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RDC : Des scrutins complémentaires de la grande farce électorale

On les avait oubliées, ces élections complémentaires en RDC. Pourtant, le report de la présidentielle et des législatives dans les provinces de Yumbi, Beni et Butembo, en décembre dernier, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive.

 

 

En effet, bien des analystes et des opposants congolais s’étaient demandé si derrière les questions sécuritaires et sanitaires invoquées par le pouvoir de Kinshasa pour repousser de trois mois les élections dans ces circonscriptions il n’y avait pas un inavouable calcul politique : celui de priver de leur droit de vote  à la présidentielle près d’1 million 200 mille électeurs présumés favorables au candidat Martin Fayulu de la coalition Lamuka, l’aile la plus farouche de l’opposition à Joseph Kabila.

 

 

La suite, on la connaît : dans « un arrangement à l’africaine », dixit Jean-Yves Le Drian, aux allures de grande farce électorale, la CENI congolaise, approuvée par le Conseil constitutionnel, avait déclaré Félix Tshisekedi vainqueur de la présidentielle tandis que le Front commun pour le Congo du président sortant se taillait la part du lion en nombre de députés élus. Tout s’est passé, avec les résultats officiels des élections du 31 décembre 2018, comme si le report des scrutins à Yumbi, Beni et Butembo était une pièce de l’immense puzzle de la tricherie électorale destinée à installer un opposant accommodant à Joseph Kabila à la présidence congolaise.

 

 

Maintenant que le match de la présidentielle s’est terminé par le score que l’on connaît, les électeurs de Yumbi, Beni et Butembo peuvent jouer des prolongations presque inutiles. Martin Fayulu, leur champion, déclaré perdant du scrutin présidentiel, se démène comme un beau diable dans une « résistance pacifique », selon ses propres mots, qui n’amasse pas foules.

 

Au demeurant, ils ont compris que leurs voix n’auraient changé en rien l’issue de cette élection présidentielle, où les dés étaient pipés. Ils ont aussi compris que ces élections complémentaires ne modifieraient pas grand-chose sur l’échiquier politique congolais. Rien d’étonnant alors qu’ils ne se soient pas bousculés dans les bureaux de vote hier dimanche.

 

N’est-ce pas qu’il y a moins d’enjeux, moins d’engouement  à  élire des députés qu’un président de la république ? Sans oublier que dans leur situation, les problèmes de sécurité et de santé publique qui avaient valu aux élections d’être reportées ne sont pas totalement résorbés.

 

 

Ainsi, on note à Yumbi 20 000 déplacés dans des camps, presque autant de réfugiés au Congo Brazzaville voisin et de nombreux autres dans des campements de fortune disséminés dans la forêt qui n’ont pas pris part à ces élections complémentaires. Par ailleurs, la peur qu’inspirent les miliciens ADF est loin d’être dissipée, près de quatre mois après les massacres de la mi-décembre 2018. Chose qui a fait dire à l’ONU qu’il était difficile d’organiser une élection dans la localité. Par ailleurs, à Beni et à Butembo, si l’épidémie d’Ebola est maîtrisée elle n’est pas vaincue pour autant  et les structures sanitaires sur place recommandent beaucoup de prudence pour éviter de nouvelles contaminations.

 

 

On le voit bien, malgré les assurances du président Félix Tshisekedi, tout danger sécuritaire et sanitaire n’a pas été écarté avant le scrutin d’hier dimanche. On en déduit que ces trois provinces auraient pu tout aussi bien voter à la présidentielle du 31 décembre dernier. Mais la commission électorale congolaise avait ses raisons, qui vont au-delà des questions sécuritaires et sanitaires. Ce n’est pas Martin Fayulu, le dindon de la farce électorale du 31 décembre, qui dira le contraire.

La rédaction

Dernière modification lelundi, 01 avril 2019 23:35

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