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Cantines scolaires : «Si dans le peu qu’on donne, des gens doivent couper… » (Roger Ilboudo, DAMSSE)

 

Historique des cantines scolaires, organisation et fonctionnement, bilan ; voilà, entre autres, les points qui ont été abordés lors de la conférence de presse animée par Roger Ilboudo, directeur de l’Allocation des moyens spécifiques aux structures éducatives le mardi 12 février 2019 à Ouagadougou. Parlant des tentatives de malversation, le conférencier du jour s’est indigné en ces termes : «Si dans le peu qu’on donne, des gens doivent encore couper, il y a un problème».

 

 

Dernièrement, le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales a été approché par plusieurs journalistes en quête d’informations sur les cantines scolaires. Raison pour laquelle le département a organisé une conférence de presse à laquelle plusieurs hommes de médias ont pris part. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rencontre a été soigneusement préparée. En effet, rien que dans la déclaration liminaire dont la lecture a duré près de trente minutes, on avait déjà tous les éléments dont on peut avoir besoin. Ainsi, en écoutant la présentation détaillée faite par Roger Ilboudo, directeur de l’Allocation des moyens spécifiques aux structures éducatives (DAMSSE) sur l’historique des cantines scolaires, on a tout de suite compris qu’au Burkina, il y a trois structures qui interviennent à ce niveau. Le Catholic relief services (CRS), qui a voulu pérenniser le système après le départ du colon en 1960, l’Etat et le Programme alimentaire mondial (PAM).

 

En matière de bilan aux préscolaire et primaire, le premier, au titre de l’année scolaire 2017-2018, a été doté au niveau de 886 écoles et structures préscolaires programmées avec un tonnage de 2 629,047 (niveau d’exécution de 99,87%) pour un budget de près de 3 milliards de F CFA. En ce qui concerne les interventions de l’Etat, 965 établissements ont reçu, dans la zone CRS, 1 618,34 tonnes de marchandises. 1 013 structures préscolaires dans les treize régions sont couvertes par la dotation de l’Etat, mobilisant 917,68 tonnes de vivres. Sur 28 structures éducatives (écoles inclusives, centres d’accueil d’enfants en difficultés, etc.) prévues, 21 ont bénéficié de 56,14 tonnes de vivres. Quatorze communes (Zabou, Toussiana, Sanaba, Sourgou, Yargatanga, Gossina, Libtougou, Bogandé, Boussé, Doulgou, Komsilga, Loumbila, Kompoin et Saponé) n’ont pu acquérir de denrées, et dix parmi elles ont bénéficié d’une dotation spéciale pour 246 écoles sur 356 programmées.

 

Le PAM, avec un budget d’environ 1,139 milliard de F CFA, a acquis 967 tonnes de vivres sur 1 560 attendues au profit de 330 structures au lieu de 570.

 

 

 

«Les cantines que l’Etat crée couvrent seulement trois mois»

 

 

 

Au niveau du postprimaire et du secondaire, l’Etat a alloué 1 650 000 000 de F CFA. Cet argent a servi à la restauration et à l’hébergement des candidats déplacés du baccalauréat 2018 pour un montant de 272 500 939 de francs. Le reste a servi à l’acquisition des vivres pour les dotations des établissements. Il s’agit de bidons d’huile, de pâtes alimentaires, de riz local, de cartons de concentrés de tomate, de haricot local et de cartons de sardine à huile végétale. «Malheureusement, à ce jour, seul le fournisseur d’huile a exécuté convenablement son marché», a indiqué Roger Ilboudo, précisant que le contrat de sardine n’a pas connu un aboutissement pour insuffisance de ressources financières. D’après lui, des processus sont engagés pour résilier les contrats des quatre autres. A son avis, c’est l’une des difficultés rencontrées en la matière. Les autres étant liées à la difficile mobilisation des ressources externes et internes, les aléas climatiques et la pauvreté des parents, l’insuffisance et l’inadaptation des structures de stockage, le manque de concertation entre les acteurs locaux, l’incompréhension des textes concernant les procédures de passation de marché, la livraison dans les écoles sans bordereau ou avec des bordereaux mal établis et les tentatives de malversations.

