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Une Lettre pour Laye : Le général Minoungou sur le front médiatique

 

Cher Wambi,

 

C’est suffisamment rare pour ne pas faire l’événement : le chef d’état-major général des armées donne une conférence de presse ce matin même au 34e régiment interarmes de Fada. Autant dire sur le théâtre des opérations puisque, comme tu le sais, les forces de défense et de sécurité mènent dans la partie est du pays, infestée par la vermine terroriste une importante opération dénommée « Otapuanu », c’est-à-dire foudre en français.

 

 

 

 

Cher cousin, ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle la Grande Muette, car un militaire, ça serre les fesses et ça ferme sa  gueule, qui plus est en période de guerre comme c’est le cas en ce moment. Autant que je me souvienne, si on excepte les discours bien encadrés et les communiqués de presse lyophilisés, depuis Honoré Nabéré Traoré, on n’avait plus vu un CEMGA se prêter à un tel exercice avec les journalistes, qui peut s’avérer, il est vrai,  périlleux.

 

De ce point de vue, cher Wambi, il faut louer le courage du Général de brigade Moïse Minoungou, qui a décidé de monter au front médiatique car si le silence est d’or, surtout dans l’armée, à trop se taire, on court aussi le risque de laisser l’intox prendre le dessus alors que la guerre se gagne également dans la communication, devenue un véritable champ de bataille avec les réseaux sociaux. Je m’en réjouis d’autant plus que, dans ces mêmes colonnes il y a quelques semaines, je conjurais la hiérarchie militaire de savoir communiquer à bon escient. J’espère donc qu’avec les journalistes qui feront nombreux le déplacement à Fada à leurs frais (l’armée leur ayant dit de se débrouiller pour y être si ça les intéresse), nonobstant le sacro-saint secret-défense, il s’agira d’échanges francs et sans tabou pour que l’opinion ait des réponses aux questions qu’elle se pose sur la conduite des opérations par nos FDS. Cette sortie médiatique de Momo intervient en effet alors que, depuis de nombreuses semaines, celles-ci sont accusées d’exécutions sommaires de paisibles populations civiles qui n’auraient rien à se reprocher. Et après les sorties des politiques, notamment celles des ministres de la Communication et de la Défense, on a hâte d’entendre le patron de l’armée sur cette brûlante question. Pourvu seulement qu’ils ne nous disent pas que l’objet de la conférence de presse est uniquement le bilan d’Otapuanu et rien d’autre, car ce serait bien décevant.     

 

Cher Wambi, avec 84 accusés et un dossier de plus de 15 000 pages, le procès du putsch manqué de septembre 2015 s’annonçait comme un jugement marathon et il n’a pas déjoué les pronostics. Plus de treize mois après son début, il a commencé le 27 février 2018, ce procès suit son cours dans la salle de banquets de Ouaga 2000, transformée pour l’occasion en prétoire. Les auditions à la barre des accusés et des témoins cités ont été bouclées ; l’expert informaticien a pu faire sa déposition ; les pièces à conviction ont été examinées ; une soixantaine de victimes sur la trois centaine recensée ont été entendues. Ces dernières auditions ont eu lieu le 10 avril 2019.

 

Après cette première étape de ce long périple judicaire, l’audience du procès du putsch a été suspendue du 11 au 17 avril inclus, soit une bonne semaine. Cette pause permettra, à n’en pas douter, cher cousin, à tout le monde de souffler : les membres du tribunal, les accusés, les avocats, les éléments chargés de la sécurité et les journalistes, pour qui tout cela est très éreintant.

 

A ce que j’ai appris, cher Wambi, à la clôture des auditions des victimes, le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, qui semble pressé d’en finir, avait voulu embrayer avec les plaidoiries des avocats de la partie civile. Mais les autres protagonistes ont demandé et obtenu cette petite interruption qui permettra aux uns et aux autres de recharger leurs accus et de mettre de l’ordre dans leurs idées pour affronter la phase décisive qui s’annonce à la reprise de l’audience le 18 avril prochain.

