 1997 à 2002. Et c’est pendant sa gestion ministérielle qu’il y a eu l’invalidation de l’année scolaire et universitaire 1999-2000 ; avec une création « d’intra et extra muros », député de 1997 à 2007 ; et Président de la Commission Finances et Budget pendant la législature 2002-2007 ; ancien Commissaire chargé du marché régional, du Commerce, de la Concurrence et de la Coopération de l’UEMOA. La même UEMOA dont les indicateurs sont intensivement récités et appliqués de façon expressément erronée par nos dirigeants pour détruire le pouvoir d’achat des travailleurs, voire créer une confrontation entre les travailleurs et les autres couches sociales.

Malheureusement des organisations, sans digérer ce qui leur est balancé comme message, le reproduisent en germes de division sociale.

Ensuite, et de ce qui précède, la démission et la nomination d’un Premier ministre ne sont pas un évènement, d’autant que nous sommes habitués à ce jeu de chaises et par conséquent, sachons aller au-delà de l’émotionnel. Ce qui serait un évènement, c’est un Premier ministre qui pourrait faire fi  des intérêts d’un SYSTEME qui l’envoie en mission et servir ceux de son peuple. Ce qui ressemblerait à un rêve, et je ne souhaite pas avoir un réveil douloureux ne serait-ce qu’en osant somnoler.

Enfin, et de toutes les façons, les travailleurs et notre peuple doivent comprendre et retenir, comme il a toujours heureusement été le cas, que les acquis sont les fruits de la mobilisation, de l’unité, de l’engagement et de la détermination dans la lutte. Comme dit précédemment, en tant que missionnaire d’un SYSTEME, j’ignore évidemment les qualités et critères qui ont prévalu à son choix, encore moins à sa lettre de mission. Donc ce serait prétentieux de ma part de m’engager dans de telles appréciations. Par contre et ce qui est clair, il y a des préoccupations qui sont sur la table du Gouvernement qui l’attendent au nom de la continuité de l’Etat. Donc les propos du genre « je viens d’arriver, il me faut du temps pour mieux comprendre, etc.» n’auront pas lieu  d’être. En effet, et sans être exhaustif, le gouvernement doit veiller à : la réintégration des policiers, GSP et militaires injustement radiés ; la mise en œuvre des protocoles d’accord (CNSE, CSMEF, santé, etc.) ; la réduction du train de vie de l’Etat (suppression des institutions pléthoriques et budgétivores ; suppression des postes fantaisistes ; respect du décret de décembre 2008 sur les émoluments des ministres ; ramener le budget de l’Assemblée nationale à celui d’avant l’insurrection, etc.) ; la diminution des prix des hydrocarbures conformément à l’ordonnance du 24 mai 2013 et du Code général des impôts ; la finalisation de la relecture de la Loi 028 portant Code du travail ; le jugement de tous les dossiers de crimes économiques et de sang ; l’effectivité des Conseils de discipline dans toutes les Institutions ; la signature des arrêtés portant coupure pour fait de grève et celui portant transport des agents de l’Etat pour affectation par nécessité de service ; l’annulation des taxes injustes et « doublon » dans la loi de finances gestion 2019, etc.

Dans tous les cas, notre rôle de contre-pouvoir qui consiste à contrôler l’action politique, à dénoncer, à résister commande un état de veille accentué ; dans la mesure où, là où il y aura exploitation et répression, il y aura organisation, mobilisation et résistance ».

 

Smockey, artiste musicien

« Les chats ne font pas de chiens »

 

« C’est un monsieur qui est comptable de la gestion de l’ancien régime. On veut faire du neuf avec du vieux. Un homme qui incarne la vision du changement. C’est la déception. C’est un monsieur qui a pactisé avec l’ancien régime plus de 10 ans. Ça va être difficile pour lui. Dans les coulisses j’ai ouï dire que c’est un choix stratégique pour contrer la fronde sociale, mais c’est ce qui serait encore plus grave. Cela signifierait qu’il est à sa place pour épargner le gouvernement et non résoudre les problèmes. Cela semble être une nomination préparant la campagne. Je ne vois pas son utilité. On s’attendait à  quelque chose de plus vif et courageux, assez crédible qui peut rassembler la majorité des Burkinabè.

C’est l’un des ministres sous lequel il y a eu l’une des rares années blanches qu’au Burkina Faso. Il nous faut quelqu'un qui prenne la mesure de toute la charge qui pèse sur lui, quelqu'un qui pourra siffler la fin de la récréation. Je  doute de la capacité de ce nouveau PM à en finir avec les nombreux défis, car il ne l’a pas démontré forcément dans le passé. Nous l’attendons à l’œuvre, peut-être qu’il va surprendre. On verra bien.»

