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Procès putsch manqué : A la recherche de la Radio de la Résistance avec Mathurin Bako

 

Débutée la veille au soir, l’audition de Mathurin Bako, ancien président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) s’est poursuivie le 12 février 2019 dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. A présent le témoin était à la disposition des différentes parties au procès pour leurs questions et observations. Il a persisté et a signé avoir reçu un appel du général Gilbert Diendéré dans la soirée du 16 septembre 2015. « Golf» lui demandait de suspendre les SMS et les réseaux sociaux. Chose que le cerveau présumé du putsch n’a pas catégoriquement nié. Le témoin ajoutera que les opérations de recherche de la radio ont duré une journée, celle du 17 septembre. Une assertion battue en brèche par un de ses agents qui lui a martelé que c’était le 18, ‘’un vendredi noir’’ pour lui.

 

 

 

 

«Est-ce que vous infirmez avoir donné votre accord pour qu’on force la porte du technicien, Seydou Yao ? », a interrogé Me Awa Sawadogo à la reprise de l’audience, l’avocate des parties civiles voulait «comprendre de manière claire ce qui s’est passé avec le témoin Mathurin Bako».

 

Et l’ancien président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) d’indiquer qu’il n’a jamais donné l’autorisation de casser ladite porte. «J’ai bien dit aux militaires de patienter jusqu’à ce que monsieur Yao arrive », a précisé le témoin. Il a ensuite confirmé que la 108.0, la radio de la Résistance, avait été localisée dans la nuit du 17 septembre et non dans la matinée. Selon ses propos, les ordres pour la traque de la radio pirate émanaient du colonel Mahamady Déka pour avoir été dans son bureau. A en croire le patron de l’ARCEP, il a également informé le colonel Déka de l’existence d’une procédure pour arrêter les émissions d’une radio. « J’ai un trou de mémoire. Mais il faut d’abord envoyer une mise en demeure à la radio. Si elle n’obtempère pas, nous passons par le procureur du Faso qui met la force publique à notre disposition pour arrêter les équipements. Il a été bel et bien informé par moi-même », a expliqué le témoin qui ouvrait le chemin à l’observation de l’avocate des parties civiles.

 

Me Awa Sawadogo a estimé que le colonel Déka savait pertinemment qu’il y avait une procédure pour stopper les émissions d’une station mais à tout de même ordonner la mission. « Il l’a fait en connaissance de cause. Il a dit que la radio devait être arrêtée coûte que coûte à la date du 17 septembre, dans la nuit. La personne qui a donné l’ordre est par conséquent responsable des actions qui ont été commises », a-t-elle soutenu.     

 

 

«Le 18 septembre, je n’étais plus à Ouagadougou »

 

 

«Hier, vous avez laissez entendre que le général vous a appelé le 16 septembre 2015, est-ce que vous maintenez cette déclaration ? », a débuté Me Olivier Yelkouni lorsque c’était aux avocats de la défense de formuler des questions et des observations à l’endroit de Mathurin Bako. L’ancien responsable de l’instance de régulation a maintenu ses propos et mieux donné une approximation de l’heure à laquelle il avait reçu l’appel de «Golf ». «C’était entre 20h et 20h30, mon épouse était à côté. Je n’ai pas reçu cet appel le 17 ou le 18. Le 18 j’étais à un enterrement, celui de mon beau-père, je n’étais plus à Ouagadoudou », a-t-il déclaré.

 

Selon le conseil du général, des contradictions sont à noter dans les propos du témoin. Il a cité entre autres, le P.V d’interrogatoire du sergent Amidou Pagabelem référencé à la côte I 246. Le sergent y a déclaré que le 17 septembre 2015, il était couché à la transmission lorsqu’il avait reçu un appel du capitaine Abdoulaye Dao lui instruisant de rejoindre le palais de Kosyam. «Ensuite, le sergent-chef Bouda est arrivé avec un véhicule 4×4 et m’a dit d’embarquer. Arrivé, le capitaine Dao nous a ordonné d’aller à l’ARCEP… », disait en substance le sergent dans sa déposition.

