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G5 Sahel: Willkommen (1) Tantie Angela

Dans le cadre du G5 Sahel, la chancelière allemande, Angela Merkel, est des nôtres pour deux jours (les 1er et 2 mai 2019). Après une rencontre bilatérale avec le président Roch Marc Christian Kaboré à Kosyam, a suivi, au même lieu, une réunion avec les chefs d’Etat des pays du G5 Sahel que sont le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso.

 

 

Les usagers de l’avenue Bassawarga auront constaté qu’en cette journée fériée du 1er mai 2019 (fête du travail), la voie était une fois de plus interdite à la circulation à plusieurs moments. Ceux qui ne sont pas dans le secret des dieux penseront tout de suite à la célébration du 1er-Mai. Et pourtant, ce n’était nullement le cas. Ouagadougou s’apprêtait à accueillir quatre chefs d’Etat et une chancelière, Angela Merkel, dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail.

C’est aux environs de 15 heures que l’avion gouvernemental allemand a éteint ses feux sur le tarmac de l’aéroport. Une quarantaine de minutes plus tard, Angela Merkel, illustre hôte du jour, est accueillie au perron de Kosyam avec tous les honneurs dus à son rang par le président du Faso. Ce cérémonial expédié, ils s’engouffrent dans la salle de réunions pour entamer le volet bilatéral de la visite. Les journalistes n’avaient d’autre choix que de faire le pied de grue au rez-de-chaussée du saint des saints.

Une heure trente minutes passées et les revoilà pour briefer sur le contenu des échanges. L’on apprendra avec plaisir que la patrie de Goethe a promis au Burkina 46 millions d’euros en guise de contribution à la prise en charge de la question sécuritaire et à l’amélioration de la résilience des populations touchées. Il a été également question d’une aide à l’équipement militaire à partir de 2021, un délai que Roch a promis de renégocier devant l’urgence de la situation. L’épineuse question de la Libye, devenue depuis la chute de Kadhafi une zone de trafic d’armes, de drogue et où règne la plus grande incertitude depuis l’avancée des troupe du maréchal Haftar sur Tripoli, a été également au menu des échanges. Droit dans les yeux, le président du Faso dira : « Nous demandons aux puissances européennes de trouver une solution à ce problème parce que c’est elles qui ont contribué à la créer». Quid de la contribution promise par l’Allemagne dans le cadre du G5 Sahel ? « L’Allemagne est en voie de régler sa part. Il y a seulement des préalables administratifs à respecter, a assuré Angela Merkel.

Après ces témoignages aux reporters du jour, Roch Marc Christian Kaboré et son hôte ont vite rejoint les quatre autres chefs d’Etat (Ibrahim Boubacar Kéita, Idrisss Déby, Mohamed Ould Abdel Aziz, Mamadou Issoufou) venus pour aider à concocter le plat de résistance de l’après-midi qu’est le G5 Sahel. Un sujet pris très au sérieux par la chancelière. La preuve, dans son avion, pas un seul homme ou femme venu parler affaires au Burkina. Ont été à l’ordre du jour, des échanges sur la lutte contre le terrorisme  au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, les engagements, surtout financiers, pris par les uns et les autres, l’impact de la crise libyenne sur la sécurité, etc. Les chefs d’Etat du G5 Sahel ont prié Angela Merkel d’user de son leadership pour un plaidoyer auprès de ses pairs d’Europe. En retour, elle a regretté que 15 à 20% du budget des pays du G5 Sahel soit utilisé pour lutter contre le terrorisme si bien que sont anéantis les efforts de développement. « Ce n’est pas normal », s’est-elle écriée avant de reconnaître qu’elle devra beaucoup se battre à son retour pour toucher les cœurs des membres de l’Union européenne.

 

Encadré 1

Bio expresse de la femme la plus puissante du monde

 

Née en 1954 à Hambourg (Allemagne de l’Est), Angela Dorothea Merkel est chancelière fédérale depuis le 22 novembre 2005. Membre de l’Union chrétienne démocrate (CDU) et réélue depuis lors, elle dirige l’exécutif, même si dans l’ordre protocolaire elle est la 3e personnalité de l’Etat derrière le président de l’Allemagne et le patron du Bundestag (Assemblée nationale). Originellement, elle est physicienne de formation (doctorat en physique), très douée dans les mathématiques quand elle était sur les bancs. Elle a été désignée à douze reprises femme la plus puissante du monde par le magazine Forbes, et le pays qu’elle dirige a engrangé des résultats économiques depuis qu’elle est aux affaires, même si sa politique d’ouverture des frontières lors de la crise migratoire lui a valu un score historiquement faible (32,9%) lors des élections fédérales de 2017, d’où cette crise de six mois qui en a résulté.

La journaliste Jacqueline Boyson, qui lui a consacré sa première biographie en 2001, dit d’elle : « Avoir vécu trente-cinq ans dans une dictature a rendu Merkel allergique à toutes formes de carcans, et d’abord les carcans idéologiques. Elle a vu par ailleurs qu’un système reposant sur une idéologie pouvait s’effondrer du jour au lendemain. D’où son très grand pragmatisme. Cela lui donne une très grande liberté pour aborder les problèmes, et c’est ce qui explique qu’elle soit capable de prendre des décisions qui surprennent tout le monde du jour au lendemain ». Remariée en 2008, la chancelière est sans enfant.

 

Encadré 2

 

Burkina Faso/Allemagne

Une histoire de vieux amis

 

La coopération entre le Burkina Faso et la République fédérale d'Allemagne (RFA) remonte aux années des indépendances. Le premier accord de coopération entre les deux pays date de 1961. Cet accord a été révisé en 1973. Un mécanisme de concertation périodique a été instauré en 1977 sous la forme de négociations intergouvernementales qui précèdent des réunions de consultations. Avec l'insurrection populaire d'octobre 2014, les négociations programmées pour novembre 2014 n'ont pu se tenir. Ce n'est qu'en juillet 2017 que les négociations intergouvernementales entre les deux pays reprennent. Au terme des travaux de cette session, la République fédérale d'Allemagne a mis à la disposition du Burkina Faso, pour les trois années suivantes, une enveloppe de 102,2 millions d'euros, soit environ 67 milliards de FCFA, destinée aux financements de projets dans des secteurs prioritaires de développement au Burkina Faso.

La coopération allemande promeut des connaissances et capacités techniques, économiques et organisationnelles, avec une considération particulière pour la participation de la société civile et l'amélioration de la situation sociale des femmes. Ainsi, elle permet aux institutions et aux populations d'atteindre leurs objectifs par leurs propres moyens à travers une utilisation efficiente et durable des ressources. Dans la plupart des cas, c'est la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ), une organisation étatique allemande, qui est chargée de la mise en œuvre des projets de la coopération technique. Les secteurs de concentration de l'aide allemande au Burkina Faso sont l'agriculture et la gestion des ressources naturelles, l'hydraulique urbaine et rurale, la décentralisation et le développement local et des thèmes transversaux comme le genre ou l'énergie.

Issa K. Barry

 

(1)               Bienvenue en allemand

 

Dernière modification lejeudi, 02 mai 2019 21:01

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