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Protection forêt de Kua : «Je milite pour la protection de l’environnement» (Martin Coulibaly, 1er adjoint au maire de Bobo)

Il a été entendu lundi 10 juin 2019 par le conseil municipal pour sa prise de position qui tranche avec celle des conseillers municipaux quant au choix du site de Kua pour la construction du futur hôpital de référence de Bobo. Martin Coulibaly, 1er adjoint au maire de la commune de Bobo et membre du bureau politique national du MPP, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dit être libre de son opinion qui traduit, selon lui, l’expression démocratique au niveau local. Dans cette interview qu’il nous a accordée hier à son bureau, le premier adjoint au maire de la commune de Bobo donne sa lecture de la situation politique aussi bien au plan local que national et souhaite vivement l’union sacrée des Burkinabè dans cette lutte contre le terrorisme et le développement du pays. 

 

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Martin Coulibaly, technicien supérieur en génie civil, plus précisément métreur. Je suis dans le BTP et principalement dans le domaine des réalisations industrielles. Je totalise 12 années d’expérience et parallèlement à mes obligations professionnelles, je suis le premier adjoint au maire de la commune de Bobo. Je suis un élu de l’arrondissement 5, secteur 5, et membre du bureau politique national du MPP et ce depuis 2014 à la création du parti. Nous faisons partie de ces principaux acteurs qui ont grandement contribué à l’éveil des consciences de la jeunesse burkinabè à un moment donné, surtout au niveau local dans la région des Hauts-Bassins.

Vous occupez une importante fonction professionnelle. Comment arrivez-vous à concilier vos obligations de technicien supérieur et vos activités politiques ?

D’abord il faut noter que la politique n’est pas une profession. La politique pour moi est une vision, c'est-à-dire des ambitions idéologiques d’un parti dans lequel vous avez adhéré et dont vous contribuez à l’atteinte des objectifs. Mais cela ne doit aucunement reléguer au second plan ou même dans les oubliettes nos qualités professionnelles, quelle que soit notre position sur l’échiquier politique. Et vous conviendrez avec moi que la manière de faire la politique a vraiment changé avec les récents événements qu’a connus le Burkina dans ce domaine. Aujourd’hui il y a de plus en plus de jeunes qui sont en train de monter au créneau pour défendre leurs convictions politiques, leurs idéologies. Une nouvelle génération commence à émerger, à faire changer la donne, à faire des propositions concrètes sur la base des connaissances intellectuelles pour un changement qualitatif de la société. Parmi eux, des responsables qui occupent de hautes fonctions dans l’administration  publique ou même dans le privé et qui restent profondément attachés à leur profession. Je dirai simplement qu’il y a un éveil des consciences chez les jeunes burkinabè. Une jeunesse déterminée à prendre ses responsabilités dans tous les aspects de la vie sociopolitique de notre pays.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, cet éveil de conscience chez les  jeunes burkinabè ?

C’est une suite logique des récents événements qui ont marqué l’histoire politique de notre pays. La génération montante est celle qui a eu à cultiver le civisme et le patriotisme sous la Révolution alors qu’ils étaient à l’époque des adolescents ou même des élèves du primaire. Les gens pensaient qu’avec la mort de Thomas Sankara, toutes ces valeurs avaient disparu. Et voilà qu’aujourd’hui, les jeunes sont de plus en plus présents sur l’échiquier avec des idées novatrices inspirées de l’idéologie révolutionnaire. A cela s’ajoute aussi cette passion pour la culture générale. Les jeunes aiment beaucoup lire et ont surtout l’avantage de profiter aujourd’hui des multiples possibilités que leur offrent les technologies de la communication. Il faut dire que le monde est en pleine mutation et cela se ressent à tous les niveaux grâce à une jeunesse plus dynamique et de plus en plus responsable.

Ce changement dont vous parlez, est-ce que cela se ressent au niveau de la jeunesse bobolaise ?  

Je pense que les choses se sont beaucoup améliorées à Bobo-Dioulasso depuis un certain temps. Et moi, je ne regrette pas cette insurrection de 2014. Parce qu’elle a surtout permis d’ouvrir la voie à ces jeunes qui sont de plus en plus présents dans toutes les sphères de la vie politique nationale : dans le gouvernement comme à l’Assemblée nationale et aussi dans les instances dirigeantes des partis politiques de la majorité comme de l’opposition. Ici à Bobo, il y a des gens qui n’imaginaient pas un jour adhérer à un parti ou même exprimer publiquement leur point de vue sur des questions d’intérêt national. Cela est possible aujourd’hui grâce à cette insurrection. Dans les Hauts-Bassins, la jeunesse a bien compris maintenant que tout reste possible et qu’il suffit d’y croire. Ce qui est intéressant, c’est que de plus en plus, les jeunes dans les Hauts-Bassins sont en confiance et commencent véritablement à s’impliquer dans la vie de leur région.  Des jeunes qui sont en train de rompre avec ces pratiques anciennes qui consistaient à rester entre quatre murs pour inventer le développement. Aujourd’hui la politique, c’est le terrain et cela a été bien compris par les jeunes de tout bord politique dans la région. Personnellement, j’ai été l’un des acteurs du comité antiréférendum jusqu’à l’insurrection en passant par le CFOP. En tant que jeune, je me réjouis aujourd’hui de constater que la lutte a abouti parce qu’un peu partout, les jeunes occupent d’importants postes de responsabilité au plan politique, notamment dans les mairies.