 

« Est-ce que vous êtes allez à l’ARCEP le 16 ou le 17 septembre ? », a interrogé Me Yelkouni. «Le 16 je ne suis pas allé. Le 17, vers 10h30, le SG du premier ministère m’a informé que les militaires sont à la recherche d’une radio et qu’ils sont devant nos bureaux. J’ai dit qu’il n’y a pas de radio installée dans nos bureaux et qu’ils ne doivent pas y pénétrer. J’ai pris mon véhicule et suis arrivé à l’ARCEP vers 11h ce 17 septembre», a relaté Mathurin Bako. Il a ajouté ne pas noter de contradictions contrairement à l’avocat du général. « J’ai reçu l’appel du général, que je respecte beaucoup, le 16. La conversation n’a pas duré 30 s, il a dit qu’ils vont voir à leur niveau comment faire arrêter les SMS », a répliqué le témoin. Selon ses explications, arrêter les messages et les réseaux sociaux ne relève pas de l’ARCEP mais des opérateurs de téléphonie d’où l’idée des correspondances que ces derniers devaient recevoir dans ce sens. Par rapport à la date du 19 septembre, date à laquelle le colonel Déka dit avoir été instruit de retrouver la radio et de la réduire au silence, Mathurin Bako a estimé que l’officier s’est trompé. «Déka s’est trompé de date, c’est bien le 17 qu’il y a eu les démarches en vue de retrouver la 108.0 FM », a insisté le témoin.      

 

 

Le cerveau de Mathurin Bako fonctionne bien, à 99%

 

 

 Me Olivier Yelkouni qui n’en démordait pas a brandi dans la foulée des propos du sergent Mahamado Bouda. «A la question de savoir s’il a eu une autre mission, il a répondu par l’affirmative. Il dit qu’il ne se souvient pas si c’est le 17 ou le 18 septembre. Il dit être allé parler d’une question de climatisation au major Badiel. Il ajoute qu’après son compte rendu, le major lui a dit de chercher des éléments et qu’il y avait de jeunes soldats qui n’étaient pas de son groupe pour se voir confier une mission à l’ARCEP », a signifié l’homme en robe noir. L’avocat a aussi invoqué des déclarations d’un des agents de Mathurin Bako, Seydou Yao en l’occurrence. Celui-ci a également confirmé la date du 18 septembre 2015 comme étant celle des opérations de localisation de la radio pirate. « Je confirme que la recherche de la radio a été entreprise le 17 et non le 18. Monsieur Yao s’est trompé », a martelé le témoin.

 

Toute chose qui conduira l’avocat du général à assener ceci : «Yao s’est trompé, Déka s’est trompé, Bouda s’est trompé, Pagabelem s’est trompé. Mais est-ce que vous, vous ne vous êtes pas trompé ? ». La réplique du témoin ne s’est pas fait attendre : «je ne pense pas m’être trompé, c’est vrai que j’ai pris de l’âge mais mon cerveau fonctionne bien, à 99%. Je confirme encore que les recherches ont eu lieu le 17 septembre 2015 ».

 

Me Yelkouni a alors fait remarquer qu’il n’a jamais dit que le témoin a perdu la mémoire. «L’homme n’est pas 10, il est 9 », a-t-il relevé. Il a estimé que le témoin peut également se tromper sur la date à laquelle il s’arcboute. A l’issue de son observation, l’avocat du général a donc voulu savoir quelle a été la durée de cette opération de traque. «C’est un seul jour, Déka a même dit que s’il faut passer des jours en recherchant la radio, nous allons rester là, dans ses bureaux. La radio a été retrouvée dans la nuit du 17 », a tonné l’ancien président de l’ARCEP. Confrontés à la même question, le sergent-chef Mahamadou Bouda et le sergent Amidou Pagabelem ont signifié que cette opération, en ce qui les concerne, a débuté le 17 matin puis a pris fin le 18 matin.

 

 

«J’étais au ministère de la Défense dans la soirée du 16 septembre »

 

 

Convoqué à la barre à la demande de son conseil, le général de brigade, Gilbert Diendéré a affirmé qu’il se trouvait au ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants (MDNAC), le 16, entre 17h et 23h, à l’occasion d’une réunion avec la hiérarchie militaire. «Est-ce que vous avez pu à cette période appelé monsieur Mathurin Bako ?», a interrogé Me Yelkouni. «Golf » aussi s’est voulu catégorique : «non, je ne l’ai pas appelé ». Il a ajouté que le colonel Mamady Déka n’était pas non plus en leur compagnie au ministère. L’avocat brandira par la suite les P.V de l’ancien secrétaire général du ministère de la Défense, le colonel-major Alassane Moné et celui de l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo. Ces personnalités ont confirmé la présence du général au lieu indiqué mais n’ont pas fait cas du colonel Déka parmi les participants à la réunion. « Monsieur le président, le témoin dit qu’il a reçu l’appel du général vers 20h, voilà la situation dans laquelle on se trouve : le général n’a pas pu émettre un appel vers le téléphone de monsieur Bako et la deuxième constance est que le colonel Déka n’était pas à la rencontre pour servir d’interface entre le général et le témoin », a finalement fait observer Me Olivier Yelkouni.

