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Assassinat d’un pasteur et de ses fidèles à Sirgadji : Satan est arrivé au temple en tricycle

On a donc encore franchi un nouveau cap dans l’horreur. Dimanche 28 avril 2019 à Sirgadji, localité située aux encablures de Tongomayel dans le Soum, alors que le culte venait de se terminer et que le pasteur Pierre Ouédraogo devisait avec ses brebis, des « individus armés non identifiés », pour reprendre l’expression désormais consacrée et qu’on ressasse au quotidien, ont fait irruption dans le temple et criblé les fidèles présents de  balles.

 

Sur le carreau : six personnes dont le ministre de l’office lui-même, son fils et son beau-fils. Une fois leur forfait accompli, les assaillants, venus à motos et en tricycles, sont repartis avec du matériel et des animaux domestiques.

Certes, depuis quatre ans maintenant que le Burkina fait face au terrorisme, des dignitaires religieux (pasteurs, imams, abbés) ont déjà été enlevés, mais c’est bien la première fois qu’une « maison de Dieu », comme on dit,  est directement visée.

Au début, faut-il le rappeler, c’étaient des attentats aveugles, comme ceux qui ont frappé le Cappuccino et l’hôtel Splendid le 15 janvier 2015 ou le café Aziz Istanbul le 13 août 2017. Puis vinrent la série des assassinats ciblés contre des responsables politico-administratifs locaux, notamment des conseillers municipaux, des chefs religieux et coutumiers ; les attaques quotidiennes contre les brigades de gendarmerie, des commissariats de police, des postes de douane et des Eaux et Forêts, des camps militaires, des écoles et leurs enseignants, et on en oublie sans doute.

Ce qui vient de se passer à Sirgadji rappelle dans une certaine mesure les méthodes de Boko Haram et de l’Etat islamique dont les membres, des hommes sans foi ni loi, prétendent combattre au nom de Dieu alors qu’ils s’en prennent à des églises, des temples et même des mosquées.

Avec ce drame, on a bien peur que les pasteurs prêchent maintenant dans le désert, au propre comme au figuré, car c’est désormais la peur au ventre que les frères et sœurs en Christ prendront le chemin du temple.

A l’évidence, les forces du Mal qui nous imposent leur sale guerre, et qui savent appuyer là où ça fait mal, veulent maintenant dresser les religions les unes contre les autres dans un pays où pourtant la coexistence pacifique entre les différentes confessions a toujours été le socle de la cohésion sociale.

On se serait d’ailleurs attendu à ce que, dès la commission du crime, les responsables des autres communautés réagissent officiellement pour témoigner leur compassion à ces croyants martyrisés et condamner sans ambages ces tueries aveugles et absurdes d’inspiration satanique.

Cette nouvelle donne dans la chevauchée macabre du terrorisme dans notre pays vient en tout cas se greffer aux violences intercommunautaires récurrentes ces derniers temps, notamment à Yirgou et à Arbinda, que les pêcheurs en eaux troubles ont sans doute provoquées par leurs actes, à moins qu’ils n’aient soufflé sur les braises.

Le plus inquiétant dans tout ça, c’est que les forces de défense et de sécurité semblent aux abonnés absents, comme l’a regretté le maire d’Arbinda, Boureima Werem, qui au cours d’une interview accordée à nos confrères de Radio Oméga affirmait : « Quand ils (Ndlr : les terroristes) partent avec les animaux, nous signalons leurs positions aux forces de sécurité mais aucune action ne semble être posée ».

On ne sait pas si le général Moïse Miningou et ses hommes préparent dans leur laboratoire une opération de la même ampleur qu’Otapuanu, qui a permis de restaurer un tant soit peu l’autorité de l’Etat dans les régions de l’Est et du Centre-Est, mais s’ils n’y prennent garde, à l’allure où vont les choses, le Soum, qu’on pensait sous contrôle, va finir en zone de non-droit, si ce n’est déjà le cas.

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemercredi, 01 mai 2019 19:28

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