Le choix du site pour la construction de l’hôpital de référence a profondément divisé les Bobolais, notamment la frange jeune. Comment vous avez vécu cette situation ?

La question est la bienvenue, même si elle n’est plus d’actualité avec le récent séjour de la délégation gouvernementale conduite par le ministre Siméon Sawadogo. Nous avons l’obligation de nous en tenir désormais aux résultats de l’étude d’impact environnemental commanditée par le gouvernement.  Mais ce que je peux dire, c’est que nous sommes en démocratie et en pareille circonstance chacun y va de sa conviction. Il y a plein de choses que nous ne savions pas de ce projet de déclassement de la forêt, notamment sur le plan technique. La rencontre avec le ministre a permis de lever un coin du voile sur des aspects très sensibles. Cela nous a permis de comprendre beaucoup de choses, notamment sur l’impact d’une forêt mais aussi sur le processus de déclassement. Dans tous les cas, nous avons reçu l’assurance du ministre Siméon Sawadogo que cet hôpital sera bel et bien construit à Bobo en dépit de cette polémique sur le choix du site. Et c’est le plus important. Je fais partie, en tant que membre du bureau politique national du MPP depuis 2014, de ceux qui ont contribué à l’élaboration du programme politique du président Roch Marc Christian Kaboré et le volet environnement y figure en bonne place. Il y a des gens qui ont pris le train en marche et veulent aujourd’hui s’ériger en donneur de leçons dans cette affaire.

Il semble que vous avez été entendu par le conseil municipal sur votre position sur le choix du site ?

J’ai fait mon analyse et j’ai donné ma position. Le fait que je ne sois pas du même avis que les autres ne saurait être vu comme un crime. Il est permis à tout Burkinabè de donner son point de vue en pareille circonstance. Au lieu de regarder la lune on voit plutôt des gens continuer à regarder le doigt qui la leur montre. Et c’est dommage. Dire que j’ai été entendu par le conseil municipal, c’est un peu exagéré. Je suis effectivement l’auteur de la publication sur ma page Facebook et je milite pour la préservation de l’environnement. Je l’ai répété au conseil et ma position n’a pas changé d’un iota. Il faut préserver l’environnement, c’est ma conviction. Nous avons échangé en toute responsabilité entre conseillers et j’ai été clair dans mes propos.

Est-ce qu’il faut penser qu’il y a crise au conseil municipal de Bobo ?

Pas du tout. Bien au contraire, il est normal qu’il y ait des contradictions et cela est propre à une vraie démocratie. Je dirai plutôt que le conseil municipal va très bien et aujourd’hui je me réjouis de constater que le  niveau des débats en son sein  est très élevé. Cela traduit l’implication des conseillers municipaux dans la vie de la commune. Moi, j’ai fait ma propre analyse concernant une situation bien donnée et mon point de vue n’engage que moi. Il n’y a pas de crise au conseil municipal de Bobo ; seulement des divergences de point de vue sur le choix du site de l’hôpital.

Quelle est la santé actuelle du MPP/Houet ?

Nous sommes actuellement le parti le mieux structuré et le mieux implanté dans la province ou même dans la région. C’est vous dire que le parti se porte bien et même très bien. J’aurais souhaité voir une personne extérieure répondre à cette question. Mais ce que je peux vous dire déjà, c’est qu’après six ans nous avons accumulé des acquis inestimables, notamment dans notre région, et cela nous permet d’entrevoir l’avenir avec plus d’espoir.  Et moi, je campe sur ma position, à savoir défendre le programme du président du Faso qui a une vision pour les Hauts-Bassins. Je pense que nous n’avons pas d’autre choix que de nous organiser pour soutenir les efforts qui sont faits pour le développement de notre localité. Et c’est le lieu de féliciter les plus hautes autorités du pays qui, malgré le contexte sécuritaire difficile, s’échinent toujours à apporter des réponses aux nombreuses préoccupations des Burkinabè. A mon avis, les Burkinabè doivent aujourd’hui se départir de certaines considérations et faire l’union sacrée autour de Roch Marc Christian Kaboré dans cette lutte contre le terrorisme.                                              

Propos recueillis par

Jonas Apollinaire Kaboré

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