 

En effet, ce jour-là, on assistera au bal des plaidoiries des avocats de la partie civile, qui vont insister sur les dommages que leurs clients ont subis suite à ce « coup d’Etat le plus bête du monde », et demander, en conséquence, les réparations nécessaires.

 

Après cette phase, ce sera au tour du parquet militaire de faire ses réquisitions. Il le fera à travers un développement qui va retracer encore la forfaiture qu’a été ce putsch et ses différentes péripéties. Le ministère public va ainsi passer en revue la liste des accusés, dire ce que chacun a commis comme actes et en quoi ces actes sont répréhensibles. C’est après tout cela qu’il sortira sa gamelle de peines et précisera celles qu’il souhaiterait voir infligées à chacun des accusés. Et comme d’habitude, il va requérir des condamnations lourdes pour les uns et clémentes pour les autres, sans oublier qu’il pourrait demander l’acquittement de certains accusés.

 

C’est après tout cela, cher cousin, que les avocats de la défense vont entrer en scène pour leurs plaidoiries afin de tenter de tirer leurs clients d’affaire. Ici, chaque avocat va essayer de trouver des circonstances atténuantes à son client qu’il souhaite voir acquitté sinon, à défaut, bénéficier d’une peine réduite.

 

A la fin, le président du tribunal pourrait donner la parole à chaque accusé pour son dernier mot avant que ne soient validées les questions auxquelles le jury aura à répondre lorsqu’il entrera en délibération. Cette délibération pourrait prendre quand même beaucoup de temps, vu le nombre d’accusés.

 

Si je devais me hasarder à faire des pronostics, je dirais que le verdict ne pourra pas être connu avant fin mai et début juin 2019. Mais dans tous les cas, vraisemblablement, avant les vacances judiciaires, la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou devra avoir bouclé ce procès.

 

 

 

Cher Wambi, à chaque fois qu'on pense à une accalmie qui nous met du baume au cœur, on est vite rattrapé par la réalité, bien triste. Les terroristes sont décidés à nous mener la vie dure. Cette semaine qui s'achève a hélas eu aussi son lot d'attaques. En effet, le poste de gendarmerie du camp de réfugiés de Goudobou, dans la province du Séno, région du Sahel, a été attaqué le  mercredi 10 avril 2019 dans l’après-midi par des hommes armés. Un gendarme y a perdu la vie et le  poste ainsi que du matériel roulant ont été incendiés. La veille, deux militaires ont été légèrement blessés sur l’axe Fada N’Gourma-Pama dans un attentat à la mine suite au passage de leur véhicule sur un engin explosif improvisé. Hier dans l'après-midi, la gendarmerie de Namsiguia, dans la commune de Bourzanga, a été attaquée alors même que le marché de cette localité battait son plein. Le bilan provisoire fait état d’un gendarme tué. Restons dans cette localité pour signaler que pas plus tard que dans ma lettre de vendredi dernier, je déplorais la recrudescence des attaques dans la zone. En effet, sur cette nationale, la 22, qui relie la capitale au chef-lieu de la province du Soum, Djibo a subi une attaque le 26 mars puis le 3 avril, où la gendarmerie a été la cible des assaillants. Si sur cet axe Kongoussi et Bourzanga ont eu leur poste de  gendarmerie attaqué, celui de Namsiguia a été le plus ciblé car de décembre à maintenant il a été attaqué 4 fois et malheureusement enregistre sa première victime. Cette résurgence des actions terroristes intervient après l'opération dans l'Est, ce qui nous fait penser qu'il y a eu un repli dans les zones frontalières des 3 provinces que sont le Soum, le Bam et le Sanmatenga. Vivement que des mesures urgentes soient prises.

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Telle une cellule cancéreuse dans un organe, la concurrence déloyale continue de se métastaser dans la capitale économique. Après les sociétés d’huilerie, SAP Olympique et Winner industrie, pour ne citer que celles-là, c’est au tour d’une autre unité industrielle de subir les effets pervers de ce fléau commercial qui empêche l’essor socio-économique de la ville de Bobo-Dioulasso.

