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Burkina Faso : «Et si les syndicats mettaient un bémol à leurs revendications !»

 

«S’unir ou périr»,  tel était le titre initial de cette tribune d’Iterre Somé, un habitué de nos colonnes qui avait disparu des radars médiatiques depuis un certain temps.

 

S’il nous revient, c’est parce que la situation sécuritaire du pays est si grave que, pour lui, il importe que nous puissions mettre en sourdine nos divergences et nos différends contre-productifs ainsi que nos intérêts particuliers pour sauver l’essentiel : la patrie.

 

 

 

 

Depuis un certain 15 janvier 2016 de triste mémoire, date du tout premier attentat terroriste commis en terre burkinabè, contre le café restaurant Cappuccino et le Splendid Hotel en plein cœur de la capitale Ouagadougou, notre pays est aux prises avec un ennemi sans visage, sans foi, sans loi, lâche et imprévisible. Un ennemi qui tue avec une sauvagerie inouïe. Un ennemi qui assassine avec une barbarie digne d’un autre âge ; sans distinction de race, d’ethnie, de sexe ni de religion. Un ennemi qui, à ce jour, a endeuillé plusieurs dizaines de familles, faisant au passage des centaines de veuves et orphelins désemparés, à l’avenir incertain. Ce n’est ni pessimiste, ni défaitiste que de le dire : le Burkina Faso va mal et a mal sur le plan sécuritaire.

Par la faute de cet ennemi de notre nation et de notre union, le Burkina Faso sans cesse déplore la perte cruelle et brutale de trop nombreuses vies. Des victimes innocentes qui n’ont généralement péché que par la simple malchance de s’être trouvées à de mauvais moments en des endroits rendus maudits par la haine et la bêtise humaines.

Oui, le Pays des hommes intègres pleure et enterre, dans la désolation et avec une trop grande régularité, de braves et vaillants fils tombés les armes à la main, dans une lutte acharnée contre des forces occultes et obscurantistes, ennemies déclarées de notre patrie. C’est triste à dire, mais le Burkina Faso aujourd’hui est une nation profondément divisée par la politique. Une nation déchirée par la douleur.

Une nation qui, plus que jamais de son histoire, a nécessairement besoin de s’unir et de se réunir. Au risque patent et évident d’avoir à subir encore dans la durée et de sombrer sans doute davantage dans les affres immondes et innommables de cette adversité qui nous a été imposée et qui s’oppose à l’avenir et au  devenir de chacun et de l’ensemble d’entre nous.

 

 

 

Nous n’avons qu’une seule patrie

 

 

 

L’histoire de ce pays et de ce peuple est pourtant faite de grands combats. De nobles combats, comme ceux qu’ont su mener nos dignes ancêtres, contre le joug colonialiste de manière générale et pour obtenir la reconstitution du territoire de Haute-Volta en particulier le 4 septembre 1947. C’est cet héritage-là, précisément, qui se trouve désormais menacé, mis en péril par ces lugubres assaillants contre notre unité nationale, la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso.

C’est la raison de ce cri du cœur, en forme d’appel patriotique à toutes les composantes sociales de notre nation. Nul parmi les Burkinabè ne sortira vainqueur de cette frustrante et désolante situation, si nous venions à perdre tout ou partie du contrôle sur notre territoire et notre souveraineté nationale. Le combat nécessaire aujourd’hui, le seul qui vaille la peine d’être mené dans la situation actuelle que traverse notre pays, c’est de lutter  individuellement et collectivement, avec sincérité et abnégation, sans obédiences ni calculs, pour le retour impératif et urgent à une solidarité nationale consciente et agissante, face à cette crise inique et insidieuse qui menace ce que nous possédons de plus cher au monde : notre patrie et notre identité communes, sans lesquelles nous ne sommes absolument rien ! Ensemble, sachons donc combattre le bon combat. Donnons-nous la main, dans un élan d’engagement et de détermination contre la fatalité de la division et de la désunion. Ouvrons nos cœurs et tournons-nous les uns vers les autres, dans un élan de réconciliation et de fraternité, qui fera échec au plan machiavélique ourdi contre la légendaire convivialité et le sens du pardon qui ont toujours caractérisé le vivre ensemble burkinabè et nos rapports avec les autres peuples du monde.

