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Une Lettre pour Laye : Blaise bientôt à Dakar ?

 

Cher Wambi,

L’affaire fait le buzz, comme on dit, sur les réseaux sociaux. Depuis que Jeune Afrique, dans sa dernière livraison, a révélé que Blaise Compaoré a écrit à Roch Marc Christian Kaboré, la polémique enfle. Début avril, l’ancien président burkinabè, en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en octobre 2014, a en effet adressé une lettre à son prédécesseur pour dire «sa disponibilité et son soutien dans le cadre de la continuité de l’Etat face à la situation de déchirure que traverse actuellement le Burkina».

 

 

Cette correspondance se veut une nouvelle réponse face aux accusations réitérées (la dernière en date sur la Deutsche Welle courant février à Berlin) du locataire de Kosyam qui a toujours vu la main de son prédécesseur derrière les attaques dont le Burkina est victime depuis maintenant trois ans. Il est vrai, cher cousin, que l’ex-enfant terrible de Ziniaré a toujours fricoté avec la nébuleuse djihadiste, notamment Iyad Ag Ghali et consorts qui avaient leurs habitudes à Ouaga et qu’il a, de ce fait, contribué à alimenter l’économie souterraine et criminelle qui sous-tendait leurs activités, mais de là à penser que la rancœur de Blaise est telle qu’il est capable de détruire un pays qu’il a contribué à bâtir, les avis sont partagés.

 

En tout cas Roch, selon un communiqué publié par le porte-parole du gouvernement, Rémis Dandjinou, s’est contenté de prendre acte de la main tendue de celui que d’aucuns considèrent comme le pyromane qui veut maintenant jouer au  pompier. Le timing est en tout cas on ne peut plus opportun puisque l’épître de saint Blaise à saint Marc en cette période de carême  intervient au moment où il est question d’un dialogue politique national qui doit en principe se tenir fin avril à Ouaga. En fait, cher Wambi, l’idéal dans cette affaire eût été de publier l’intégralité de la missive de la discorde pour qu’on puisse se faire une idée plus juste du problème, mais pour le moment le secret semble bien gardé. Ceux qui sont dans le secret des dieux affirment qu’elle contient des passages trop personnels pour être déballée sur la place publique. Vrai ou faux et de quelles choses personnelles peut-il bien s’agir ? Je ne saurais naturellement le dire.

 

En attendant donc que le secret-défense soit  levé, j’ai en tout cas appris de sources bien introduites que Blaise pourrait bientôt quitter son exil abidjanais pour… Dakar. Si cette information devait s’avérer, les gros nuages qui se forment au-dessus de la lagune Ebrié dans la perspective de la présidentielle de 2020 ne seraient pas étrangers à ce déménagement. Blaise est-il  gêné aux entournures ou même pas serein maintenant que ses deux complices du temps de la rébellion ivoirienne (Alassane Ouattara et Guillaume Soro) ne filent plus le parfait amour ? C’est fort possible.     

 

 

 

Cher Wambi, comme la plupart des Burkinabè, tu as sans doute applaudi en apprenant que le chef d’état-major général des armées a pris le 10 avril 2019 une note de service interdisant la fréquentation des espaces courses en direct et des débits de boissons aux militaires en tenue de travail pendant les heures de service. Il faut dire que, de tout temps, la présence des kodos, surtout dans les troquets où, à une certaine époque, certains tripotaient même les serveuses pistolet bien en évidence, a toujours fait tache. Qui pis est par ces temps qui courent où l’image de soldats oisifs plus à l’aise un verre de bière à la main plutôt qu’une kalach ne fait pas sérieux pendant que leurs frères d’armes se font tuer chaque semaine sur le terrain. Et pour combattre victorieusement les terroristes, il faut d’abord que la soldatesque ait le courage de mettre de l’ordre en son sein.  Félicitations donc au général de brigade Moïse Miningou, qui semble décidé à secouer le cocotier kaki. Sur les réseaux sociaux, j’ai même lu qu’il manquait une ligne dans le texte : l’utilisation du téléphone portable pendant les heures de garde.

 

 

 

Cela dit, cher Wambi, comme on dirait chez toi à Laye, quand on déclare à un enfant qu’il cultive bien, dans son entrain il finit même par arracher les jeunes pousses. Quelque chose m’a en effet gêné dans l’écrit du général là où il a poussé le bouchon trop loin en parlant d’«endroits peu recommandables ». Là, ça dérape. Car en voulant ramener dans les rangs ses éléments, il jette l’opprobre sur des millions de Burkinabè qui ne sont tout même pas des criminels parce qu’ils fréquentent les maquis ! Sinon il faudrait commencer par fermer les mess des officiers et des sous-officiers et toutes ces nombreuses buvettes dans les camps qui sont autant d’espaces de détente indispensables pour la troupe, même,  pour ne pas dire  surtout, en temps de guerre. Quand on sait du reste ce que l’industrie de la boisson apporte à l’économie nationale en revenus, emplois, impôts et taxes diverses, le premier responsable d’un des bras séculiers de l’Etat ne devrait pas dire ça, car même les buveurs, à chaque gorgée, contribuent indirectement à l’effort de guerre. Le slogan de la  Loterie nationale burkinabè n’est-il d’ailleurs pas : « les lots aux gagnants, les bénéfices au Faso » ?