 

En effet, évoluant dans le secteur de la fabrication et de la distribution de marque de boisson sucrée, une société implantée dans ladite ville et employant plus de 200 personnes voit sa survie menacée du fait d’une pratique de dumping de la part d’un concurrent basé au Mali.

 

Deux camions chargés de ces boissons importées ont récemment fait l’objet de saisie par les forces de l’ordre suite à une enquête de la Ligue des consommateurs burkinabè (LCB), avant d’être autorisés à repartir pour conformité avec les règles régissant l’importation au Burkina Faso.

 

Mais il nous revient que malgré les injonctions du ministre du Commerce, Harouna Kaboré, d’interdire l’entrée de ce produit sur le territoire national, la licence d’importation du concurrent a été renouvelée en début mars.

 

Selon une source proche du dossier, la maison-mère dépositaire de cette marque, dont la boisson est produite sous licence aussi bien au Burkina Faso qu’au Mali, a même demandé à l’embouteilleur malien de cesser ses exportations vers le pays des hommes intègres.

 

Affaire donc à suivre…

 

 

 

- Comme tout le monde le sait maintenant, les agents publics de l’Etat qui bénéficient du fonds commun observent une grève qui ne dit pas son nom. Ce mouvement d’humeur, qui a débuté en fin d’année, fait suite à l’entrée en vigueur du plafonnement, à 25% de son salaire annuel, du montant des primes qu’un agent peut percevoir. Mais aujourd’hui, la tournure des événements est inquiétante au point qu’on commence à croire que cette minorité de bourgeois, rien que pour l’entretien de son embonpoint, est prête à asphyxier tout le pays. Comme dirait Norbert Zongo, il y en a qui sont prêts à brûler le Burkina Faso rien que pour chauffer leur café. Certes les grandes entreprises parviennent à payer leurs impôts en ligne sur Internet, mais l’écrasante majorité des petites entreprises et des particuliers n’utilisent pas cette technologie pour honorer leur devoir citoyen. C’est dire que lentement mais sûrement, on s’achemine vers l’assèchement des ressources propres collectées en interne par l’Etat.

 

Suite à ce mouvement d’humeur, il semble que les bulletins de salaires des fonctionnaires n’ont pas été imprimés pour ce mois de mars 2019. Plus de deux semaines après avoir touché, nombre de fonctionnaires ont du mal à entrer en possession de ce document qui est pourtant un droit. Le problème est que le pauvre enseignant ou agent de santé qui veut prendre un crédit en banque se trouve handicapé parce que les banques exigent généralement les trois derniers bulletins de salaire.

 

Alors que la situation est très critique sur le terrain, curieusement, le gouvernement n’en pipe mot. Tout semble indiquer que ceux qui nous gouvernent se complaisent dans l’indécision. Mais ils doivent savoir que plus ils vont laisser traîner les choses, plus il sera difficile d’y trouver une solution. Il urge donc que l’Etat, à savoir le président du Faso, se décide enfin et tranche dans un sens ou dans l’autre afin que chacun sache à quoi s’en tenir. Mais en tout cas, il faudra qu’il tranche.

 

 

 

- Dori, la capitale de la région du Sahel, a enregistré sa première attaque terroriste dans la soirée du mercredi 10 avril 2019. En effet, des individus armés non encore identifiés ont pris d’assaut le poste de gendarmerie du camp de réfugiés de Goudebo, situé à une quinzaine de kilomètres du centre-ville, situé sur l’axe Dori-Gorom. Le bilan fait état d’un gendarme tué, d’importants dégâts matériels dont des voitures et des motos incendiées, de deux motos emportées. La semaine écoulée, les services de renseignement de la sécurité auraient reçu l’alerte sur de probables attaques terroristes dans plusieurs localités de la région du Sahel suite à l’arrivée massive de déplacés sur le site de Goudebo. Les groupes terroristes auraient adopté de nouvelles tactiques dans leur guerre asymétrique contre nos forces de défense et de sécurité, qui réalisent des prouesses sur le terrain. En effet, ils infiltreraient désormais des précurseurs parmi les déplacés afin de repérer les postes sécuritaires et administratifs ainsi que les mouvements de leur personnel en vue de préparer des actions terroristes. C’est donc dire que la question des déplacés internes burkinabè préoccupe depuis un certain temps les FDS qui ont du mal à distinguer dans les camps de réfugiés le bon grain de l’ivraie. 

