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Nord-Mali : Au secours, l’Etat islamique renaît à Kidal !

- Interdiction de la vente et de la consommation d’alcool ainsi que de l’exposition ou de la publicité des boissons alcoolisées ;

- obligation faite aux étrangers d’avoir un tuteur local ;

- renforcement du rôle du cadi, le juge islamique, qui pourra désormais traiter systématiquement des affaires criminelles.

 

C’est un véritable tour de vis liberticide que vient d’opérer à Kidal la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui contrôle cette grande métropole du Nord-Mali, en plein cœur de l’Adrar des Ifoghas.

De nouvelles règles de conduite  donc pour les habitants et les visiteurs qui sonnent comme un premier pas vers l’instauration de la charia, cette fameuse loi islamique dont l’application avait déjà fait de nombreux dégâts et victimes il y a quelques années dans le   septentrion malien.

Cette "constitution", concoctée par les maîtres de Kidal, rappelle en effet les heures sombres de l’invasion du pays par les hordes islamo-touarègues qui avaient fait main basse sur une bonne partie du territoire en 2012.

Qui ne se souvient en effet de ces  jeunes  hommes amputés parce que soupçonnés d’avoir attaqué un bus ;  des nombreuses personnes flagellées ou lapidées en public, de ces femmes  et jeunes filles violées ou  réduites en esclavage ; de ces mausolées détruits à coups de pioches et de burins ? Et on oublie d’autres  faits d’armes de la police islamique, aussi prude que violente, qui faisait régner la terreur de Gao à  Tessalit en passant par Kidal et Tombouctou.

Fort heureusement, ces pratiques moyenâgeuses et obscurantistes, qui ont valu à certains une condamnation de la CPI, avaient décru au fur et à mesure que les forces françaises de Serval (puis de Barkhane), la MINUSMA et les FAMA taillaient des croupières aux prétendus djihadistes qui, sous la couverture de défendre l’islam  et son prophète, ne sont bien souvent que de vulgaires criminels vivant de trafics de toutes sortes dans le vaste no man’s land sahélo-saharien : drogue, cigarette, êtres humains et même…alcool. Un produit haram  qu’ils ne se gênent pourtant pas de passer en contrebande. Cherchez le paradoxe ! Mais ce n’est pas le moindre de ces organisations criminelles jamais à une contradiction près.

Alors que l’Etat islamique (EI) est en train d’être définitivement démantelé par les troupes arabo-kurdes soutenues par l’Occident aux confins de la Syrie, de l’Irak et de la Turquie, s’achemine-t-on donc vers l’érection d’un autre Etat islamique dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, une région déjà bien tourmentée ? Le pouvoir central de Bamako et ses partenaires ont en tout cas intérêt à tuer  dans l’œuf cet embryon extrémiste avant qu’il ne devienne le monstre qu’on a souvent vu sous d’autres cieux.

En vérité si la CMA, pourtant signataire de l’accord d’Alger, s’est permis ce grave recul des libertés individuelles et collectives, c’est parce que l’Etat malien, encore convalescent, n’a, de ce fait, pas de prise sur chaque centimètre carré de son vaste territoire,  notamment de ces zones désertiques du Grand Nord où les groupes armés de tous poils dictent, c’est le cas de le dire, leur loi. Parfois au nez et à la barbe de la MINUSMA et de Barkhane comme c’est le cas à Kidal.

 

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 19 février 2019 22:37

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