 

Dans ce cadre, la LONAB contribue au développement socio-économique du Burkina et ne mérite pas d’être une victime collatérale du tir de sommation du CEMGA. Mon général, un conseil : la prochaine fois que la Nationale de la chance voudra offrir une ambulance aux sapeurs-pompiers militaires ou faire tout autre don à l’armée, refusez cela parce que c’est de l’argent sale issu de lieux infréquentables.  

 

 

 

Cher Wambi, le 7 mars 2019, l’armée burkinabè a déclenché l’opération Otapuanu («pluie de foudre» en langue gulmacema) dans la région de l’Est afin de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays qui croulait sous la férule des groupuscules terroristes. Un peu plus d’un mois après, le chef d’état-major général des armées a animé, le 12 avril 2019, un point de presse inédit dans la ville de Fada N’Gourma au cours duquel il a dressé un bilan satisfaisant de l’opération Otapuanu qui a « atteint globalement ses objectifs ». Le général de brigade Moïse Miningou a été formel : cette opération a permis de « redonner grand espoir aux populations des régions de l’Est et du Centre-Est et d’accroître leur confiance en l’Etat ». Et grâce à Otapuanu, s’est félicité le patron de l’armée, la quiétude est revenue dans les villages de cette contrée et plus de cent écoles sur les deux centaines qui étaient auparavant fermées sont aujourd’hui fonctionnelles.

 

Mais le général Miningou avait fait preuve d’une extrême prudence lors de cette conférence de presse lorsqu’il a déclaré : « Je ne dis pas qu’il n’y aura plus d’événements malheureux. Le risque zéro n’existe pas, mais  les terroristes n’auront  plus la liberté d’agir ».

 

Et de fait, cher cousin, quelques jours après ce point de presse, l’hydre terroriste reprend du poil de la bête dans le Grand Est burkinabè. J’en veux pour preuve les récents événements dans la province de la Komondjari : en effet, dans l’après-midi du mercredi dernier, des individus armés non identifiés ont fait irruption dans le village de Diabatou, situé à une cinquantaine de kilomètres de Gayéri. Ils ont passé des heures entières à tirer en l’air avant d’aller incendier un débit de boissons. Ces terroristes ont eu tout le loisir de mettre le village sens dessus dessous en instaurant la psychose au sein de la population de Diabatou.

 

Alors qu’il y a, quoi qu’on dise, une sorte d’accalmie dans la région de l’Est qui a eu l’heure de son couvre-feu repoussée de 00 heure à 5 heures du matin, les terroristes semblent s’être repliés dans la région du Centre-Nord et du Sahel à moins que ce ne soit une stratégie pour desserrer l’étau autour de leurs comparses de l’Est. Et ce ne sont pas les localités d’Arbinda, de Bourzanga et de Namsiguia qui diront le contraire, elles qui sont le théâtre d’une violente résurgence du terrorisme durant ces derniers jours. Il y a eu, entre autres, l’attaque du camp des déplacés de Goudebou le 10 avril qui s’est soldée par la mort d’un gendarme ; un autre pandore tué le lendemain à Namsiguia ; l’attaque de la gendarmerie de Ouanobyan le 12 avril ; l’attaque du commissariat de police d’Essakane le 12 avril ; l’incendie d’un débit de boissons à Bam-village (Kongoussi) le 12 avril ; l’incendie d’un maquis et des tirs dans un lycée à Pissila le 15 avril. On a également en mémoire, cher Wambi, que le week-end dernier, la ville d’Arbinda a été coupée du reste du pays par des terroristes dont la présence était signalée sur tous les axes routiers.

 

Le péril sécuritaire s’est accru dans cette partie du territoire national au point qu’il y a urgence à y mener une opération de type Otapuanu pour permettre aux populations de souffler un tant soit peu.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 S’il a disparu des radars ces derniers temps, c’est parce qu’il est hors du pays pour raison de santé. Le procureur général de la cour de cassation Armand Ouédraogo a, en effet, été évacué par avion médicalisé en Tunisie pour des soins. C’est en fin janvier 2019 qu’il avait été victime d’un malaise lors d’une séance de travail du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Transporté d’urgence à la clinique du Cœur, il y est resté quelques semaines le temps que son état se stabilise sans quoi il ne pouvait être évacué. Selon des sources bien introduites, les premiers responsables du CSM ont plaidé avec succès auprès des autorités de notre pays pour obtenir son évacuation dès que son état le permettait.

 

Aujourd’hui il y a de l’amélioration dans la santé de celui qui est également le procureur général de la Haute cour de justice, l’instance judiciaire chargée de juger le chef de l’Etat et les membres du gouvernement pour les fautes commises dans l’exercice de leurs fonctions. C’est ainsi que la Haute cour de justice est présentement dans l’attente de juger le dossier de l’insurrection populaire dans lequel sont poursuivis les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré.