 

 

 

- Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) : dirigé par Carlos Toé, c’est l’un des derniers-nés des partis politiques du Burkina Faso mais dont la jeunesse et celle des cadres n’entament en rien ses ambitions de jouer dans la cour des grands.

 

Lors de son lancement le dimanche 27 janvier 2019 au CBC, les militants, venus de différentes localités du pays, ont appelé Tahirou Barry, ancien président du PAREN arrivé troisième lors de la présidentielle de 2015, à porter le flambeau du parti au prochain scrutin présidentiel de 2020. L’ancien ministre de la Culture, qui a préféré s’accorder un temps de réflexion avant de répondre à cette sollicitation, se prononcera sur la question au cours d’une conférence prévue ce dimanche 14 avril 2019 à l’hôtel Pacifique à partir de 10h 30.

 

Selon une source bien introduite, au cas sa réponse serait favorable, la cérémonie de son investiture devrait intervenir dans les prochains mois.

 

 

 

- Depuis quelques jours, la crise qui couve au sein du MPP/Bazèga suite au renouvellement des structures du parti est entrée dans sa phase éruptive. En témoigne l’assemblée générale de la sous-section de Kombissiri du dimanche 7 avril dernier qui a tourné en bataille rangée entre les deux camps protagonistes : le premier, dirigé par le maire actuel de Kombissiri, Olivier Conombo, et le second, représenté par le secrétaire général adjoint de la section provinciale, Etienne Ilboudo.

 

Venu jouer au « Casque bleu », le ministre de l’Eau, Ambroise Niouga Ouédraogo, natif de la région du Bazèga,  est accusé par le groupe d’Etienne Ilboudo d’avoir falsifié les listes des bureaux des sous-sections en faveur de la partie adverse. Mais selon certaines sources locales, le ministre aurait plutôt œuvré à faire prendre en compte des militants à même de mobiliser l’électorat mais qui avaient été injustement mis à l’écart des bureaux.

 

Aux dernières nouvelles, la direction nationale du MPP aurait mandaté exclusivement les  secrétaires généraux de province pour parachever les processus de renouvellement des structures au plus tard le 30 avril 2019.         

 

 

 

- C’est ce samedi 13 avril 2019 que débuteront les funérailles du défunt chef du canton de Banfora, Sa Majesté Yoyé Hema, décédé le 25 juillet 2018. A coup sûr, la cour royale, au secteur 2 de la ville, grouillera de monde jusqu’au 15 avril prochain, troisième jour des rites funéraires, qui seront couronnés par le choix et l’intronisation du nouveau chef de canton.

 

Selon des sources proches de la famille royale, trois  prétendants, tous des fils du disparu, sont en lice pour la succession au trône.  Et à  Banfora, c’est avec appréhension que les populations attendent cet événement à cause des graves incidents survenus lors des funérailles de la mère  du défunt chef les 9, 10 et 11 mars dernier. 

 

                                                                                                                                                             

 

- De l’ambiance et des retrouvailles ce week-end à Saponé à l’occasion du « Rangnouga » du Naaba Sigri. A cette occasion, les festivités culturelles prévoient ce samedi 13 avril de 9h à 18h une cérémonie d’accueil des autorités coutumières des différents cantons. La cérémonie se poursuivra le lendemain dimanche avec les fils de Karkuidighin et des fils du canton résidant à Ouaga. Le tout sera couronné par un rafraîchissement à partir de 13h.

 

Le même samedi, aura également lieu le Nabasga du Poé-naaba Tanga à son palais au quartier Poedgo de Ouagadougou.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

 

Dernière modification ledimanche, 14 avril 2019 20:11

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