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Chirurgie de l’obésité : Le poids sur mesure, c’est possible au Burkina

L’obésité est aujourd’hui une maladie chronique qui touche beaucoup de personnes dans le monde, aussi bien des riches que des pauvres. Outre le poids excessif, qui constitue parfois un handicap, elle entraîne des maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle et les arthroses. De plus, quand l’obésité est sévère (quand l’indice de masse corporelle est supérieur à 35), les régimes alimentaires n’y peuvent rien. Et pour éviter les maladies qui en sont les corollaires, la chirurgie est indiquée pour une perte durable de poids. Oui, nous parlons bien de la chirurgie de l’obésité qui est aussi pratiquée au Burkina par des spécialistes qui savent «tailler sur mesure». Sachons-en davantage avec le Pr Gilbert Bonkoungou, spécialiste en chirurgie générale et viscérale, en vidéochirurgie.

 

L’obésité est un phénomène mondial. On en  parle parfois sans savoir ce que c’est vraiment. Véritable problème de santé publique, elle est une maladie qui entraîne bien d’autres. Définie comme une augmentation globale de la masse graisseuse d’un individu, l’obésité est classée en différents stades allant du moins grave au plus grave. Le degré d’obésité est déterminé en faisant le rapport entre le poids et la taille de l’individu à travers le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC). Lorsque l’IMC est supérieur à 30, on parle d’obésité. Mais à quel stade de l’obésité la chirurgie est-elle indiquée ? Qui décide de faire de la chirurgie de l’obésité, le malade ou le médecin ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Cette chirurgie est-elle réalisable au Burkina ? Et à quels frais ?  

Selon le Pr Gilbert Bonkoungou, spécialiste en chirurgie qui nous a reçue le mercredi 16 janvier 2019 à la clinique Wendtoin, sise au quartier Cissin de Ouagadougou, la chirurgie peut être indiquée quand l’IMC est supérieur à 40. « A ce moment on parle d’obésité morbide. Cela veut dire que si on ne fait rien, la personne court le risque de faire un certain nombre de maladies. De façon générale, au-delà de 35 d’IMC, certaines personnes ont soit le diabète, soit l’hypertension artérielle, des arthroses au niveau des hanches, des genoux ou des problèmes de lipide dans le sang », a-t-il indiqué.

En règle générale, la chirurgie de l’obésité est une «prescription» médicale. Toutefois, certains patients viennent spontanément demander ce type d'intervention chirurgicale. Mais selon le spécialiste, cet acte médical n’est entrepris qu’après un entretien sérieux avec le patient et une concertation entre un collège de spécialistes constitué d’un nutritionniste, d'un endocrinologue, d’un psychologue, d’un gastro-entérologue, d’un pneumologue, parfois du cardiologue et bien entendu du chirurgien. « En discutant on peut même se rendre compte que certains malades ont juste besoin d’un régime alimentaire. Mais chez d’autres, par contre, il faut forcément faire la chirurgie. Alors ces spécialistes vérifient l'absence de contre-indication. La procédure, les avantages et les inconvénients sont décrits au patient», a souligné Pr Bonkoungou.

La chirurgie de l’obésité contribue à réduire de façon drastique les quantités ingérées (pas plus de 100 ml) par repas. Et il existe plusieurs moyens chirurgicaux pour y parvenir, selon le chirurgien : « Soit on met une espèce de ceinture au niveau de l’estomac (la technique de l’anneau gastrique : ndlr) pour diminuer les quantités, soit on réduit la taille de l’estomac (la restriction gastrique : ndlr) ou on réduit la taille de l’estomac et les quantités absorbées par l’intestin en créant ce qu’on appelle un court-circuit ».

Mais à en croire toujours notre spécialiste, la technique de l’anneau gastrique est moins pratiquée de nos jours, car il a été démontré qu’au bout de 2, 3 ans, les patients reprennent du poids. « La grande tendance actuellement, c’est la restriction gastrique, qui peut être combinée avec la méthode de malabsorption. L’intervention se fait à travers de petites incisions en utilisant la vidéochirurgie ou chirurgie laparoscopique. Cette méthode permet de faire perdre beaucoup de poids », a-t-il assuré

Mais quel intérêt même à faire une chirurgie de l’obésité ?

A entendre le Pr Bonkoungou, on gagne à faire une telle intervention. « En dehors de la perte de poids, cette chirurgie améliore la comorbidité, c’est-à-dire les morbidités qui accompagnent l’obésité. Et comme je l’ai déjà dit, il s’agit de maladies comme le diabète, l’hypertension, les problèmes de mauvaises graisses dans le sang, les problèmes d’arthrose de genoux et bien d’autres maladies comme l’apnée du sommeil (des personnes qui, au cours du sommeil, arrêtent de respirer parce qu’elles sont grosses). Une fois que ces personnes sont opérées parce qu’elles ont une obésité morbide, il y a aussi un impact positif sur ces différentes maladies. Les chiffres de la tension ont tendance à diminuer, les chiffres de la glycémie vont s’améliorer, les maux de genoux et de dos vont énormément diminuer. En somme, elle confère un meilleur confort de vie. La personne, psychologiquement, va se sentir mieux parce qu’elle est plus fréquentable, peut s’habiller comme elle veut, et ne fait plus l’objet d’une certaine discrimination. Un impact positif donc sur sa vie », a-t-il égrené. Vraiment tentant, n’est-ce pas ?