 

David Oke, étudiant en sciences exactes appliquées

«Le PM doit œuvrer à ce que la population lui fasse confiance»

 

« Le nouveau Premier ministre ne va pas proposer des solutions miracles aux problèmes des Burkinabè. Si c’est ce que certains croient, moi en tout cas je ne le crois pas. Le pouvoir en place suit une idéologie dans laquelle tout est déjà tracé. Par exemple la loi de finances 2019 a déjà été votée. Est-ce que lui, en tant que Premier ministre, peut y apporter une modification ? Je ne le pense pas. Je considère qu’il vient lui aussi prendre sa part de butin et non proposer quelque chose de spécial. Le changement de Premier ministre n’implique pas le changement que nous attendons. Attendre quelque chose du nouveau patron du gouvernement, c’est nourrir de faux espoirs. Actuellement les priorités du Burkina sont énormes. Il y a au premier plan la sécurité. Le nouveau PM doit œuvrer à ce que la population ait confiance en son gouvernement. S’il arrive à gagner cette confiance, tant mieux pour lui ! Mais personnellement je n’y crois pas. »

 

Adama Nion, commerçant

« Sa priorité devrait être la sécurité et la stabilité du pays »

 

Il ne faut pas se voiler la face, nous vivons actuellement dans un pays où règnent la peur et la psychose du fait des attaques terroristes. Chaque jour, on apprend qu’on a tué par-ci et par-là. La nuit on ne dort réellement pas. Or jusque-là il n’y a eu que des promesses en ce qui concerne la sécurité, et on ne fait que déplorer des morts quotidiennement. Nous n’avons pas connu le pays dans cette situation. La priorité du nouveau Premier ministre devrait être donc de faire en sorte que le pays retrouve sa stabilité d’antan. En dehors de cette question sécuritaire, il devra sérieusement se pencher sur les conditions de vie des populations. Après les élections, le pouvoir de Roch avait promis une baisse des prix des céréales. Jusque-là aussi, c’est resté une promesse et la situation ne fait d’ailleurs qu’empirer. Vous l’avez constaté ces derniers temps avec les prix des hydrocarbures.

 

Ali Sawadogo, étudiant en Sciences exactes et appliquées (SEA)

« Je salue la démission de son prédécesseur »

 

« Le nouveau PM ne viendra pas changer le Burkina. Nous Africains, nous croyons trop au miracle. Le miracle n’a pourtant jamais sauvé un Etat. C’est plutôt au peuple de prendre ses responsabilités. Sur la question sécuritaire, par exemple, il est temps que nous prenions conscience que nous avons un ennemi commun et agissions dans ce sens. Il est temps que nous prenions conscience que nous vivons les mêmes réalités. Je ne crois pas en un changement parce que nos pays attendent trop de l’aide. On nous parle par exemple du PNDES depuis longtemps mais l’on voit à peine ses résultats. Aucun Etat ne s’est jamais développé avec les aides. Je salue au passage l’acte de démission du Premier ministre sortant, parce que lorsqu’on te confie une tâche et que tu te rends compte après une longue série d’expériences que tu ne parviens pas à l’exécuter, il est bon de rendre le tablier. C’est une forme d’honnêteté à l’égard de ceux qui t’ont confié la tâche. Cela doit servir d’exemple à nombre de nos dirigeants qui accumulent parfois des postes de responsabilité mais n’arrivent pas à satisfaire les attentes de leurs concitoyens. »

 

Pascal Yonli, étudiant en SEA

« C’est une désolation »

 

« Le profil du nouveau Premier ministre ne m’est pas convaincant. C’est pour moi une désolation. Rappelons  qu’il a été ministre de la Santé de 1992 à 1997 si ma mémoire est bonne et, de 97 à 2000, ministre de l’Enseignement supérieur. De ce fait, il a été l’un des acteurs principaux qui, après l’adoption du Programme d’ajustement structurel, a achevé le travail terrain de ce référentiel qui a contribué à plonger nos systèmes éducatif et sanitaire dans une situation pas reluisante qui perdure aujourd’hui. C’est encore pendant son passage au ministère de l’Enseignement supérieur que l’université a connu  l’invalidation d’une année académique. J’ai l’impression, avec cette nomination, que l’on sera amené à vivre une situation qu’on ne veut plus revoir. »

 

Propos recueillis par

Lévi Constantin Konfé,

Harold Alex Kaboré

Bernard Kaboré

Rabiatou Congo

Dernière modification lemardi, 22 janvier 2019 23:37

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