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Transition soudanaise : Un pas en avant, deux pas en arrière

« Premiers pas vers une transition consensuelle ? » C’est la question-titre de notre édito du mercredi 15 mai 2019 après la reprise des pourparlers au Soudan qui avait abouti à un préaccord sur le modus operandi de la Transition, laquelle devait durer en principe trois ans.

 

Cet arrangement, qui avait l’avantage de décrisper une situation particulièrement tendue, prévoyait la création d’un Conseil souverain, organe bipartite chargé de conduire le pays vers les élections, mais dont la composition exacte restait à déterminer.               

Mais il faut croire qu’au Soudan, on avance au rythme d’un pas en avant, deux pas en arrière, car si les contacts sont toujours maintenus, les fils du dialogue ont de nouveau été interrompus. Principal nœud gordien à trancher : la lancinante question de la composition du Conseil souverain, même si des propositions sont déjà sur la table : cinq civils, cinq militaires avec une direction alternée de 18 ou 6 mois et des votes à la majorité simple ou aux deux tiers en fonction des forces en présence.

On en est là plus d’un mois après la destitution d’Omar el-Bechir : la Transition soudanaise est plus que jamais au milieu du gué. Et les manifestants n’entendent pas desserrer l’étau autour du Conseil militaire de transition.

Après le siège quasi permanent du QG de l’armée, c’est une grève politique d’avertissement de 48 heures qui a été décrétée aujourd’hui et demain mercredi pour obliger la junte à accéder aux exigences de l’Association des professionnels soudanais (APS), le fer de lance de la contestation.

Cette grande mobilisation que prévoient les organisateurs, qui ont battu par tous les moyens le rappel des troupes, parviendra-t-elle a emporté la soldatesque qui a indûment cueilli le fruit mûri pendant de longues semaines par les insurgés ? Il faut en tout cas espérer qu’elle débouche à tout le moins sur une reprise des pourparlers. L’obstacle supplémentaire dans cette affaire est qu’une partie de l’avenir des Soudanais se joue à l’extérieur, et les militaires ne semblent pas totalement libres de leurs manœuvres. A preuve, le front diplomatique, qu’ils ont également ouvert avec la visite effectuée par le général Abdel Fattah Burhan, le chef des putschistes, en Egypte et aux Emirats arabes unis, pendant que son numéro 2, le général Hemeti, était en Arabie saoudite. Des pays intéressés par ce qui se passe du côté de Khartoum pour des raisons à la fois politiques, géostratégiques et même, pour ne pas dire surtout, religieuses. Ce qui complique davantage une situation qui n’était déjà pas simple. Malgré leur soutien extérieur, les militaires auraient pourtant tort de sous-estimer la colère du peuple qui continue de gronder, car s’il a fini par avoir raison d’un pouvoir autocratique qui s’était sédimenté une trentaine d’années durant, ce ne sont pas ses rejetons qui feront le poids.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 28 mai 2019 21:38

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