 

Son confrère, Me Abdoul Latif Dabo, lui, s’attardera sur l’heure à laquelle a eu lieu l’appel que le général ne conteste pas totalement. Il fera appel à un P.V de commission rogatoire du témoin. Mathurin Bako y avait fait mentionner qu’il a reçu le coup de fil du général à 22h15 mn. «Monsieur Bako, quelle heure doit-on retenir finalement : 22h15 mn ou entre 20h et 20h30 ? », a questionné Me Dabo. «Je suis surpris par cette lecture, surpris que j’ai fait des déclarations aussi divergentes. Je maintiens que c’était entre 20 et 20h30. Ça peut être des erreurs de transcription mais je ne peux pas me permettre des erreurs de ce genre », a-t-il clamé. Me Dabo, après de multiples questions et observations, demandera au président du tribunal d’apprécier la valeur du témoignage de l’ancien président de l’ARCEP.

 

 

Yao décrit son ‘’vendredi noir’’

 

 

Après avoir satisfait aux exigences légales pour déposer en tant que témoin, Seydou Yao, un technicien supérieur des télécommunications à la retraite, a débuté sa narration des faits en parlant d’un ‘’vendredi noir’’. «C’est le 18 septembre, un vendredi noir. Vers 11h j’ai été sollicité par mes responsables hiérarchiques pour aller détecter une radio irrégulière. J’ai dit que je vais préparer une mission avec les collègues. J’écoutais aussi la radio, jusqu’à midi, je n’ai pas réagi, ils ont compris que je ne voulais pas et ils ont proposé de venir me chercher. J’ai donc indiqué à peu près la zone de mon domicile. Au environ de 15h, à l’heure du rendez-vous, je n’ai pas bougé, j’ai dit de dire au directeur que je vais constituer une équipe de travail. Le président m’a appelé en disant qu’ils ont défoncé la porte de mon bureau, j’ai répondu que je ne pouvais pas bouger. J’ai dit qu’il y a une diarrhée qui me gêne et que je ne peux pas sortir. Le matériel a été posé sur une table, j’ai instruit de tourner le bouton vers la droite et de rentrer en ville, en ajoutant qu’ils verraient la radio dans la zone où ils constateront le maximum de puissance », a relaté le sexagénaire.

 

Ce même vendredi, caché dans sa maison, il assure avoir senti la débandade et entendu les cris dans son quartier. «Vers 17h, 18h, ça s’est calmé et je suis sorti prendre l’air. A 19h, j’ai vu deux V8 noir devant ma porte, là-dedans, un ancien collègue parti à la retraite depuis 2014. Du coup, j’ai compris qu’il faut que je domine la diarrhée et j’ai suivi », a poursuivi le témoin dont la déposition faisait marrer l’assistance par moment. En ville, avec le matériel adapté, la recherche manuelle qui a été faite les a conduits sur l’itinéraire Laïco-rond-point de la Patte-D’oie-station Pétrofa (Pissy). De là, il n’y avait plus d’équivoque que la 108.0 émettait à partir des locaux de la radio Savane FM d’où la descente en ces lieux. Le sieur Yao a relevé qu’il n’est pas sorti de la voiture dans la station de radio mais sait que du matériel y a été extrait et que d’autres menaçaient de lancer une roquette dans les installations, convaincu que la radio émettrait toujours sil elle était laissé en l’état.

