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Démission annoncée de Bouteflika : Le vieux moudjahid rend les armes

Il a fini par comprendre, si tant il est qu’il soit encore maître des décisions qui sont rendues publiques.

 

Cinq semaines après le début de la contestation populaire, d’abord contre un cinquième mandat projeté, ensuite contre la prolongation du quatrième mandat en cours, le président Abdelaziz Bouteflika, qui ne semble plus en mesure de s’exprimer oralement, a une fois de plus utilisé l’un de ses canaux habituels pour dire qu’il partirait.

Dans un communiqué publié hier lundi 1er avril 2019 par l’Agence officielle APS, il a en effet déclaré qu’il démissionnerait avant le 28 avril prochain, date à laquelle expire son bail au palais d’Al-Mouradia.

Dans ce cas, ce serait le président du Conseil de la nation, Chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assurerait l’intérim pour une période n’excédant pas 90 jours au cours desquels sera organisée une élection présidentielle.

On remarquera que cette démission annoncée constitue en fait un non-événement puisque depuis cinq longues années, Bouteflika n’exerçait plus la réalité du pouvoir.  

Mais avant cette abdication du Zaïm, des mesures importantes seront prises pour assurer la continuité de l’Etat, précise le même communiqué. Mais lesquelles ?

On ne le savait encore trop hier mais on a bien peur que ces décisions, quelles qu’elles soient, reçoivent le même accueil que celles prises depuis un mois : renonciation au cinquième mandat ; report de la présidentielle ; convocation d’une conférence nationale ; formation d’un ticket à la primature : Bedoui-Lamamra ; mise en place d’un gouvernement de compétences nationales dont la composition a été rendue publique dimanche dernier.

Autant d’initiatives, autant donc de rejets bruyants au cours des désormais rendez-vous hebdomadaires du vendredi. Signe que le régime, sonné, se débat comme il peut sans trop savoir ce qu’il faut faire.

Même l’appel du général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, au Conseil constitutionnel pour mettre en branle la procédure d’empêchement a essuyé une fin de non-recevoir de la part de cette rue qui, au-delà du grabataire de la résidence médicalisée de la Zéralda, entend dessoucher un système vermoulu qui s’est enraciné depuis des décennies.

Il est donc peu probable que l’annonce de la prochaine démission de Bouteflika suffise à calmer les croquants, décidés à faire table rase de cette nomenklatura politico-militaro-économique.

C’est donc pour éviter cette défénestration qui se profile à l’horizon que le vieillard de 82 ans s’est résolu à partir par la porte, devenue particulièrement étroite.

Quel gâchis !

Piteuse sortie en effet pour un homme qui a eu une aussi longue et prestigieuse carrière.

Jugez-en vous-mêmes.

Engagé dans l’armée de libération nationale à moins de 20 ans, plus jeune ministre des Affaires étrangères du monde à 26 ans, et président à ce titre de la 29e Assemblée générale de Nations unies en 1974. Après une période de disgrâce et d’exil, il accède en 1999 à la magistrature suprême de son pays.

Après 20 ans au pouvoir, il aurait dû s’arrêter pour la bonne et simple raison que, victime d’un AVC en 2013, il était l’ombre de lui-même tout au long de son quatrième mandat, multipliant les séjours médicaux à l’étranger.

Le voici donc contraint de quitter la scène politique sous les lazzis et sur un fauteuil roulant pour n’avoir pas su se retirer à temps comme tant d’autres avant lui.

L’histoire politique récente des Etats voisins de l’Algérie aurait dû l’inciter à la prudence, le « Printemps arabe » ayant emporté successivement Ben Ali, Hosni Moubarak et Kadhafi qui s’étaient eux aussi fossilisés au fauteuil présidentiel. Plus loin, il y a le cas de Blaise Compaoré, victime lui aussi de la malédiction du cinquième mandat actuellement aux trousses de Boutef.

Voilà donc le vieux moudjahid, qui, tel un héros maudit de la mythologie grecque, est rejeté par tous.  

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 03 avril 2019 00:08

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