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Sylvestre Ilunga Ilukamba, nouveau PM RDC : Un dinosaure pour incarner le renouveau

Ça devait être exclusivement la journée de Moïse Katumbi après trois ans d’exil forcé : l’ancien gouverneur du Katanga est en effet rentré triomphalement hier dans son fief de Lubumbashi où l’attendait une immense foule en délire, tant et si bien que son cortège aurait mis pas moins de cinq heures de l’aéroport à sa résidence.

 

Si le fils chéri de la riche province a pu rentrer au bercail, c’est grâce au nouveau président, Félix Tshisekedi, qui lui aurait fait délivrer le précieux passeport que lui refusait depuis Joseph Kabila. Ce qui fait sans doute de lui l’obligé du nouveau locataire du palais de la Nation qui semble d’ailleurs avoir voulu minimiser l’impact médiatique que représentait l’arrivée du président du Tout-Puissant Mazembe, puisque finalement le retour de l’enfant prodigue a été, si non éclipsé, du moins sérieusement concurrencé par la nomination d’un nouveau Premier ministre.

Après la nomination d’un Premier ministre annoncée par le chef de l’Etat entre la poire et le fromage le 18 mai dernier au cours d’un déjeuner offert aux ambassades des pays de l’Union européenne et du Canada, l’identité du nouveau chef du gouvernement a été rendue publique hier lundi 20 mai. Il est vrai que le président avait promis de révéler le nom de l’oiseau rare au grand public cette semaine, mais les Congolais ne s’attendaient sûrement pas à ce que ce soit dès le premier jour. Une information chassant une autre, Sylvestre Ilunga Ilukamba, c’est le nom du nouveau Premier ministre, aura ainsi éclipsé quelque peu le métis de Lubumbashi.

C’est donc ce vieil homme de 74 ans, censé incarner le renouveau démocratique et la gouvernance en RDC, qui est le visage du compromis enfin trouvé entre l’ancien chef de l’Etat et son successeur quelque quatre mois après la prestation de serment de ce dernier. Preuve des discussions âpres entre le vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018 et petit Kabila dont la coalition, le Front commun pour le Congo (FCC), dispose d’une majorité écrasante dans les deux chambres du Parlement. C’est donc à Joseph Kabila que revenait le choix du Premier ministre même si les convenances républicaines commandaient que le locataire de la Primature soit « Tshisekedi compatible ».

Le fait que cet éminent représentant de la légion du Katanga, la province d’origine de Kabila, soit réputé conciliant a dû peser au finish en sa faveur, contrairement à d’autres comme Albert Yuma, le Président du conseil d’administration (PCA) de la Gécamines et préféré de Kabila mais dont « Fatshi » ne voulait pas entendre parler parce que l’homme d’affaires sent le souffre.

Celui qui vient d’être bombardé à la tête de l’équipe gouvernementale, dont la composition reste une autre paire de manches, n’est pas vraiment un novice en politique puisqu’il a occupé d’importantes fonctions ministérielles depuis l’époque de Mobutu : il fut notamment vice-ministre de l’Economie de 1981 à 1983, conseiller principal du Maréchal en matière économique et financière entre 1986 et 1987, et ministre successivement du Plan et des Finances.

L’expérience donc, il en a à revendre, même si le dernier poste qu’il a occupé constitue la tache noire de cette prestigieuse et longue carrière : DG de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) depuis mars 2014, il vient en effet de lâcher une locomotive qu’il a contribué à faire dérailler puisque les travailleurs y cumulent, tenez-vous bien, 227 mois d’arriérés de salaire. Et s’il doit conduire les affaires de toute la Nation avec la même… réussite, on tremble déjà pour la RDC qui avait pourtant besoin d’un remède de cheval après 18 années de « kabilisme » marquées par la mal gouvernance et la corruption.

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemardi, 21 mai 2019 21:14

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