 

Le capitaine Cuthbert Somda a été aussi appelé à la barre en qualité de témoin. Agé de 46 ans, il était le commandant de l’escadron hélicoptère de l’armée de l’air au moment des faits. Il est celui qui a été aux commandes de la mission héliportée effectuée à la frontière ivoirienne pour la récupération du matériel de maintien d’ordre. Il a indiqué que le 16 septembre, il était à son domicile lorsqu’il a reçu un coup de fil d’un de ses éléments. Celui-ci l’informait que l’escadron a reçu l’ordre d’exécuter une mission de la présidence. Ledit ordre, a-t-il précisé, venait du commandant de la base aérienne, Koudbi Ouédraogo qui recevait, lui, les ordres du colonel-major Aimé Gouba intérimaire du chef d’état-major de l’armée de l’air.

 

Selon les explications du témoin, les ordres venus de la hiérarchie n’étaient pas précis dans un premier temps, hormis l’indication selon lequel il s’agissait de «transporter un passager vers Banfora». Des coups de fil avec son supérieur hiérarchique ne lui permettront pas d’avoir plus de précisions. Le 17 matin, alors qu’il préparait la mission, le commandant Somda dit avoir été rejoint par le capitaine Gaston Ouédraogo qui s’est présenté comme le passager à transporter. Dans la recherche d’informations précises sur la mission, le capitaine Gaston, qui est le chef de mission se réfèrera à maintes reprises au colonel major Boureima Kiéré de qui il a reçu sa mission, et le capitaine Somda dit être resté en contact avec sa hiérarchie.

 

Et des précisions reçues, c’est à Ouangolo, en territoire ivoirienne que la mission devait se rendre pour la récupération d’un matériel de maintien d’ordre. Mais il fallait une autorisation du pays voisin pour traverser la frontière, selon le capitaine Somda  qui dit avoir émis des réserves dans ce sens. Finalement, c’est au poste de péage de Yendéré, aux encablures de Niangologo que l’oiseau de fer devait se poser. L’équipage composé du commandant, d’un co-pilote, de deux mécaniciens et du capitaine Gaston, a décollé aux environs de 10 h. Selon l’officier de l’armée de l’air, ils ont trouvé la zone  indiquée pour l’atterrissage déserte et c’est en avançant vers la frontière qu’ils ont aperçu trois véhicules venus les rencontrer. Avant que le matériel ne soit chargé, de brefs échanges, ont ont permis, selon le témoin Somda, de savoir que leurs interlocuteurs étaient de nationalité ivoirienne. Mais pas seulement, leurs tenues et l’immatriculation des véhicules l’indiquaient aussi. Le témoin a par ailleurs précisé que pour cette opération, le site du chargement du matériel était sécurisé par des gendarmes burkinabè, chose que le capitaine Gaston confirme. Le matériel était composé de d’environ 300 kg de grenades lacrymogènes. L’oiseau une fois chargé, a repris le vol pour Ouagadougou et a atterri à la présidence où, parmi ceux qui les y attendaient pour récupérer le matériel, il y avait le capitaine Oussène Zoumbri et le lieutenant Abdoul Kadri Dianda. Mission accomplie, le capitaine Somda dit avoir rendu compte à sa hiérarchie.

 

« Saviez-vous qu’il y avait une valise et un sac dans le matériel transporté ? », a demandé Me Séraphin Somé. Le témoin fera savoir qu’il l’a su mais plus tard avec ses mécaniciens à la suite de rumeurs persistants, rumeurs selon lesquels il a ramené une valise et un sac d’argent. L’avocat a rebondi en interrogeant le quadragénaire sur la légalité de l’ordre qu’il a reçu de son commandement. « Je ne peux pas répondre à cette question, il faut se référer à la hiérarchie », a laissé entendre ce dernier.

 

 

« Voulez-vous que moi je m’oppose au général ? »

 

 

Suite à la déposition de celui qui était le numéro 4 de l’état-major de l’armée de l’air, Seidou Ouédraogo a appelé quatre accusés à la barre : le capitaine Gaston Ouédraogo, le lieutenant Dianda, le capitaine Zoumbri et le colonel-major Boureima Kiéré.  Si les deux premiers se sont gardés de commentaires sur les propos du témoin, cela n’a pas été le cas avec les deux autres, particulièrement le colonel-major Kiéré qui a expliqué que c’est sur instruction du général Diendéré qu’il a confié la mission au capitaine Gaston Ouédraogo. Dans son développement, il a indiqué que le général Diendéré a donc naturellement pris attache avec l’armée de l’air. Et par rapport à la coordination, l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso a assuré avoir été en contact avec le colonel major Aimé Gouba et le chef d’état-major de la gendarmerie d’alors. Pour le sac et la mallette transportés par l’hélicoptère, il dit n’en avoir pas été informé.

