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Justice burkinabè : Les avocats raccrochent la robe pour quatre jours (1)

Réunis en assemblée générale extraordinaire hier 22 avril 2019 à Ouagadougou, les avocats du Burkina Faso ont décidé de la suspension de leur participation à toutes les audiences des cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire pour 96 heures à compter de ce mardi 23 avril 2019 ; ce qui veut dire que le procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 pourrait être affecté par ce mouvement d’humeur. Une marche est également programmée le 29 avril prochain pour le respect de la justice et des droits humains. Par ces différentes manifestations, les maîtres de la parole entendent protester contre la paralysie du système judiciaire. Ils soutiennent que, depuis octobre 2018, les activités juridictionnelles sont rares du fait d’incessantes grèves d’auxiliaires de justice, notamment les greffiers et les gardes de sécurité pénitentiaire (GSP). Ces deux catégories socioprofessionnelles revendiquent depuis longtemps de meilleures conditions de vie et de travail. La déclaration des avocats in extenso.

 

 

Les avocats du Burkina Faso se sont réunis en assemblée générale extraordinaire le lundi 22 avril 2019 à la maison de l’Avocat sur les graves dysfonctionnements de l’appareil judiciaire du Burkina Faso.

L’Assemblée générale a constaté que :

-depuis le mois d’octobre 2018, il y a une interruption d’un pan des activités juridictionnelles, notamment les audiences de flagrants délits, les audiences de citations directes, les audiences devant les juges d’instruction et ce, sur toute l’étendue du territoire ;

-le vendredi 19 avril 2019, s’est ajoutée une interruption de toutes les autres audiences, notamment civiles, commerciales, administratives, sociales, référé et exécution.  

L’assemblée générale dénonce cette situation qui engendre  une violation massive et inadmissible des droits humains, en l’occurrence le droit d’être jugé dans un délai raisonnable, le droit d’accès au juge, le droit au principe de la permanence et de la continuité du service public de la justice.

A cet égard, la responsabilité de ces violations incombe à l’Etat dont le rôle est de prévenir les dysfonctionnements et de les résoudre quand ils surviennent malgré tout.

En dépit du trop long temps observé depuis octobre 2018 et des interpellations, les autorités publiques ne montrent pas qu’elles prennent la mesure de la situation gravissime qui prévaut.

En conséquence, il est devenu urgent et indispensable de marquer un arrêt afin d’attirer leur attention et de susciter la résolution des obstacles au fonctionnement du système judiciaire tout entier.

L’assemblée générale a alors délibéré et décidé ce qui suit :

-la suspension de la participation des avocats du Burkina Faso à toutes les audiences des cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire pour 96 heures allant du mardi 23 avril au vendredi 26 avril 2019 ;

-la tenue d’une marche pour le respect de la justice et des droits humains le 29 avril 2019.

Par ailleurs, l’assemblée générale reste saisie de la situation pour envisager d’autres mesures et actions.

 

Fait à Ouagadougou, le 22 avril 2019

 

 Pour l’assemblée générale

Le Bâtonnier de l’Ordre

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