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An 25 génocide rwandais : Puissions-nous tirer des leçons de ces 100 Affreuses !

Ce 6 avril 1994 de sinistre mémoire, qui a tiré deux missiles sur l’avion du président Juvénal Habyarimana qui transportait également son homologue burundais Cyprien Ntaryamira ? Les extrémistes hutus qui ne voulaient pas entendre parler du plan de partage du pouvoir avec la minorité tutsie qui avait été conclu à Arusha en Tanzanie et que le président ramenait de Dar-es-Salam dans ses bagages ? Les éléments du Front patriotique rwandais de Paul Kagame sur qui ont toujours pesé de lourds soupçons ?

 

Vingt-cinq ans après, le mystère sur l’origine des tirs assassins demeure. Nul doute par contre que cet événement fut le déclencheur, la cause immédiate de l’horrible génocide des Tutsi et du massacre des Hutus modérés qui commença dès le lendemain et qui, en l’espace de trois mois, fera entre huit cent mille et un million de morts ; ce qui, en matière d’intensité (entre 8000 et 10 000 morts par jour), en fait le génocide le plus rapide  de l’histoire. Un record dont les survivants se seraient bien passés.

 

Un quart de siècle plus tard, les stigmates de ces 100 Affreuses, ce  funeste trimestre de l’an de disgrâce 1994, sont encore visibles et nombre de Rwandais portent à jamais dans leur chair et leur âme les brûlures de l’infamie comme on l’a vu hier lors de la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de l’innommable tragédie. Depuis, la coexistence est devenue plus pacifique entre les différentes ethnies du pays - dont on ne doit plus du reste faire mention - mais après un tel drame, le chemin du pardon et de la réconciliation est forcément particulièrement long.

 

Où trouver en effet, quand on a perdu toute sa famille comme c’est souvent le cas, la force intérieure pour pardonner à son bourreau qui pouvait être un voisin de colline, un ami ou même un parent par alliance ?

 

C’est donc à un laborieux travail de reconstruction psychologique et de raccommodage d’un tissu social particulièrement délabré après le passage des machettes que s’attelle l’homme mince de Kigali qui, après avoir installé le président postiche Pasteur Bizimungu, a récupéré sa chose, faisant du pays des mille collines une  dictature, soit-elle éclairée. Opposants, journalistes, droits-de-l’hommistes et tous ces empêcheurs de gouverner en rond sont ainsi régulièrement persécutés, embastillés,  parfois liquidés sans autre forme de procès comme si le fait d’avoir connu l’impensable est une excuse absolutoire pour le trublion des Grands Lacs.

 

 

De fait, même les démocrates les plus sourcilleux, qui étripent pourtant sans retenue les Biya, Deby, Sassou, Obiang, Musseveni et tutti quanti sont volontiers indulgents à l’endroit de Kagame, car si le pays est aujourd’hui un véritable goulag tropical où seul l’évangile selon saint Paul est psalmodié, sur les plans social, économique et environnemental, il fait office de bon élève en matière de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et d’écocitoyenneté, ce qui en fait un incontournable lieu de pèlerinage pour beaucoup d’Etats africains.

 

De ce point de vue et comme si les Rwandais avaient  su puiser au fond du gouffre où ils étaient descendus la sève nourricière de la résilience pour se  relever, c’est un vrai miracle qui a été accompli en si peu de temps là où d’autres nations dites stables pataugent depuis les indépendances. Tout est donc d’abord question de volonté politique, de vision et d’intégrité des dirigeants. Mise à part donc la tache sombre dans le domaine de la démocratie et du respect des libertés individuelles et collectives, c’est de ce fait une belle leçon que le Rwanda administre au reste de l’Afrique.

 

Puissions-nous seulement tirer les enseignements, tous les enseignements de l’horrible précédent rwandais pour conjurer à jamais dans ce berceau de l’humanité ce genre de malheurs qui fait parfois douter de notre humanité ! Comment, en effet, alors que Kagame et les siens se replongent dans ce souvenir douloureux, ne pas penser aux violences communautaires qui endeuillent le Mali, particulièrement le centre du pays, depuis quelques années et maintenant le Burkina ? Rien que ces derniers mois, à Ogossagou, Yirgou et Arbinda, on a dénombré des centaines de morts dans la communauté peule, souvent accusée de faire le jeu  des  terroristes quand elle ne ferait pas elle-même partie des prétendus djihadistes qui ont mis le Sahelistan sous leur coupe. Une punition collective donc pour des crimes individuels présumés de quelques renégats qui fait d’ailleurs le jeu de ceux qui nous imposent cette sale guerre asymétrique.

 

 

Au péril islamiste s’est donc greffé le spectre ethnique qui menace la sous-région, les deux se nourrissant l’un de l’autre dans un mélange forcément détonant. Et si rien n’est fait, notamment en matière de justice, le fossé qui se creuse entre des populations, qui vivaient pourtant en bonne intelligence il n’y a pas encore si longtemps, deviendra un abîme où tout le monde, Peul ou pas Peul, sombrera au fil des pogroms d’aujourd’hui qui préparent les massacres à grande échelle de demain.  

 

La Rédaction  

Dernière modification lelundi, 08 avril 2019 22:39

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