 

Souhaitons-lui prompt rétablissement et qu’il regagne le Faso le plus rapidement possible.

 

- Nommé ambassadeur de France au Burkina Faso en octobre 2016, Xavier Lapeyre de Cabanes sera en fin de mission en juillet prochain, selon notre confrère « La Lettre du Continent ». Il sera remplacé par Luc Hallade, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone de l’océan Indien au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le successeur de Lapeyre de Cabanes a précédemment servi aux Comores de 2008 à 2011, puis en RDC de 2011 à 2015.

 

 

 

- Visés par une plainte pour « diffamation », Naïm Touré, Lahousseni Tahar et Aminata Rachow, des cyber-activistes bien connus des internautes, ont été entendus, sur instruction du parquet, par la police du commissariat de Nongremassom. Ils sont poursuivis par la députée Balkissa Ouédraogo, alors chargée de missions à la présidence du Faso, pour leurs publications sur de présumées missions officielles que cette dernière aurait effectuées en compagnie de sa fille.

 

 

 

- Aussitôt reprise, aussitôt suspendue. C’est le sort qui a été réservé à l’audience d’hier 18 avril 2019 dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Au vu du box des avocats, bondé de robes noires, l’assistance s’attendait certainement à l’entame des joutes oratoires des conseils des parties civiles tel qu’annoncé à l’audience du 10 avril dernier. Mais c’était compter sans l’intervention du tout premier avocat. Me Souleymane Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a tout de go sollicité le renvoi du dossier à l’audience du 23 avril prochain, car «matériellement, nous sommes dans l’incapacité d’assurer la défense des intérêts de nos clients. Nous ne sommes pas prêts et nous pensons que nos confrères de la défense sont de cet avis».

 

Il avait à peine fini son intervention que son collègue de la défense Me Mathieu Somé embouchait la même trompette, indiquant que lui et ses pairs souscrivaient à la demande des parties civiles. «Nous sommes d’avis avec ce renvoi afin de mieux préparer les éléments d’exposé et de permettre à certains de prendre part aux activités de la Semaine sainte». Le procureur militaire, tout en relevant que la question avait été déjà discutée et tranchée (pour une suspension de 7 jours au lieu de 14), s’en est tout de même remis à la sagesse de Seidou Ouédraogo et des autres membres de la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou.

 

Séance tenante, une brève concertation entre le président, le juge conseiller et les juges assesseurs militaires a permis d’accéder à la requête des avocats. En moins de six minutes donc, l’audience a été suspendue. Elle reprendra le mardi 23 avril 2019, au lendemain de la fête pascale.

 

 

 

- Un séminaire réunit aujourd’hui vendredi 19 avril 2019 le gouvernement et le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Initiée pour permettre aux ministres de mieux s’imprégner des mécanismes de réconciliation et de justice transitionnelle mis en place par le HCRUN, cette rencontre verra la participation de personnalités étrangères ayant conduit des commissions de réconciliation dans leurs pays respectifs : il s’agit en l’occurrence de dames venues l’une de la Tunisie et l’autre du Burundi.

 

 

 

- Lancée par l’Amicale des anciens élèves du cours normal Antoine Roche, aujourd’hui lycée Yamwaya de Ouahigouya, la campagne de collecte de fonds pour la réfection des anciens bâtiments de l’établissement se poursuit jusqu’au 30 juin. L’initiative se tient sous le patronage du président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, sous l’égide du roi du Yatenga, Naaba Kiiba, et le coparrainage du DG de la radio Salankoloto, Roger Nikièma, du directeur de publication de « L’Observateur Paalga », Edouard Ouédraogo, et du fondateur des « Editions le Pays », Boureima Jérémie Sigué.

 

Les contributions peuvent être versées aux comptes suivants : Mobicash : 61 40 04 04 ; Orange money : 55 68 56 59 ; Coris Bank : BF148-06022-036278224101-03.

 

Pour tous renseignements, appelez aux numéros suivants : 70 32 59 14 / 70 98 44 41 / 70 14 20 20.

 

 

 

- La situation sécuritaire est au centre des préoccupations des communautés religieuses, qui multiplient les initiatives pour la paix et la quiétude dans le pays. C'est dans ce sens que la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) a organisé un mois de jeûne et de prière du 12 mars au 14 avril 2019. Ainsi, chacune des 14 dénominations a observé deux jours de privation et d'intercession pour la Nation ainsi que les structures de jeunes et de femmes. Chaque province a organisé une veillée de prière dans ce sens,  sauf celles sous couvre-feu qui ont dû intercéder au cours de la journée. Cette action a  été couronnée par un culte qui a connu la participation des autorités  le dimanche 14 avril à l'église des AD de Gounghin.

 

 

 

- Méga mariage ce samedi 20 avril de Sidy Mohamed, fils de Lassiné Diawara, et d’Hamsatou Yacine, fille de Salif Yaméogo, promoteur hôtelier.

 

La cérémonie civile aura lieu à l’hôtel de Ville de Ouagadougou à partir de 11h et le lunch sera offert au pavillon Soleil Levant au SIAO à 13h.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

 

Dernière modification lelundi, 22 avril 2019 21:16

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