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Expo arts plastiques : (Auto) portraits et avatars de Wilfried de Paul

Humanima est une exposition de l’artiste peintre Wilfried de Paul Ouédraogo à l’espace alternatif Kuntraum de l’Institut Goethe de Ouagadougou. Ce travail interroge la notion de portrait et d’autoportraits à travers une démarche qui part de l’intime vers l’extime, du lien de sang vers la filiation librement choisie. En effet, le peintre part des figures marquantes de sa famille, ensuite viennent les figures qui l’ont marqué, puis les personnages auxquels il s’est identifié.

 

Ce qui frappe le visiteur de l’exposition de Wilfried de Paul Ouédraogo à l’espace d’expo alternatif du Kunstraum est que les portraits de ce dernier ne se ressemblent pas. Mais qui encore se soucie de ressemblance après que Picasso a donné un visage de masque fang à Gertrude Stein (1902) bien qu’elle soit passée poser pour le peintre une quarantaine de fois dans son atelier ?

D’ailleurs, le peintre ne pose pas sa toile sur un chevalet face au modèle. Il cherche dans les figures qu’il peint à capter le frémissement de l’âme, l’anima, cette flamme qui meut le corps et brille au fond du regard de chacun. Et aussi la bête qui dort en chaque humain. D’où le titre de l’exposition : Humanima.

L’art de Wilfried de Paul Ouédraogo est au carrefour de plusieurs civilisations picturales. Dans ses tracés géométriques superposés et ses couleurs chamarrées, on reconnaît l’inspiration puisée dans l’art des Tangkha indiens, l’influence des masques africains et même des mangas. On peut même y deviner l’art de la statuaire asiatique.

Humanima va de la famille du peintre à celle qu’il s’est choisie. Dans son entourage familial, l’artiste évoque les figures familiales qui l’ont marqué : il y a par exemple M’Ma zaané, figure de femme forte, et Sidonie, la sœur disparue très tôt qui rappelle par son côté un peu cubiste quelques portraits de femmes de Picasso.

Et puis viennent les figures de l’enfance qui gravitaient autour de la concession familiale. Comme Guienga Talato, La Folle du marché de Gounghin et le jeune Fou, M’Bida.  Et les personnages que l’on peut ranger dans les affinités sélectives de l’artiste. Baltazar, le Roi mage nègre dont il se dit l’alter égo, ainsi que le personnage de Chagal, le personnage mythique mi-homme mi-chacal dont le nom évoque le peintre Marc Chagall dont les toiles sont peuplées de personnages christiques et d’animaux dans un univers très onirique.

A côté de ces peintures, il y a des dessins dans un format A4. Le noir et blanc de ses dessins contraste avec la débauche de couleurs des tableaux.

Cette exposition révèle mieux  l’évolution du travail de Wilfried de Paul et l’approfondissement de la démarche habituelle qu’il a baptisée scarigraphisme. Toutes ses toiles rassemblées forment l’autoportrait de Wilfried de Paul et montrent les questionnements et les tourments qui le traversent et qui se retrouvent dans son travail : il s’agit de la mort, de la folie, de l’animalité dans l’humain,  de la famille imposée par la naissance et de celle que la vie nous offre. On sort de cette exposition en ayant l’impression d’avoir approché de plus près l’intimité de cet artiste burkinabè.

L’expo Humanima se tient à l’espace Kunstraum, derrière la trypano sur l’avenue de la Liberté jusqu’au 30 mai 2019. Les portraits de famille de Wilfried de Paul vous y attendent.

 

 Alcény  Saïdou Barry

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