 

 

 

Toute pluie a une fin

 

 

 

Si nous nous y engageons tous et que nous menons ensemble le bon combat, il n’y a pas de doute que le Burkina Faso sortira victorieux de cette guerre ; fût-elle asymétrique comme aiment à le dire les spécialistes de la matière. Aux grands maux, les grands remèdes. Face à la rude adversité du moment, l’intelligence commande : de mettre de côté nos différends, de quelque nature qu’ils puissent être ; de taire les querelles puériles et byzantines, qui minent nos rapports ; de bannir les calculs politiciens de bas étages, qui nous divisent, nous opposent, nous fragilisent et nous livrent finalement à un ennemi qui ne demande que ça et qui ne se gênera pas de nous enterrer tous ; d’exterminer nos valeurs et cultures s’il parvenait à prendre le dessus, par manque d’unité, de raison et de lucidité de notre part. Au-delà des condamnations unanimes aux lendemains des attentats et attaques terroristes les plus meurtrières, est-il si illusoire que la classe politique nationale puisse et sache mettre de côté ses divergences conjoncturelles pour se mettre ensemble au chevet de la nation en péril ?

Face aux menaces réelles et nombreuses qui s’accumulent et s’amoncellent contre le tissu social et la cohésion nationale, est-il exagéré de s’attendre à ce que les forces morales se départissent de toute neutralité, pour s’investir de manière plus active en faveur de la tolérance et de la préservation de la paix intra et inter communautaire dans notre pays ? Après s’être insurgés (pour la seconde fois de notre histoire après le soulèvement populaire du 03 janvier 1966) les 30 et 31 octobre 2014 contre certaines dérives de gouvernance, l’héritage mental et comportemental de l’insurrection des Burkinabè doit-il et peut-il se résumer à cette forme d’incivisme collectif impuni qui se traduit par une défiance permanente et systématique vis-à-vis de l’Autorité publique et de toute norme sociale ?

Enfin, au moment où nos Forces de défense et de sécurité (FDS) sont quotidiennement au front, pour tâcher de défendre et de préserver l’intégrité territoriale et que pour ce faire l’Etat de son côté serre la ceinture et coupe les cheveux financiers en quatre pour tâcher de trouver les moyens nécessaires et indispensables au combat engagé contre les forces du Mal, serait-il trop exiger des fonctionnaires, syndicats et autres protagonistes du front social, de mettre un bémol temporel afin de faire taire un peu les nombreuses (même si légitimes) revendications en vue d’une amélioration de ci ou de ça ?

 

 

 

Pas de vent favorable pour un navire qui ne sait où il va

 

 

 

En un mot comme en mille, le Burkina Faso se trouve à la croisée des chemins. Hier îlot vanté de stabilité dans une sous-région passablement tourmentée, faiseur de paix et réparateur de cohésion sociale chez les voisins, notre pays se trouve aujourd’hui en proie à une tempête, dont nul ne mesure et ne peut valablement prédire les limites des effets dévastateurs pressentis, si aucun sursaut ne ramène les Burkinabè à de meilleurs et plus grands sentiments patriotiques. C’est en tout cas le sens naïf de cet écrit. Dire aux compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur que nous sommes tous coupables et comptables de ce qu’il adviendra de notre cher pays, si nous nous bornons et nous obstinons à mettre nos petits orgueils et nos vieilles rancœurs au-dessus de la destinée de la nation et de l’avenir de nos propres enfants.

L’enjeu ici et le plus important est de sauver cette mère-patrie dont nous nous réclamons tous. Cette patrie, ce bayiri, ce Faso… dont nous sommes tous si fiers, en dépit d’une pauvreté relative et de son hostilité climatique. Que cela soit dit et entendu : nul ne viendra jamais d’ailleurs pour bâtir, encore moins pour défendre le Burkina Faso à notre place, à la place des fils et des filles de ce pays. Burkinabè de tous âges, de toutes races, de toutes ethnies, de toutes religions, la patrie compte sur nous et sa défense nous incombe. La lutte contre la menace terroriste est une cause patriotique nationale. Elle transcende toutes nos querelles et divergences. Elle commande que la nation s’unisse, se lève et se tienne debout derrière ses dirigeants et pour soutenir ses forces armées. Soyons clairvoyants. Sans les chapelles et les querelles malheureuses et regrettables qui minent aujourd’hui notre tissu national et persistent à le diviser et à le fragiliser, le peuple burkinabè a de tout temps été et demeure un peuple courageux, un peuple de héros. Tous unis et ensemble pour la patrie, nous vaincrons. Que Dieu bénisse, assiste et protège toujours le Burkina Faso.

 

 

 

Iterre Somé

 

Citoyen burkinabè

 

 

(1) Le titre est du journal  

Dernière modification lemercredi, 22 mai 2019 23:28

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