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Algérie : Un pays en mode gouvernance épistolaire

Depuis bientôt un mois que la crise algérienne s’est nouée, personne ne l’a vu ni entendu. Abdelaziz Bouteflika est devenu un président fantôme que ses compatriotes se contentent d’imaginer dans un avion médicalisé décollant de Genève et atterrissant à Alger après deux semaines de séjour pour des examens de routine.

 

Son dossier de candidature à la présidentielle, initialement prévue le 28 avril prochain, c’est son directeur de campagne qui l’a déposé au Conseil constitutionnel alors qu’il était toujours hospitalisé au bord du lac Léman.

Depuis, c’est comme si le pays a basculé en mode gouvernance épistolaire puisque Bouteflika ne communique plus que par déclarations écrites sans qu’on sache vraiment si elles émanent de lui ou si on les lui prête :

Ainsi de sa décision de renoncer au cinquième mandat, qu’il voulait se taper, puis de reporter sine die  le scrutin présidentiel. Ainsi également des autres mesures prises dans la foulée comme la nomination à la Primature du duo Bedoui-Lamamra, la constitution d’un gouvernement de compétences nationales, la convocation d’une conférence nationale souveraine, l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

Autant de décisions qui auront l’effet d’un cautère sur une jambe en bois puisque vendredi dernier, elles n’ont pas reçu l’onction populaire des manifestants qui s’opposent à toute idée de prolongation du quatrième mandat du président grabataire. Mieux, au-delà de la petite personne de Boutef, comme on l’appelle, le peuple algérien entend déraciner tout le système FLN en place depuis près de soixante ans.

Même l’historique journée du 19-Mars, « fête de la Victoire », n’a pas poussé à sortir de sa ‘’clandestinité’’ celui qui avait gagné le maquis dès 1956 et est devenu commandant de l’ALN sous le nom de Si Abdelkader. 

Lundi dernier, c’est le même canal épistolaire qui a été choisi par le fantomatique occupant du palais El-Mouradia pour annoncer qu’à l’expiration de son actuel mandat fin avril prochain, il resterait dans le fauteuil présidentiel jusqu’à ce que les réformes envisagées soient bouclées et que son successeur soit élu.

Voyez-vous Bouteflika, dans l’état de santé que l’on sait, avoir les ressources physiques et morales pour défier ainsi son peuple ?

Particulièrement diminué depuis son AVC en 2013 qui l’a cloué dans un fauteuil roulant, le président algérien est devenu l’otage de son propre clan et on ne peut que se demander si ces communiqués, ces lettres et autres déclarations sont vraiment l’œuvre d’un chef d’Etat conscient et capable de diriger un pays comme l’Algérie.

Pour peu, les Algériens seraient en droit d’exiger une preuve de vie du spectre dont les proclamations tombent comme autant de messages d’outre-tombe.

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 20 mars 2019 22:10

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