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Déplacés de Yirgou : «Les blessures psychologiques sont toujours saignantes» (Rapport conjoint du HCRUN et du CNDH)

Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et la Commission nationale des droits humains (CNDH) ont animé une conférence de presse le lundi 6 mai 2019 à Ouagadougou. Objectif, présenter le rapport d’une mission conjointe menée à Yirgou et dans les villages d’accueil où les déplacés ne demandent qu’à regagner leurs domiciles en toute sécurité.

 

Alors que les Burkinabè échangeaient encore leurs vœux de nouvel an dans la matinée du 1er janvier 2019, le chef du village de Yirgou, son frère cadet, deux de ses fils ainsi que deux autres habitants étaient, eux, abattus par des individus armés.  Une situation qui, comme vous le savez, a conduit à des actions de représailles contre la communauté peule, endeuillant plusieurs familles et entraînant plusieurs déplacés. Comment vivent ces populations aujourd’hui ? A quels problèmes sont-elles confrontées ? Voilà, entre autres, les questions qui ont guidé la mission conjointe du HCRUN (Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale) et de la CNDH (Commission nationale des droits humains). Du 15 au 22 février 2019, ils ont séjourné parmi les protagonistes du drame et ont mené des enquêtes dans sept localités, à savoir Yirgou, Bangrin, Korko, Foubè, Biguélé, Barsalogho, et Kaya.

Selon les précisions de Léandre Bassolé, président du HCRUN, 150 personnes au total ont été interrogées. Il s’agit des victimes directes ou indirectes déplacées vers des camps ou villages d’accueil, les gestionnaires des camps d’accueil, les personnes ayant accueilli des victimes, les autorités administratives, religieuses, coutumières et les leaders locaux. Pour les membres de la mission, des actions urgentes sont à entreprendre pour panser les blessures physiques et psychologiques infligées aux victimes. En effet, selon le premier responsable de la CNDH, leurs équipes ont rencontré des personnes traumatisées qui montrent des signes de crise à la moindre question. « Par moments, nous avons eu besoin de recourir aux services d’un psychologue », a ajouté Kalifa Rodrigue Namoano. A l’en croire, il y a eu plusieurs types de violations des droits humains (atteinte à l’intégrité physique et morale). De ce que nous avons pu comprendre, la plupart des déplacés souhaitent que la localité soit sécurisée afin qu’ils puissent regagner leur domicile, surtout que certains finissent par constituer un poids pour ceux qui les ont accueillis.

A la fin de la mission, le HCRUN et la CNDH ont formulé des recommandations. Ainsi, ils demandent au gouvernement de diligenter des enquêtes judiciaires, de prévoir une assistance judiciaire au profit des victimes ainsi qu’un mécanisme de protection des témoins et des victimes, de consolider la cohésion sociale à travers la communication, d’améliorer l’aménagement des camps en prévision de la saison des pluies, de doter les camps de système d’adduction d’eau potable, d’étendre l’assistance humanitaire aux familles d’accueil, de faciliter le retour des déplacés dans leurs villages d’origine, etc. Pour leur part, ils se sont engagés à entreprendre des actions de sensibilisation des populations sur les droits humains, la réconciliation et la cohésion sociale.

 

Zalissa Soré

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