 

A ces déclarations de l’accusé, le parquet a fait observer que c’est la toute première fois qu’il dit que le général Diendéré a interagi avec l’intérimaire de l’armée de l’air. Avant de demander au mis en cause pourquoi, disant n’avoir pas été d’accord avec le coup, il n’a pas signifié au général qu’il s’en démarquait. Et l’officier droit dans ses bottes de répondre : « la mission était officielle. Le général a demandé le soutien du chef d’état-major général des armées qui a donné son aval. Pourquoi voulez-vous que je m’y oppose ? » Qu’à cela ne tienne, « il appartiendra au tribunal d’apprécier », a renchéri le ministère public.

 

L’audience reprend ce mercredi 13 février 2019, à 9 h.

 

 

 

 

 

 

 

San Evariste Barro

 

Aboubacar Dermé

 

Bernard Kaboré

 

 

 

Encadré

 

«C’est nous les exécutants qui récoltons les pots cassés»

 

 

A l’issue du témoignage de Mathurin Bako, le sergent Amidou Pagabelem s’est ‘’explosé’’ sur l’attitude des comparants à la barre d’une manière générale. «Monsieur Bako fait savoir qu’il a été menacé, mais il est venu de lui-même à l’ARCEP, personne ne le connaissait. Son portable s’est déchargé, il a appelé sa femme de venir avec son chargeur. Il a appelé Jérémie Ilboudo, le chef Bouda est allé le chercher, il est allé chercher Yao. Maintenant, il dit qu’il a été contraint. Chacun vient dire qu’on l’a obligé à faire ce qu’il a fait. Je vous parle en tant qu’accusé exécutant. C’est parce que la chose s’est passée sans se réaliser. Supposons que le coup avait réussi, moi sergent, vous pensez que j’allais devenir ministre. Non ! J’allais être le conducteur d’un ministre ou en faction chargé de poste devant le domicile d’un ministre. Les gens disent qu’ils ne voulaient pas faire et c’est nous les exécutants qui récoltons les pots cassés. On parle d’exécuter des ordres illégaux, c’est ici que nous avons appris ça, même demain, il y aura toujours des exécutants», a tonné le sergent dépité.     

 

 A.D.

 

 

 

Encadré

 

Yao refuse le mea culpa du sergent-chef Bouda

 

 

 

Interrogeant le technicien de l’ARCEP, Seydou Yao, Me Timothée Zongo, avocat du sergent-chef Mahamadou Bouda a alors demandé au comparant de donner son impression quant à l’action de ceux qui l’ont conduit à la radio de la résistance. « Je suis très très choqué », répondra le témoin non sans dévoiler les raisons de sa colère : « imaginez si c’était dans la journée on avait débarqué à la radio, peut-être qu’on ne serait pas là aujourd’hui en train de parler. Parce qu’il y aurait eu certainement de la réticence ».

 

L’avocat a voulu savoir si à la barre le témoin est toujours sous le choc. Après que ce dernier ait répondu par l’affirmative, le conseil a invité le président du tribunal de faire noter un manque de sérénité et de sincérité du témoin. Et ce ne sera pas la dernière observation du conseil du sergent-chef, lui qui a voulu attirer l’attention du tribunal sur des « propos démesurés » du sieur Yao. « Il dit que les militaires sont venus semer le cafouillage dans le quartier. Il dit quelque part encore que les kalach pleuvaient », s’est indigné Me Zongo.

 

Réponse du berger à la bergère : « je ne comprends pas pourquoi on trouve mes propos démesurés. On n’avait pas besoin d’être dehors dans le quartier pour savoir ce qui s’y passait ». Le retraité de l’ARCEP qui n’était visiblement pas au bout de son mécontentement, revenant sur la demande de pardon du sous-off a lâché ceci : « Je refuse d’ailleurs le pardon du sergent-chef Bouda». Suite à cet aveu, le mis en cause, a dit s’en tenir à la thèse de son conseil selon laquelle le témoin témoigne avec une haine. Chef Bouda s’est personnellement félicité de la hauteur d’esprit dont il a lui-même fait montre et qui prouve que son mea culpa est sincère.

 

B.K.

 

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