Mais, on le sait, toute œuvre humaine à ses limites. Quels sont alors les risques d’une chirurgie de l’obésité ? Sur cette question, le Professeur s’est voulu tout aussi rassurant : « En matière d’inconvénients, il s’agit des complications d’ordre général qui peuvent survenir lors d’une intervention chirurgicale. Hormis cela, le seul inconvénient que je peux citer, c’est la perte de poids. Imaginez-vous quelqu’un qui passe de 180 kg à 110 kg, beaucoup de gens peuvent s’en étonner et se demander si cette personne n’est pas atteinte de maladie grave. Mais nous prenons le soin d’expliquer à nos malades qu’il y a toute une modification qui va s’opérer dans leur morphologie et qu’ils doivent apprendre à accepter ».

Et depuis que la clinique Wendtoin a commencé à proposer cette chirurgie, ce ne sont pas les « clients » qui ont manqué : de 2016 à 2018, une trentaine de personnes y ont été opérées sans complications majeures. Les hommes et les femmes âgés de  moins 60 ans peuvent prétendre à la chirurgie de l’obésité. Et dans une moindre mesure les enfants. «Nous avons eu exceptionnellement à opérer un enfant de 13 ans qui avait 126 kilos. Chez les enfants obèses en général, il faut simplement un suivi nutritionnel ajouté à de la rigueur parentale. Mais celui dont je parle avait déjà les genoux déformés par le poids », a-t-il précisé. 

Même si ce sont les femmes qui se montrent le plus intéressées par cette chirurgie, il n’en demeure pas moins que certaines d’entre elles, des jeunes filles en l’occurrence, restent hésitantes, de peur de ne plus pouvoir avoir d’enfants. Cependant, à en croire toujours le Pr Bonkoungou, il n’y a aucun rapport entre la chirurgie de l’obésité et la fertilité de la femme. Seulement, a-t-il relevé, nous conseillons aux femmes qui veulent faire cette intervention de ne pas être enceintes ou de ne l’être qu’au moins deux ans après l’opération. Cela, parce que la grossesse risque de majorer le reflux qui intervient après la chirurgie et qui peut être très gênant.

Une autre question, qu’on peut légitimement se poser sur un tel acte médical, c’est est-on à 100% sûr de ne plus grossir ? Ça dépend, dira notre spécialiste. « Tout dépend de la capacité de la personne opérée à respecter scrupuleusement les consignes, car il faut une certaine discipline à observer. Cette discipline commence avant même l’intervention par le suivi des conseils donnés par les nutritionnistes et se poursuit après l’opération avec un certain nombre de mesures dictées par l’équipe chirurgicale qui permettent à la personne de maintenir son poids. Rarement il y a eu reprise de poids », s’est-il voulu confiant.

Tous ces doutes levés, une grande interrogation subsiste tout de même et certainement que vous l’émettez. 

C’est… l’accessibilité des coûts. Selon notre médecin, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire à ce niveau, car les prix sont bien étudiés. « C’est vrai que c’est une intervention chirurgicale qui nécessite un équipement adéquat comme le plateau technique et le consommable qui est à usage unique. Le plus souvent, ce sont des espèces de petites machines à coudre à usage unique que nous utilisons. Conséquence, le coût a tendance à monter. Mais nous faisons des forfaits et je puis dire que nos prix sont vraiment bas par rapport à ceux des pays maghrébins où les gens avaient l’habitude de se rendre pour ce genre d’intervention », a-t-il indiqué avant d’assurer qu’il y a au Burkina des compétences pour faire la chirurgie de l’obésité.

 D’ailleurs après l’opération, le malade reste hospitalisé quatre jours environs, plus deux semaines de convalescence avant de reprendre ses activités. Et de souligner : « Il faut être fier qu’il y ait des compétences au pays qui opèrent l’obésité. Cette chirurgie n’est pas pour les riches, comme le pensent certaines personnes. Il faut simplement se dire qu’il y a une possibilité de maigrir en passant par une intervention chirurgicale qui réussit là où le régime a échoué. En plus, la chirurgie de l’obésité permet de corriger les comorbidités et permet au malade d'être bien dans sa peau ».

 

 

Encadré

 

Témoignage

De 110 kg en 2017, je suis aujourd’hui à  76 kg

 

Madame C.A., commerçante à Ouagadougou et mère de 4 enfants, a expérimenté la chirurgie de l’obésité en 2017 et s’en dit satisfaite. Témoignage.

 

« Je l’ai faite tout d’abord pour des raisons de santé, sachant qu’avec l’obésité, on est exposé à beaucoup de maladies comme la tension et le diabète. En plus des maladies, je me sentais lourde et paresseuse. Je ne pouvais pas faire des mouvements comme je voulais. Par exemple, une fois que je m’asseyais, pour me relever c’était difficile. En plus de cela, je  voulais faire plaisir à mon mari. J’ai fait l’intervention en 2017 alors que je pesais 110 kg. Dieu merci, ça s’est bien passé et je n’ai pas eu de problèmes sauf que je devais manger moins et si je  dépassais la quantité requise, après j’avais mal. Mais depuis que j’arrive à me contrôler, je m’en sors bien. Aujourd’hui je suis à 76 kg. Je me sens bien et je suis satisfaite. Je me déplace sans difficultés et m’habille comme je veux. Je ne suis pas de régime alimentaire et ne suis pas non plus régulière au sport ».

  

ASK

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