Violences intercommunautaires au Mali : Sobane-Kou, le nouveau nom de l’horreur
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Sobane-Kou, encore appelé Sobame Da, dans le cercle de Bandiagara comptait environ 300 habitants. Depuis dimanche, il n’en reste guère théoriquement que la moitié. Une population réduite de moitié en une nuit dans ce village dogon après le passage de hordes sauvages qui ont laissé derrières elles un paysage de désolation : des maisons incendiées, parfois avec leurs occupants, des dizaines de corps carbonisés, des animaux abattus, tels est en effet le spectacle effroyable qu’offrait la localité martyre.
Une sorte d’Oradour-sur-glane du Sahel (si on peut oser la comparaison) du nom de ce village de Haute-Vienne en France où le 10 juin 1944 l’armée du Reich, en particulier la 2e division SS Das Reich, en déroute après le débarquement de Normandie, s’est méticuleusement attelée à massacrer plus de 600 habitants sur les mille âmes que comptait la bourgade. Ici comme là, le dénominateur commun de ces barbaries sanglantes, c’est la haine viscérale qu’on voue à l’autre. Si non comment comprendre un tel acharnement ? A Sobane-Kou, c’est pour le moment un drame sans père puisque personne n’a encore revendiqué les tueries.
Mais ce n’est hélas pas la première fois que le Mali, particulièrement le centre du pays, est le théâtre de telles atrocités sans noms. La région de Mopti étant devenue une vaste scène où, depuis de nombreuses années, Dogons, Peuls, Bambaras s’entretuent avec comme lame de fond l’hydre terroriste qui enserre le Mali et d’autres pays de la bande sahélo-saharienne tels le Niger et le Burkina ; sans que les autorités maliennes parviennent à enrayer véritablement cette spirale de la violence malgré les nombreux accords et autres pactes de paix.
Déjà après les massacres de Koulogon le 1er janvier 2019 (29 morts) et d’Ogossagou le 23 mars qui a fait selon certaines estimations plus de 130 victimes peules, le Premier ministre malien répétait à qui voulait l’entendre qu’il démantèlerait les milices d’autodéfense et que l’Etat entamerait un vaste programme de désarmement. Depuis, Soumeylou Boubèye Maïga a été renvoyé à ses chères études sécuritaires, et il faut craindre que Cissé, son successeur, flotte lui aussi dans son Boubou premier ministériel.
Qui donc amènera un jour ces différentes communautés à fumer enfin le calumet de la paix dans ce contexte où djihadisme et violences intercommunautaires se nourrissent l’un de l’autre ?
Hugues Richard Sama
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