 

Sur ce dernier point, le directeur a souligné qu’il s’agit de la non-livraison sur le site, de la réception et de la distribution sans expertise, de la réduction des quantités et du changement des vivres, du stockage dans les magasins de mairies, etc. «On s’attendait à ce que tout ne soit pas beau mais nous avons constaté des cas extrêmement graves et, en son temps, un rapport avait été introduit auprès du cabinet et ensuite le Conseil de ministres a instruit l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat) d’auditer l’ensemble des transferts du ministère et la gestion des vivres pour l’année scolaire 2017/2018», a indiqué le conférencier. Son sentiment est que les gens n’ont pas compris la chose. «L’Etat fournit la cantine pour trois mois. Si un maire, sur fonds propres, est en mesure de les appuyer pour un mois, c’est tant mieux. Pareil pour les ressortissants de la localité. Notre objectif, c’est de couvrir les neuf mois. Mais, si dans le peu qu’on donne, des gens doivent encore soustraire quoi que ce soit, il y a un problème», a-t-il lancé d’un air révolté.

 

Pour la DAMSSE, le transfert des cantines au niveau déconcentré ne met pas fin aux défis et enjeux. Par ailleurs, elle invite les maires à promouvoir et à pérenniser la cantine endogène. Pour sa part, le directeur de cette structure a affirmé que l’Etat compte engager de larges concertations avec les acteurs impliqués, sensibiliser les fournisseurs, résilier les contrats de ceux qui sont défaillants, sanctionner les acteurs indélicats, relire le guide de gestion des cantines, élaborer la stratégie nationale d’alimentation et de nutrition, mettre en œuvre le protocole d’accord gouvernement/CNSE (Coordination nationale des syndicats de l’éducation), etc.

 

 

 

Zalissa Soré

 

 

 

 

 

Encadré

 

Simulation des coûts des cantines scolaires de 2019 à 2021

 

 

 

Dans le cadre du protocole d’accord avec les syndicats, une simulation sur les cantines scolaires a été faite. Elle prend en compte le préscolaire, le primaire, les centres d’éducation de base non formelle, les centres de formation professionnelle non formelle, le post-primaire, général et technique, et le secondaire, général et technique. Elle couvre les années 2019 avec 4 mois de cantine, 2020 pour 6 mois et 2021 pour 9 mois. Selon les estimations, il y aura, pour le préscolaire et le primaire, 34 milliards de F CFA pour 2019, 59 pour 2020 et près de 99 milliards pour 2021.

 

Concernant le post-primaire et le secondaire, il y aura près de 5 milliards pour 2019, 8,468 milliards en 2020 et 13,308 milliards pour 2021.

 

A ce jour, la gestion de l’ensemble des cantines scolaires financées par l’Etat et ses partenaires relève de la Direction de l’Allocation des moyens spécifiques aux structures éducatives (DAMSSE). Pour bénéficier de vivres pour l’ouverture d’une cantine, les établissements du post-primaire et du secondaire doivent formuler une demande adressée au DAMSSE. Les denrées fournies sont le riz, le haricot, la patte alimentaire, la sardine ou la viande, l’huile et la tomate. Ils bénéficient aussi d’un trousseau d’ustensiles de cuisine. En contrepartie, l’école s’engage à respecter les barèmes de préparation des repas et à fournir des rapports mensuels. Les plats sont servis aux élèves à un prix social de 100 F à Ouagadougou et Bobo Dioulasso, 50 francs au Sahel et 75 francs dans les autres localités. Les écoles sont tenues de reverser 35 francs par ration servie dans le compte CAST cantines du secondaire. Le reste doit leur permettre de couvrir les dépenses comme la paie des cantinières, le bois de chauffe et les condiments.

Z.S.

Dernière modification lemercredi, 13 février 2019 20:52

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