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Affaire forêt classée de Kua : Les chefs coutumiers divisés

Ce fut une journée marathon ce samedi 25 mai 2019 pour la délégation gouvernementale qui a successivement rencontré les chefs coutumiers, le conseil municipal et les agents des eaux et forêts. L’épineuse question du choix du site du futur hôpital de référence était à l’ordre du jour des échanges, qui n’ont toujours pas permis d’aboutir à un consensus. L’intransigeance des forestiers à ne céder le moindre millimètre carré de la forêt au projet, les récriminations de la commune contre le gouvernement, la division des chefs coutumiers bobo mandarè et enfin les nouvelles mesures gouvernementales relatives à la forêt constituent les point saillants à retenir des différentes rencontres.   

 

 

La polémique sur le projet de déclassement d’une portion de la forêt classée de Kua préoccupe au plus au niveau de l’Etat. C’est le moins que l’on puisse dire avec cette mission gouvernementale qui dit être venue à Bobo-Dioulasso sur instruction du président du Faso et du Premier ministre afin d’échanger avec les acteurs sur les divergences qui entourent le choix du site de construction du futur hôpital de référence. 

 

Conduite par le ministre de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, la délégation gouvernementale, composée du ministre de la Santé et de celui de l’Environnement, a eu  en effet une série de rencontres avec trois groupes d’acteurs ; d’abord les autorités religieuses et les chefs coutumiers de la ville de Bobo et des villages rattachés à la commune ; ensuite les maires, les présidents de commission et le conseil régional ; puis enfin, à la suite des élus locaux, les agents des eaux et forêts, qui ont beaucoup fait parler d’eux ces derniers temps dans le cadre de cette affaire.

 

«Ces différentes concertations nous ont appris beaucoup de choses sur le choix du site, mais également la nécessité de préserver l’environnement au niveau de cette ville de Bobo-Dioulasso», dira Siméon Sawadogo. Une chose est sûre, la tâche n’a pas été facile pour les émissaires du président du Faso et du Premier ministre, contraints qu’ils étaient de prendre plus de temps que prévu avec leurs interlocuteurs du jour. Au moins deux heures d’horloge, voire plus, avec chaque groupe avant d’aboutir à des résultats. Des échanges avec les élus locaux on retiendra surtout ces nombreux dysfonctionnements entre le gouvernement et le conseil municipal dans la gestion de cette affaire.

 

Et c’est surtout au niveau de la communication que des insuffisances ont été relevées. Chose qui n’aurait pas facilité la tâche au premier magistrat de la commune, le maire Boureima Fabéré Sanou, obligé qu’il était de se débattre comme il pouvait pour faire avancer le projet au profit de sa commune. Quant aux forestiers, ils ne sont pas passés par quatre chemins pour démontrer toute l’importance de cette forêt pour la commune et même le Burkina tout entier au regard de son potentiel hydrique, mais également la nécessité pour le gouvernement de respecter ses engagements nationaux et internationaux en matière de protection de l’environnement.

 

Cette rencontre a même permis aux agents forestiers d’apporter des éclairages à la délégation gouvernementale sur les préalables à respecter en matière de déclassement d’une forêt. Ils ont par ailleurs dénoncé les nombreuses zones d’ombre qui ont entouré cette affaire de la forêt de Kua et le mépris dont ils ont fait l’objet durant tout le processus. Enfin, avec les chefs bobo mandaré, les débats furent encore plus houleux mettant ainsi au grand jour cette division qui prévaut au sein des autorités coutumières de la localité. Trois tendances (pour trois sites distincts) sont apparues au cours de cette rencontre avec les membres du gouvernement : premièrement d’un, les représentants du chef du canton de Dioulassoba, qui  ont jeté leur dévolu sur le village de Borodougou situé à la périphérie est de la ville, où un site de 80 ha, on se rappelle, avait été retenu à l’issue d’une étude d’impact environnemental et social ; deuxièmement, les partisans du chef de Dagasso dont relève le maire de la commune, qui ne jurent que par la forêt classée de Kua ; le troisième groupe de chefs coutumiers qui préfère plutôt la zone Sonatur dans la périphérie nord de la ville.

 

Dans tous les cas, aucune décision finale n’a été prise à l’issue de ces différentes rencontres. Le ministre Siméon Sawadogo demande encore de la patience à l’ensemble des acteurs qui sont d’ailleurs invités à observer l’accalmie. Car, dit-il, «le gouvernement va commanditer une étude d’impact environnemental et social sur le site de Kua. Nous attendons les résultats de cette étude qui pourrait prendre deux à trois mois. C’est à l’issue de cette étude que nous allons nous prononcer». Mais en attendant, les forestiers ont repris possession de cette forêt. Ils ont été chargés par la délégation gouvernementale d’en assurer désormais la gestion et la sécurité. Avant de quitter Bobo-Dioulasso, les membres du gouvernement ont tenu à assurer à la population que, malgré cette polémique, le projet reste entièrement maintenu et sera réalisé à Bobo-Dioulasso et nulle part ailleurs.

 

Jonas Apollinaire Kaboré    

Dernière modification lelundi, 27 mai 2019 22:20

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