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Opération «sans plaques d’immatriculation» : 122 véhicules dans les mailles du commissaire Toni

 

Si l’occupation des carrefours pour la régulation de la circulation fait partie des missions régaliennes de la police nationale, la présence des 220 policiers, hier 28 mars 2019 dans la ville de Ouagadougou, elle, avait un caractère particulier : traquer les véhicules sans plaques d’immatriculation. C’est dans cette dynamique qu’une centaine d’engins ont été conduits à la fourrière, au Service régional de la circulation et de la sécurité routière du Centre où le bilan de l’opération a été dressé.

 

 

Des va-et-vient incessants, des séances d’explications qui n’en finissent pas, chacun allant de ses arguments pour convaincre les agents de police qu’il était sur le point de régulariser sa situation ou qu’il détenait déjà les plaques d’immatriculation de son véhicule qu’il s’apprêtait à fixer incessamment. Mais qu’à cela ne tienne, la consigne de l’opération qui a débuté à 6h30, hier 28 mars 2019, ne souffrait d’aucune ambiguïté : arrêtez tout véhicule sans planque d’immatriculation. Derrière les quelques flics qui s’échinaient à enregistrer les identités des propriétaires, se trouvaient des voitures, des plus rutilantes au plus cabossées avec tout de même un dénominateur commun : sans plaques. Il était 11h20 mais les engins en infraction continuaient de franchir le seuil de la porte du service régional de la circulation et de la sécurité routière du Centre, avec à leur bord, l’usager alpagué ainsi que deux ou trois policiers, Kalach, en main.

 

Une trentaine de minutes plus tard, le rassemblement est sonné, les éléments en gilets jaunes et rouges font le garde-à-vous à leurs supérieurs qui rentraient des opérations. «Le travail a été bon », lance Joseph Toni, commissaire divisionnaire de police, directeur régional de la police nationale du Centre, qui n’hésite pas à répéter sa satisfaction, mais cette fois en langue mooré : ‘’tuuma yii sonma’’. Juste quelques minutes à échanger avec ses hommes et le voilà avec ses plus proches collaborateurs en train de passer en revue les voitures conduites à la fourrière, question d’avoir un bilan à chaud. Des informations qu’il communiquera aussitôt aux journalistes.  «Nous sommes sortis pour un contrôle des véhicules sans plaques d’immatriculation. L’objectif, c’est d’amener les contrevenants à respecter le code de la route parce que normalement tout véhicule, sans plaques d’immatriculation ne doit pas être mis en circulation », explique-t-il d’emblée. Pour le commissaire divisionnaire, en ces temps d’incivisme, ces genres de missions permettent aux propriétaires d’engins à quatre roues, sans plaques, de ne pas se soustraire aux contrôles. «Un véhicule qui est sans plaques et auteur d’un accident de la circulation routière peut commettre facilement un délit de fuite en se soustrayant, en ne s’arrêtant pas parce qu’il sait que les services auront du mal à le retrouver, puisqu’il n’est pas immatriculé », déclare-t-il pour justifier la sortie. Une autre raison qui sous-tend l’opération est le contexte marqué par les attaques terroristes : «cette mission permet aussi d’identifier les occupants de ces véhicules et de vérifier les objets que les intéressés transportent».

 

Le bras opérationnel de la mission, lui, était composé de 220 policiers de la direction régionale de la police nationale du Centre, notamment des éléments du service régional de la circulation routière et ceux du commissariat central de la ville de Ouagadougou. «Nous avons occupé 20 carrefours, la mission à commencer à 6h 30 et a pris fin à 11h. Le bilan fait ressortir 122 véhicules à la fourrière. Ces véhicules seront verbalisés et les propriétaires feront l’objet d’une amende forfaitaire mais c’est après le contrôle d’Interpol et du service de la douane », indique Joseph Toni. «Déjà, est-ce qu’on peut soupçonner des circuits d’entrées frauduleuses de véhicules ? », questionne un confrère. «Là, c’est au niveau d’Interpol, après leurs enquêtes qu’ils peuvent nous dire cela », répond le DR de la police.

 

Cette opération a naturellement fait des mécontents. C’est le cas de Tasséré Ouédraogo, gestionnaire de ressources humaines à la Circonscription d’éducation de base (CEB) de Ban. «Il y a un président d’institution qui doit être le parrain d’une cérémonie à Titao, la foire de la pomme de terre. Nous sommes venus à Ouaga avec un véhicule qu’on a payé, il y a à peine une semaine. L’engin n’a pas été immatriculé, on nous a assurés que la mise en circulation c’est pour trois mois. Nous sommes arrivés hier soir dans le but d’accompagner cette autorité. Ce matin, en partant au commissariat de Sig-nonghin, nous avons été arrêtés à deux reprises mais la troisième personne n’a pas voulu comprendre nos explications, voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés ici», raconte Tasséré Ouédraogo qui avait eu l’idée de chercher une solution rapide au regard des deux premières interpellations. Mais hélas… Celui qui brûlait d’envie de s’exprimer a surtout dénoncé la manière dont ils ont été conduits au service de la police : «le fait d’être au volant du véhicule, avec des Kalachnicov à côté, c’est très difficile de conduire».

 

 

Aboubacar Dermé

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