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Soudan : Un million de manifestants pour maintenir la pression

 

Etaient-ils vraiment un million dans les rues de Khartoum le jeudi 25 avril 2019 ? Ils ont en tout cas convergé de partout, venant de l’intérieur du pays pour manifester, comme ils le font depuis de longues semaines, devant le quartier de l’armée. Un véritable bivouac populaire qui a d’abord permis la destitution par l’armée d’Omar el-Béchir, le 11 avril dernier, et dont l’objectif est maintenant de maintenir la pression sur la junte pour qu’elle rende rapidement le pouvoir aux civils.

 

 

Le moins qu’on puisse dire est que les militaires soudanais sont dans leurs petits souliers, pour ne pas dire dans leurs petites bottes, acculés qu’ils sont par des insurgés qui n’entendent pas desserrer l’étau et qui sont parvenus, il est vrai, à brandir de précieux trophées depuis la chute du despote, en obtenant d’abord la tête du général Aouf qui n’aura tenu que 24 petites heures, obligé qu’il fut de lâcher un pouvoir qu’il venait de prendre des mains de celui qu’il avait pourtant servi avec zèle jusque-là. Trop proche donc politiquement de l’autocrate déchu pour incarner le renouveau dont les Soudanais ont tant besoin. Autres scalps de choix obtenu par les croquants, ceux de trois figures particulièrement contestées du conseil militaire, notamment le général Zineladine, le chef du comité politique de la junte, ainsi que du chef de la police.

 

Autant dire que le chef de l’Etat, qui gère cette transition houleuse, n’a d’autre choix que de multiplier les gestes de bonne volonté, en direction non seulement des manifestants, mais aussi de l’Union africaine qui a sommé les militaires de rendre le pouvoir d’ici trois mois sous peine de sanctions. Peut-il d’ailleurs encore tenir un trimestre à l’allure où vont les choses ? On peut véritablement en douter. La veille de la manifestation monstre de ce jeudi, une rencontre s’est d’ailleurs tenue à la présidence, à l’issue de laquelle les militaires ont annoncé un accord sur la «plupart des exigences» des leaders de l’insurrection.

 

En vérité, rien de concret pour le moment. Si ce n’est tout juste un accord pour poursuivre les pourparlers qui menaçaient de se rompre ces derniers jours. Même ténu, le fil du dialogue demeure, les deux parties étant tombées d’accord pour la mise en place d’un comité mixte formé des membres du conseil militaire et de la coalition civile et dont la mission sera de recenser les différents points de blocage et d’y trouver rapidement des solutions acceptables par tous, particulièrement par la rue. Ce n’est donc pas demain que le transfert du pouvoir aux civils sera effectif, mais au moins on est en train de baliser le terrain pour y parvenir dans des délais raisonnables.

 

En vérité on peut comprendre l’attitude des contestataires, qui ne veulent pas se laisser voler leur révolution, comme on le voit actuellement en Algérie où, après la démission d’Aziz Bouteflika, ce sont ses anciens fidèles, politiciens et militaires, qui gèrent toujours le pays alors qu’ils sont tout aussi comptables que le grabataire de la Zéralda des dérives du système qui ont conduit à la situation qu’on sait.

 

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification ledimanche, 28 avril 2019 17:47

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